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Comment les Français et les Anglais ont-ils façonné le Canada : émergence et chute de la Nouvelle-France

La fleur de lys et la rose Tudor, la salamandre et le lion : ces symboles des régimes anglais et français sont omniprésents dans l’édifice du Centre, sur la Colline du Parlement. Au Salon de la Francophonie, les portraits des monarques français qui ont gouverné la Nouvelle-France du XVIe au XVIIIe siècle y ornent les murs. Les portraits des monarques britanniques qui leur ont succédé ornent quant à eux les murs du foyer du Sénat.

Ces œuvres témoignent de l’histoire colorée mais parfois mouvementée de la cohabitation, au Canada, des Anglais et des Français.

Un portrait de bronze du roi Henri IV orne les murs du Salon de la Francophonie. Le roi Henri IV a rebâti l’économie française, affaiblie par 36 années de guerres civiles religieuses, et a personnellement financé plusieurs expéditions de l’explorateur Samuel de Champlain.

Samuel de Champlain a exploré la côte Est du Canada, les Grands Lacs ainsi que le fleuve Saint-Laurent et ses affluents de 1603 jusqu’à sa mort, en 1635. Il a établi les premières colonies permanentes au Canada et instauré le commerce des fourrures entre la France et les trappeurs autochtones.

Sur une arche du foyer du Sénat, une fleur de lys.

Sur une arche, une rose Tudor.

Le drapeau de l’Angleterre fut planté en 1497 sur le territoire de l’actuelle province de Terre‑Neuve‑et‑Labrador par John Cabot – un navigateur italien dont les expéditions étaient financées par le roi Henri VII – lors du deuxième de trois voyages. Le profil de Cabot est sculpté dans une frise de pierre, sous le plafond en vitrail du foyer du Sénat. En face de lui apparaît l’explorateur français Jacques Cartier; ce sont les Français qui, ultimement, implantèrent les premières colonies permanentes sur le nouveau territoire.

Jacques Cartier explora le fleuve Saint-Laurent jusqu’aux rapides de Lachine, où Montréal se trouve aujourd’hui. Il rapporta au roi François 1er, qui finançait ses expéditions, que ce vaste territoire regorgeait de poissons et d’animaux sauvages, et que les habitants autochtones ne demandaient pas mieux que de s’ouvrir au commerce.  

C’est le roi Henri IV, dont le portrait est aux côtés celui de François 1er dans le Salon de la Francophonie, qui saisit cette opportunité commerciale. Il chargea Samuel de Champlain, le « père de la Nouvelle-France », d’établir les bases commerciales nécessaires dans le Nouveau Monde. Champlain, dont le buste de bronze se trouve tout près, mena des dizaines d’expéditions dans les années 1600 et implanta des colonies à Port-Royal, dans la baie de Fundy, ainsi qu’à Québec.

Le roi Louis XIV fit du peuplement du territoire une priorité et, dans les années 1700, il sembla que la Nouvelle-France prenait son envol. En 1756, une alliance délicate avec l’Autriche, la Russie et l’Espagne plongea toutefois la France dans la guerre de Sept Ans. Appelé en Amérique du Nord la « guerre française et indienne », ce vaste conflit ne profita finalement qu’à la Grande‑Bretagne, au détriment de toutes les autres parties impliquées.

La France, entièrement occupée par la guerre en Europe, déploya les rares ressources dont elle disposait encore pour défendre ses colonies éparpillées. Celles‑ci durent affronter les forces navales britanniques de plus en plus puissantes qui les attaquaient sur tous les fronts. La forteresse de Louisbourg, sur l’île du Cap‑Breton, passa aux mains des Britanniques en 1758, suivie de Québec en 1759 et de Montréal l’année suivante.

Compte tenu du vent de révolution qui soufflait au sud, les Britanniques firent attention de ne pas donner de raisons aux 80 000 habitants francophones du territoire de donner leur support aux américains rebelles. Les Britanniques voulurent aussi éviter la répétition du désastre humanitaire qu’ils avaient provoqué, une dizaine d’années plus tôt, lorsqu’ils déportèrent les colons acadiens des Maritimes.

Par la conclusion de l’Acte de Québec de 1774, les Britanniques mirent sur papier les conditions de la cohabitation entre les deux cultures présentes et donnèrent aux habitants francophones et catholiques la garantie de leur liberté économique et religieuse.

La capacité des Français et des Anglais de cohabiter et de travailler ensemble à une réforme gouvernementale finit par donner naissance à la démocratie parlementaire du Canada, un modèle admiré, qui permet d’établir un équilibre entre la représentation populaire de la Chambre des communes, dont les membres sont élus, et la représentation des régions et des minorités au sein du Sénat, dont les membres sont nommés.


Cet article est le premier de deux textes sur les Anglais et les Français au Canada. Pour explorer l’art et l’architecture au Sénat et découvrir l’histoire des régimes français et anglais par les sculptures et les tableaux qu’on y trouve, faites la visite virtuelle du Sénat.

 

Sur la plaque d’une cheminée en fonte au Salon de la Francophonie, une salamandre décore l’emblème du roi François 1er.

Les armoiries de la France moderne, adoptées par le roi Charles V en 1376, ornent un écoinçon qui soutient deux colonnes de la Chambre du Sénat, côté sud.

Sur l’écoinçon adjacent, on trouve l’écu et le cimier des armoiries royales du Royaume-Uni.

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