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Privatiser les bombardiers à eau du Manitoba est trop risqué : sénatrice McCallum

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La Direction des services aériens du gouvernement du Manitoba, qui comprend des services essentiels et vitaux comme les bombardiers à eau et les ambulances aériennes, est désormais dans l’expectative d’une privatisation. Comme l’a fait remarquer récemment le ministre de l’Infrastructure, Ron Schuler, ces services sont maintenant classés « importants », une sérieuse dévaluation par rapport à leur statut précédent de services essentiels, statut datant de 1996. C’est ce changement pour la catégorie « non essentiel » qui autorise la privatisation de services comme les bombardiers à eau.  

Dans les années 1990, le gouvernement conservateur au pouvoir avait déjà tenté de privatiser les bombardiers à eau, mais en vain. Maintenant que le débat sur la privatisation s’enflamme de nouveau, le ministre Schuler prétend que les contribuables en auront plus pour leur argent. Le fait est, cependant, que les bombardiers à eau sont à l’heure actuelle une organisation à but non lucratif. Il semble que la structure opérationnelle soit déjà tout à fait économique pour les contribuables, grâce à la nature de l’entente d’horaire de travail annuel comprimé qui a été signée avec les pilotes de bombardiers à eau, et qui prévoit de payer les heures supplémentaires comme des heures normales, c’est-à-dire sans supplément.

Avec une structure opérationnelle déjà avantageuse du point de vue des coûts, on ne sait trop comment la privatisation de ce service pourrait générer des économies. Le propre d’une entreprise est de produire des bénéfices pour les actionnaires. Selon les documents de partenariat public-privé portant sur le sujet, la partie gagnante pourrait tirer des bénéfices de l’ordre de 15 à 20 % sur ses investissements. D’une manière générale, il semble que privatiser ces services essentiels coûterait plus cher que de maintenir le statu quo.

Ce qu’on oublie également, c’est la capacité actuelle du système des bombardiers à eau géré par le gouvernement de fonctionner de façon sécuritaire, efficiente, rapide et efficace. Si le service est privatisé, c’est le sort de 80 à 90 fonctionnaires qu’on remet en jeu. Ce sont des personnes hautement qualifiées qui ont une expérience incommensurable, qui font leur travail de la façon la plus efficace et la plus efficiente possible et qui ont acquis une solide connaissance du terrain local. Cette expérience et ce leadership inestimables pourraient se perdre lors de la privatisation.

Étant donné l’importance de ce service pour le public, on est en droit de se demander si les bombardiers à eau devraient réellement être retirés du contrôle provincial. L’espace aérien public où se joue le destin des communautés et des personnes devrait servir l’intérêt supérieur du public. Le meilleur moyen de s’en assurer est de donner le pouvoir de décision finale aux représentants du public plutôt qu’aux groupes d’intérêts spéciaux. Ce qui est inquiétant dans la privatisation, c’est que le système serait livré à une coalition de groupes d’intérêts spéciaux dont la priorité est le profit, puisque c’est le propre de toute entreprise privée. Laisser un service de ce type à la merci ou aux caprices du marché libre, où il pourrait être assujetti à des conflits de travail, à des ralentissements économiques, à des faillites, etc., pourrait entraîner un arrêt brutal du service.

Enfin, il semble inévitable qu’en le gérant comme une entreprise, on fasse courir quelque risque à ce système. Il se pourrait qu’on investisse de manière inégale d’une région à l’autre, alors que dans un système administré par le gouvernement, la politique provinciale prévoit d’investir partout, même dans les régions rurales du Manitoba. Puisque l’objectif du secteur privé est de faire des profits et de voir les investissements rapporter des bénéfices, il semble justifié de s’inquiéter de savoir si la privatisation va réellement engendrer une économie pour les contribuables et si l’efficacité et l’efficience du service en souffriront.

Si, au bout du compte, on opte pour la privatisation, il faudra sans faute évaluer le nouveau système pour savoir s’il offre des droits et des avantages à la main-d’œuvre, s’il maintient en priorité la sécurité et l’efficacité, s’il crée une sécurité financière sans dépassement et s’il continue d’offrir le service dans toutes les régions du Manitoba. 

Dre Mary Jane McCallum, de la Première nation de Barren Lands, est une sénatrice du Manitoba et une défenseure de la justice sociale.

Cet article a été publié le 8 août 2018 dans le journal The Opasquia Times.

La Direction des services aériens du gouvernement du Manitoba, qui comprend des services essentiels et vitaux comme les bombardiers à eau et les ambulances aériennes, est désormais dans l’expectative d’une privatisation. Comme l’a fait remarquer récemment le ministre de l’Infrastructure, Ron Schuler, ces services sont maintenant classés « importants », une sérieuse dévaluation par rapport à leur statut précédent de services essentiels, statut datant de 1996. C’est ce changement pour la catégorie « non essentiel » qui autorise la privatisation de services comme les bombardiers à eau.  

Dans les années 1990, le gouvernement conservateur au pouvoir avait déjà tenté de privatiser les bombardiers à eau, mais en vain. Maintenant que le débat sur la privatisation s’enflamme de nouveau, le ministre Schuler prétend que les contribuables en auront plus pour leur argent. Le fait est, cependant, que les bombardiers à eau sont à l’heure actuelle une organisation à but non lucratif. Il semble que la structure opérationnelle soit déjà tout à fait économique pour les contribuables, grâce à la nature de l’entente d’horaire de travail annuel comprimé qui a été signée avec les pilotes de bombardiers à eau, et qui prévoit de payer les heures supplémentaires comme des heures normales, c’est-à-dire sans supplément.

Avec une structure opérationnelle déjà avantageuse du point de vue des coûts, on ne sait trop comment la privatisation de ce service pourrait générer des économies. Le propre d’une entreprise est de produire des bénéfices pour les actionnaires. Selon les documents de partenariat public-privé portant sur le sujet, la partie gagnante pourrait tirer des bénéfices de l’ordre de 15 à 20 % sur ses investissements. D’une manière générale, il semble que privatiser ces services essentiels coûterait plus cher que de maintenir le statu quo.

Ce qu’on oublie également, c’est la capacité actuelle du système des bombardiers à eau géré par le gouvernement de fonctionner de façon sécuritaire, efficiente, rapide et efficace. Si le service est privatisé, c’est le sort de 80 à 90 fonctionnaires qu’on remet en jeu. Ce sont des personnes hautement qualifiées qui ont une expérience incommensurable, qui font leur travail de la façon la plus efficace et la plus efficiente possible et qui ont acquis une solide connaissance du terrain local. Cette expérience et ce leadership inestimables pourraient se perdre lors de la privatisation.

Étant donné l’importance de ce service pour le public, on est en droit de se demander si les bombardiers à eau devraient réellement être retirés du contrôle provincial. L’espace aérien public où se joue le destin des communautés et des personnes devrait servir l’intérêt supérieur du public. Le meilleur moyen de s’en assurer est de donner le pouvoir de décision finale aux représentants du public plutôt qu’aux groupes d’intérêts spéciaux. Ce qui est inquiétant dans la privatisation, c’est que le système serait livré à une coalition de groupes d’intérêts spéciaux dont la priorité est le profit, puisque c’est le propre de toute entreprise privée. Laisser un service de ce type à la merci ou aux caprices du marché libre, où il pourrait être assujetti à des conflits de travail, à des ralentissements économiques, à des faillites, etc., pourrait entraîner un arrêt brutal du service.

Enfin, il semble inévitable qu’en le gérant comme une entreprise, on fasse courir quelque risque à ce système. Il se pourrait qu’on investisse de manière inégale d’une région à l’autre, alors que dans un système administré par le gouvernement, la politique provinciale prévoit d’investir partout, même dans les régions rurales du Manitoba. Puisque l’objectif du secteur privé est de faire des profits et de voir les investissements rapporter des bénéfices, il semble justifié de s’inquiéter de savoir si la privatisation va réellement engendrer une économie pour les contribuables et si l’efficacité et l’efficience du service en souffriront.

Si, au bout du compte, on opte pour la privatisation, il faudra sans faute évaluer le nouveau système pour savoir s’il offre des droits et des avantages à la main-d’œuvre, s’il maintient en priorité la sécurité et l’efficacité, s’il crée une sécurité financière sans dépassement et s’il continue d’offrir le service dans toutes les régions du Manitoba. 

Dre Mary Jane McCallum, de la Première nation de Barren Lands, est une sénatrice du Manitoba et une défenseure de la justice sociale.

Cet article a été publié le 8 août 2018 dans le journal The Opasquia Times.

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