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Il est temps de mettre fin à la rémunération des donneurs de plasma : Sénatrice Wallin

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Après le scandale du sang contaminé au début des années 1980, 2 000 Canadiens ont été infectés par le VIH et plus de 30 000 ont contracté le virus de l’hépatite C lors d’une transfusion de sang contaminé.

Malheureusement, environ 8 000 personnes qui ont reçu du sang contaminé en mourront.

Une enquête fédérale a révélé que cette crise sanitaire, l’une des plus graves de l’histoire du pays, s’expliquait en partie par des protocoles de sécurité négligents.

Après son enquête sur ce scandale funeste, le juge Horace Krever a déclaré que le système d’approvisionnement en sang au Canada devait rester bénévole et public. Il a recommandé que le don de sang ne soit rémunéré que dans des circonstances exceptionnelles et ne cite qu’une seule exception, celle d’une clinique de don de sang à Winnipeg.

Alors, pourquoi des cliniques privées de dons de plasma en Saskatchewan et au Nouveau‑Brunswick recueillent‑elles ce matériel vital auprès des Canadiens en échange d’une carte VISA rechargeable?

Afin de renforcer la politique de dons de sang au Canada, j’ai présenté le projet de loi S‑252, Loi sur les dons de sang volontaires, qui propose d’interdire la rémunération pour des « dons de sang » et réclame un moratoire sur l’octroi de permis d’exploitation aux cliniques de collecte de plasma contre rémunération, preuve que cette approche mine notre longue histoire de volontariat dans ce domaine.

Comme le juge Krever l’a écrit dans son rapport de 1 285 pages, « les personnes qui font des dons de sang et de plasma contre rémunération peuvent avoir intérêt à le faire même si elles savent qu’elles ne le devraient pas ».

Malgré le scandale du sang contaminé, la rémunération des dons de plasma n’est pas illégale. En fait, au-delà de celles qui sont déjà en service, quelque 18 cliniques privées de collecte de plasma contre rémunération attendent l’approbation par Santé Canada de leur demande de permis. Les établissements en activité exportent actuellement le plasma qu’elles recueillent, et ne participent donc pas à l’approvisionnement en sang de notre pays.

Cela va à l’encontre de toutes les recommandations fondamentales de l’enquête du juge Krever.

À l’époque où j’étais journaliste, j’ai interviewé des victimes de transfusion de sang contaminé et leur famille, et je peux vous dire qu’elles étaient effondrées. J’en suis venue à les considérer comme des amis.

Je ne suis pas la seule à faire valoir cet argument. La Société canadienne du sang, qui a été créée après la publication du rapport Krever pour prendre en charge la gestion de notre système du sang, a demandé à maintes reprises au gouvernement de cesser de délivrer ces permis. Santé Canada continue d’ignorer leurs avertissements.

La sécurité de notre approvisionnement intérieur est également en jeu. Un « donneur » rémunéré est un donneur bénévole de moins dans notre système public d’approvisionnement en sang. Le sang des bénévoles canadiens doit être pour leurs concitoyens.

Aujourd’hui, on peut faire des tests de dépistage du VIH et de l’hépatite C, mais on ne peut pas faire des tests de dépistage de ce qui est inconnu. Un nouveau virus pourrait avoir de nombreuses répercussions sur l’approvisionnement en sang. Il faut donc veiller à ce que la Régie nationale du sang en soit la gardienne pour assurer la transparence et la reddition de comptes aux Canadiens.

Le système de collecte de sang au Canada doit continuer à être guidé par cet instinct humain qu’est l’entraide, et non par le gain personnel ou le profit d’une entreprise. Nous devons encourager l’altruisme.

Cet esprit est bel et bien vivant au Canada. En avril, après le tragique accident routier des Broncos de Humboldt, en Saskatchewan, et après l’horrible attaque au camion‑bélier à Toronto, les Canadiens, dans un élan de grande générosité, ont retroussé leurs manches pour donner du sang à ceux qui en avaient besoin.

Il est décourageant d’apprendre que des publicités pour ces cliniques de prélèvement de plasma contre rémunération sont affichées au‑dessus des urinoirs dans les universités ou dans des régions où la santé des « donneurs » risque d’être compromise.

Les donneurs canadiens ne sont pas censés constituer une source de revenus pour des entreprises privées à la recherche de profits.

L’Ontario, le Québec, l’Alberta et, récemment, la Colombie‑Britannique (en anglais seulement) ont fait preuve de leadership en interdisant l’exploitation des établissements de collecte de plasma à but lucratif afin de garantir l’approvisionnement et d’éviter l’effritement de la base des donneurs de sang.

En tant que pays, nous devons tirer les leçons des erreurs du passé. Si nous ne le faisons pas, nous sommes condamnés à les répéter.

La sénatrice Pamela Wallin est une ancienne journaliste dont les travaux ont contribué à dénoncer les ravages causés par le scandale du sang contaminé. Elle siège au Sénat en tant que représentante de la Saskatchewan.

Cet article a été publié le 11 juin 2018 dans le journal Regina Leader Post (en anglais seulement).

Après le scandale du sang contaminé au début des années 1980, 2 000 Canadiens ont été infectés par le VIH et plus de 30 000 ont contracté le virus de l’hépatite C lors d’une transfusion de sang contaminé.

Malheureusement, environ 8 000 personnes qui ont reçu du sang contaminé en mourront.

Une enquête fédérale a révélé que cette crise sanitaire, l’une des plus graves de l’histoire du pays, s’expliquait en partie par des protocoles de sécurité négligents.

Après son enquête sur ce scandale funeste, le juge Horace Krever a déclaré que le système d’approvisionnement en sang au Canada devait rester bénévole et public. Il a recommandé que le don de sang ne soit rémunéré que dans des circonstances exceptionnelles et ne cite qu’une seule exception, celle d’une clinique de don de sang à Winnipeg.

Alors, pourquoi des cliniques privées de dons de plasma en Saskatchewan et au Nouveau‑Brunswick recueillent‑elles ce matériel vital auprès des Canadiens en échange d’une carte VISA rechargeable?

Afin de renforcer la politique de dons de sang au Canada, j’ai présenté le projet de loi S‑252, Loi sur les dons de sang volontaires, qui propose d’interdire la rémunération pour des « dons de sang » et réclame un moratoire sur l’octroi de permis d’exploitation aux cliniques de collecte de plasma contre rémunération, preuve que cette approche mine notre longue histoire de volontariat dans ce domaine.

Comme le juge Krever l’a écrit dans son rapport de 1 285 pages, « les personnes qui font des dons de sang et de plasma contre rémunération peuvent avoir intérêt à le faire même si elles savent qu’elles ne le devraient pas ».

Malgré le scandale du sang contaminé, la rémunération des dons de plasma n’est pas illégale. En fait, au-delà de celles qui sont déjà en service, quelque 18 cliniques privées de collecte de plasma contre rémunération attendent l’approbation par Santé Canada de leur demande de permis. Les établissements en activité exportent actuellement le plasma qu’elles recueillent, et ne participent donc pas à l’approvisionnement en sang de notre pays.

Cela va à l’encontre de toutes les recommandations fondamentales de l’enquête du juge Krever.

À l’époque où j’étais journaliste, j’ai interviewé des victimes de transfusion de sang contaminé et leur famille, et je peux vous dire qu’elles étaient effondrées. J’en suis venue à les considérer comme des amis.

Je ne suis pas la seule à faire valoir cet argument. La Société canadienne du sang, qui a été créée après la publication du rapport Krever pour prendre en charge la gestion de notre système du sang, a demandé à maintes reprises au gouvernement de cesser de délivrer ces permis. Santé Canada continue d’ignorer leurs avertissements.

La sécurité de notre approvisionnement intérieur est également en jeu. Un « donneur » rémunéré est un donneur bénévole de moins dans notre système public d’approvisionnement en sang. Le sang des bénévoles canadiens doit être pour leurs concitoyens.

Aujourd’hui, on peut faire des tests de dépistage du VIH et de l’hépatite C, mais on ne peut pas faire des tests de dépistage de ce qui est inconnu. Un nouveau virus pourrait avoir de nombreuses répercussions sur l’approvisionnement en sang. Il faut donc veiller à ce que la Régie nationale du sang en soit la gardienne pour assurer la transparence et la reddition de comptes aux Canadiens.

Le système de collecte de sang au Canada doit continuer à être guidé par cet instinct humain qu’est l’entraide, et non par le gain personnel ou le profit d’une entreprise. Nous devons encourager l’altruisme.

Cet esprit est bel et bien vivant au Canada. En avril, après le tragique accident routier des Broncos de Humboldt, en Saskatchewan, et après l’horrible attaque au camion‑bélier à Toronto, les Canadiens, dans un élan de grande générosité, ont retroussé leurs manches pour donner du sang à ceux qui en avaient besoin.

Il est décourageant d’apprendre que des publicités pour ces cliniques de prélèvement de plasma contre rémunération sont affichées au‑dessus des urinoirs dans les universités ou dans des régions où la santé des « donneurs » risque d’être compromise.

Les donneurs canadiens ne sont pas censés constituer une source de revenus pour des entreprises privées à la recherche de profits.

L’Ontario, le Québec, l’Alberta et, récemment, la Colombie‑Britannique (en anglais seulement) ont fait preuve de leadership en interdisant l’exploitation des établissements de collecte de plasma à but lucratif afin de garantir l’approvisionnement et d’éviter l’effritement de la base des donneurs de sang.

En tant que pays, nous devons tirer les leçons des erreurs du passé. Si nous ne le faisons pas, nous sommes condamnés à les répéter.

La sénatrice Pamela Wallin est une ancienne journaliste dont les travaux ont contribué à dénoncer les ravages causés par le scandale du sang contaminé. Elle siège au Sénat en tant que représentante de la Saskatchewan.

Cet article a été publié le 11 juin 2018 dans le journal Regina Leader Post (en anglais seulement).

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