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Les partis fédéraux doivent améliorer leur processus de mise en candidature afin de réduire l’écart entre les sexes aux élections au Canada : sénatrice Dasko

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Pendant que l’attention des Canadiens demeure concentrée sur la vie quotidienne dans un contexte de pandémie, les mises en candidatures qui détermineront la configuration de la prochaine législature du Canada ont lieu à l’insu du public. Les partis fédéraux se plaisent à procéder de la sorte et ils ne ménagent pas leurs efforts pour que rien ne change.

Suivant des procédures qu’ils ont eux‑mêmes établies, les partis politiques fédéraux sont en train de choisir les personnes qui décideront comment le Canada sera rebâti après la COVID‑19. Pouvons‑nous être assurés qu’il y aura une parité entre les hommes et les femmes au sein de la prochaine législature? À l’heure actuelle, 30 % des sièges sont occupés par des femmes à la Chambre des communes, ce qui place le Canada au 52e rang mondial au chapitre de la parité. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire.

La situation qui découle de la COVID-19 donne un caractère d’urgence à une représentation accrue des femmes, dans toute leur diversité. Bon nombre des difficultés que nous éprouvons actuellement résultent de circonstances spécifiques au sexe et à la race qui existent depuis longtemps.

On voit particulièrement apparaître les lacunes structurelles qui sont mises au jour par l’épidémie, notamment la participation des femmes au marché du travail, l’importance d’avoir des services de garde accessibles et abordables, la réforme du secteur des soins, l’amélioration de la sécurité du revenu, la durabilité et la préparation aux situations d’urgence.

Parmi les efforts déployés par le Canada pour gérer la COVID‑19, un des rares points positifs est que nous avons vu des femmes occuper avec succès des postes de leadership de haut niveau, dont une ministre fédérale des Finances, des ministres fédérales et provinciales de la Santé, des dirigeantes de services de santé publique, des professionnelles et des expertes de la santé. Dans ce cas, à quoi peut‑on attribuer la nette sous‑représentation des femmes à la Chambre des communes?

On ne peut pas reprocher aux femmes de ne pas vouloir prendre leur place ou poser leur candidature. En effet, en 2019, 736 femmes se sont présentées aux élections fédérales, nombre suffisant pour remplir deux fois la Chambre des communes. On ne peut rien reprocher non plus aux électeurs, car les recherches universitaires et les sondages d’opinion ont démontré que les Canadiens sont tout aussi disposés à voter pour une femme que pour un homme.

Au Canada, une grande cause de l’écart entre les sexes lors des élections est le filtrage par les partis. L’une des rares choses sur lesquelles les partis politiques fédéraux s’entendent, c’est qu’ils doivent être autonomes, et leur consensus à cet égard a bloqué toute intervention parlementaire pour modifier les processus de mise en candidature.

Pas plus tard qu’en avril 2019, après avoir mené une vaste étude au sujet de la représentation des femmes sur la scène électorale, le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes « observe » (et non « recommande ») timidement qu’il « encourage les partis enregistrés à fixer des quotas volontaires concernant le pourcentage de candidates qu’ils présentent aux élections fédérales et à rendre publiquement compte de leurs efforts pour les respecter à la suite de toutes les élections générales fédérales ».

Le public n’a pas facilement accès aux processus établis par les partis. Selon les recherches effectuées, le Parti libéral, le NPD et le Parti vert exigent qu’un comité de recherche sur la diversité participe à la nomination des candidats, mais il semble que ce ne soit pas le cas du Parti conservateur. Il n’y a pas de quotas ni de transparence volontaires en ce qui concerne le recrutement et la mise en candidature des femmes, comme l’a « encouragé » le Comité de la condition féminine de la Chambre des communes.

Grâce à la surveillance et aux revendications inlassables des femmes au fil des décennies, les partis nationaux ont lentement augmenté le nombre de candidates aux élections fédérales. Cependant, celles‑ci sont élues moins souvent que leurs homologues masculins.

Pendant la campagne électorale de 2019, les femmes représentaient 39,3 % des candidats du Parti libéral, mais seulement 31,1 % des députés libéraux élus. Chez les conservateurs, il y a eu 32 % de candidates, mais seulement 18,2 % des députés qui ont remporté un siège étaient des femmes. Les candidats du NPD comprenaient 48,5 % de femmes, qui ont représenté 37,5 % des députés élus. Quant au Parti vert, les femmes représentaient 46,1 % des candidats et 66,7 % des députés élus.

Après avoir analysé des données sur les élections fédérales de 2004 à 2011, les professeurs au niveau universitaire Melanee Thomas et Marc André Bodet ont fait valoir (en anglais seulement) que les femmes sont, dans une mesure disproportionnée, mises en candidature dans les bastions des autres partis et non dans ceux de leur propre parti.

Mme Thomas a réitéré ce point dans un article de CBC News publié après les élections de 2019, qui révèle que seulement 16 % des candidates ont remporté un siège à la Chambre des communes, contre 29 % chez les hommes : « Le problème, c’est que tous les partis présentent systématiquement des candidates dans des circonscriptions où elles ne peuvent pas gagner. »

Il est temps de braquer les projecteurs sur les mises en candidature et d’exiger plus d’information, de transparence et de responsabilité financière au moyen des mécanismes prévus par la Loi électorale du Canada et le directeur général des élections.

Les candidats devraient être tenus d’indiquer leur genre ou leur sexe dans l’acte de candidature. (À l’heure actuelle, ce renseignement n’est pas obligatoire et il ne figure pas dans la liste des candidats confirmés publiée par Élections Canada.) Le Canada devrait définir les circonscriptions qui sont des « bastions » et faire rapport des résultats dans ces circonscriptions en fonction du sexe ou du genre. Il faudrait également modifier les règles sur le financement politique afin d’inciter les partis à atteindre l’équité entre les sexes ou à les sanctionner dans le cas contraire.

Les Canadiens sont en droit de vouloir que leurs partis fédéraux éliminent l’écart entre les hommes et les femmes dans les mises en candidature et les résultats électoraux. Compte tenu de la réticence historique des partis en place à la Chambre des communes à soumettre leurs activités à un examen accru du public, ces modestes initiatives pourraient être lancées au Sénat, ce qui donnerait aux Canadiens une tribune pour étudier les mesures proposées et exprimer leur opinion.

La sénatrice Donna Dasko représente l’Ontario au Sénat.

Cet article a été publié le 10 avril 2021 dans le journal The Globe and Mail (en anglais seulement).

Pendant que l’attention des Canadiens demeure concentrée sur la vie quotidienne dans un contexte de pandémie, les mises en candidatures qui détermineront la configuration de la prochaine législature du Canada ont lieu à l’insu du public. Les partis fédéraux se plaisent à procéder de la sorte et ils ne ménagent pas leurs efforts pour que rien ne change.

Suivant des procédures qu’ils ont eux‑mêmes établies, les partis politiques fédéraux sont en train de choisir les personnes qui décideront comment le Canada sera rebâti après la COVID‑19. Pouvons‑nous être assurés qu’il y aura une parité entre les hommes et les femmes au sein de la prochaine législature? À l’heure actuelle, 30 % des sièges sont occupés par des femmes à la Chambre des communes, ce qui place le Canada au 52e rang mondial au chapitre de la parité. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire.

La situation qui découle de la COVID-19 donne un caractère d’urgence à une représentation accrue des femmes, dans toute leur diversité. Bon nombre des difficultés que nous éprouvons actuellement résultent de circonstances spécifiques au sexe et à la race qui existent depuis longtemps.

On voit particulièrement apparaître les lacunes structurelles qui sont mises au jour par l’épidémie, notamment la participation des femmes au marché du travail, l’importance d’avoir des services de garde accessibles et abordables, la réforme du secteur des soins, l’amélioration de la sécurité du revenu, la durabilité et la préparation aux situations d’urgence.

Parmi les efforts déployés par le Canada pour gérer la COVID‑19, un des rares points positifs est que nous avons vu des femmes occuper avec succès des postes de leadership de haut niveau, dont une ministre fédérale des Finances, des ministres fédérales et provinciales de la Santé, des dirigeantes de services de santé publique, des professionnelles et des expertes de la santé. Dans ce cas, à quoi peut‑on attribuer la nette sous‑représentation des femmes à la Chambre des communes?

On ne peut pas reprocher aux femmes de ne pas vouloir prendre leur place ou poser leur candidature. En effet, en 2019, 736 femmes se sont présentées aux élections fédérales, nombre suffisant pour remplir deux fois la Chambre des communes. On ne peut rien reprocher non plus aux électeurs, car les recherches universitaires et les sondages d’opinion ont démontré que les Canadiens sont tout aussi disposés à voter pour une femme que pour un homme.

Au Canada, une grande cause de l’écart entre les sexes lors des élections est le filtrage par les partis. L’une des rares choses sur lesquelles les partis politiques fédéraux s’entendent, c’est qu’ils doivent être autonomes, et leur consensus à cet égard a bloqué toute intervention parlementaire pour modifier les processus de mise en candidature.

Pas plus tard qu’en avril 2019, après avoir mené une vaste étude au sujet de la représentation des femmes sur la scène électorale, le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes « observe » (et non « recommande ») timidement qu’il « encourage les partis enregistrés à fixer des quotas volontaires concernant le pourcentage de candidates qu’ils présentent aux élections fédérales et à rendre publiquement compte de leurs efforts pour les respecter à la suite de toutes les élections générales fédérales ».

Le public n’a pas facilement accès aux processus établis par les partis. Selon les recherches effectuées, le Parti libéral, le NPD et le Parti vert exigent qu’un comité de recherche sur la diversité participe à la nomination des candidats, mais il semble que ce ne soit pas le cas du Parti conservateur. Il n’y a pas de quotas ni de transparence volontaires en ce qui concerne le recrutement et la mise en candidature des femmes, comme l’a « encouragé » le Comité de la condition féminine de la Chambre des communes.

Grâce à la surveillance et aux revendications inlassables des femmes au fil des décennies, les partis nationaux ont lentement augmenté le nombre de candidates aux élections fédérales. Cependant, celles‑ci sont élues moins souvent que leurs homologues masculins.

Pendant la campagne électorale de 2019, les femmes représentaient 39,3 % des candidats du Parti libéral, mais seulement 31,1 % des députés libéraux élus. Chez les conservateurs, il y a eu 32 % de candidates, mais seulement 18,2 % des députés qui ont remporté un siège étaient des femmes. Les candidats du NPD comprenaient 48,5 % de femmes, qui ont représenté 37,5 % des députés élus. Quant au Parti vert, les femmes représentaient 46,1 % des candidats et 66,7 % des députés élus.

Après avoir analysé des données sur les élections fédérales de 2004 à 2011, les professeurs au niveau universitaire Melanee Thomas et Marc André Bodet ont fait valoir (en anglais seulement) que les femmes sont, dans une mesure disproportionnée, mises en candidature dans les bastions des autres partis et non dans ceux de leur propre parti.

Mme Thomas a réitéré ce point dans un article de CBC News publié après les élections de 2019, qui révèle que seulement 16 % des candidates ont remporté un siège à la Chambre des communes, contre 29 % chez les hommes : « Le problème, c’est que tous les partis présentent systématiquement des candidates dans des circonscriptions où elles ne peuvent pas gagner. »

Il est temps de braquer les projecteurs sur les mises en candidature et d’exiger plus d’information, de transparence et de responsabilité financière au moyen des mécanismes prévus par la Loi électorale du Canada et le directeur général des élections.

Les candidats devraient être tenus d’indiquer leur genre ou leur sexe dans l’acte de candidature. (À l’heure actuelle, ce renseignement n’est pas obligatoire et il ne figure pas dans la liste des candidats confirmés publiée par Élections Canada.) Le Canada devrait définir les circonscriptions qui sont des « bastions » et faire rapport des résultats dans ces circonscriptions en fonction du sexe ou du genre. Il faudrait également modifier les règles sur le financement politique afin d’inciter les partis à atteindre l’équité entre les sexes ou à les sanctionner dans le cas contraire.

Les Canadiens sont en droit de vouloir que leurs partis fédéraux éliminent l’écart entre les hommes et les femmes dans les mises en candidature et les résultats électoraux. Compte tenu de la réticence historique des partis en place à la Chambre des communes à soumettre leurs activités à un examen accru du public, ces modestes initiatives pourraient être lancées au Sénat, ce qui donnerait aux Canadiens une tribune pour étudier les mesures proposées et exprimer leur opinion.

La sénatrice Donna Dasko représente l’Ontario au Sénat.

Cet article a été publié le 10 avril 2021 dans le journal The Globe and Mail (en anglais seulement).

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