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« Cela fait partie de ma personnalité » : la sénatrice Anne Cools fait une rétrospection de sa carrière au Sénat

La sénatrice Anne Clare Cools a pris sa retraite du Sénat en août 2018, après plus de 34 ans au Parlement du Canada. Elle en était la doyenne et celle comptant le plus d’années de service.

En 1984, elle est la première personne de race noire à être nommée au Sénat et la première sénatrice de race noire dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Elle fut nommée sénatrice libérale et a siégé à tous les groupes de caucus, y compris le nouveau Groupe des sénateurs indépendants, au sein duquel elle termine son illustre carrière.

Dans les années 1990, la sénatrice Cools a siégé au Comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes sur la garde et le droit de visite des enfants. La sénatrice Cools fait valoir l’importance de la participation significative des mères et des pères dans la vie de leurs enfants. D’ailleurs, elle est largement considérée comme le principal défenseur des droits des pères.

Ses discours réfléchis et bien étayés, livrés dans la Chambre du Sénat, font aussi sa renommée.

SenCAplus a demandé à la sénatrice Cools d’effectuer une rétrospection de son passage au Sénat.

 

Après plus de 34 ans dans la Chambre haute du Parlement, vous êtes la doyenne du Sénat. Le Sénat a-t-il changé depuis votre nomination en 1984?

Je suppose qu’on peut dire que le Sénat a changé tout comme on peut dire qu’il est resté pareil.

Il remplit encore ses fonctions, telles qu’elles furent envisagées, c’est-à-dire examiner les projets de loi de la Chambre des communes, et au-delà de ça, exprimer l’opinion du Sénat à leur sujet.

En ce qui concerne l’importance associée au Sénat dans l’exercice de son rôle constitutionnel essentiel, je ne crois pas que le Sénat ait changé du tout. Le Sénat ne peut pas changer ou être changé, car son rôle à titre de l’une des trois institutions de notre Constitution est expressément défini dans la Loi constitutionnelle du Canada.

Avez-vous travaillé sur un projet qui vous a marqué comme étant particulièrement valorisant?

Il y en a eu beaucoup. Je me rappelle d’avoir siégé au Comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes sur la garde et le droit de visite des enfants en 1997 et en 1998. Le comité mixte a d’ailleurs publié un célèbre rapport intitulé Pour l’amour des enfants.

Le travail de ce comité mixte et son rapport ont contribué à changer radicalement l’opinion du public dans l’ensemble du pays. Il a révélé que les Canadiens croyaient que les pères et les enfants étaient les grands perdants dans les cas de divorce et de garde d’enfants.

Ce changement profond demeure un moment exceptionnel pour moi, personnellement. Le travail du comité a bien réussi à faire avancer les droits des pères et des enfants.  

Voici la sénatrice Anne Cools, assise dans son bureau du Sénat. Elle est reconnue comme étant une experte de la procédure et pour ses discours qui reposent sur des recherches approfondies. Elle estime que sa capacité à communiquer des idées relatives au Parlement, à la société et à la loi est due à ses lectures abondantes et à sa compréhension approfondie de l’histoire constitutionnelle du Canada.

Depuis 2015, le gouvernement dit tenter de rendre le Sénat moins partisan. Quel est le rôle de la partisanerie au Sénat aujourd’hui par rapport à 1984?

De nombreuses personnes ont répandu l’idée erronée qu’il était prévu que le Sénat soit non partisan. Cela est tout simplement faux. J’ai consulté les Débats sur la Confédération. Ils montrent que la question de la représentation équitable des deux partis a fait l’objet de nombreuses discussions, c’est-à-dire le parti gouvernemental et l’opposition. Le parti au pouvoir était reconnu comme le parti appuyant le gouvernement, tandis que ceux qui n’étaient pas au pouvoir constituaient l’opposition.

En d’autres mots, le système établit qu’il doit toujours y avoir un « gouvernement en attente », prêt à remplacer le gouvernement actuel. Si nous nous débarrassions de la partisanerie politique, nous remarquerions rapidement que nous aurions réduit la capacité des Canadiens à remplacer un gouvernement lacunaire et malavisé. Notre constitution nous donne la capacité et le pouvoir d’évincer et de remplacer un gouvernement pour de bonnes raisons, et ce, sans difficulté.

Si nous réunissons dans les deux Chambres du Parlement des gens du même esprit afin de décider des politiques et des lois, nous constaterons rapidement que sans principes directeurs, ils agiront selon leurs intérêts privés et personnels, et non selon des principes connus et adoptés.

Les humains sont ainsi. Il faut leur donner des principes et des idées à suivre, ou bien ils ne penseront qu’à leurs propres intérêts : je veux ceci, tu veux cela. Cette situation est commune dans d’autres pays.

Le concept du Sénat partisan nous protège et nous assure que les sénateurs ne veillent pas à leurs intérêts privés et personnels.

Le Sénat fonctionne d’ailleurs très bien depuis 150 ans.

Le paysage a-t-il changé depuis trois ans avec la nouvelle façon de nommer les sénateurs et la création du Groupe des sénateurs indépendants?

Le Sénat a bien fonctionné pendant 150 ans. Je ne crois pas qu’il est souhaitable de remplacer quelque chose qui fonctionne si bien par quelque chose qui n’a pas fait ses preuves. De manière systématique, le Sénat n’est tout simplement pas un lieu propice aux frivolités et à la nouveauté.

Il s’agit de systèmes testés et éprouvés dont la fiabilité a été établie.Je crois que si nous avons le meilleur système, il serait futile de le remplacer par un système de deuxième rang.

Vos collègues ont souligné la quantité et la qualité des discours que vous avez donnés à la Chambre du Sénat. Vous en avez donné pas moins de 350 au fil du temps. Pourquoi était-il si important pour vous d’être une bonne oratrice, et quelle était votre approche?

On dit que j’ai fait plus de 350 discours. Quiconque peut livrer 350 discours dans ce milieu, c’est quand même un exploit. La plupart des gens ont du mal à en faire un ou deux.

Je suis bonne à donner des discours. Cela fait partie de ma personnalité. J’ai toujours eu des réflexions profondes.

Comptez-vous prendre une retraite tranquille?

À ma retraite, j’espère récupérer certains aspects de ma vie et de ma personnalité. J’ai été tellement occupée au fil des ans que j’ai perdu ma fluidité au piano. Je veux me remettre assidûment à la musique. Je m’entraînais un matin sur deux. J’aimerais bien recommencer à le faire également. J’ai aussi bien hâte de jardiner.

Ce sont mes principaux projets de retraite.

Mon jardin va certainement me demander beaucoup d’énergie. Mon jardin. Mon Dieu, il y a tant à faire dans mon jardin. Il regorge de mauvaises herbes.

 

« Cela fait partie de ma personnalité » : la sénatrice Anne Cools fait une rétrospection de sa carrière au Sénat

La sénatrice Anne Clare Cools a pris sa retraite du Sénat en août 2018, après plus de 34 ans au Parlement du Canada. Elle en était la doyenne et celle comptant le plus d’années de service.

En 1984, elle est la première personne de race noire à être nommée au Sénat et la première sénatrice de race noire dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Elle fut nommée sénatrice libérale et a siégé à tous les groupes de caucus, y compris le nouveau Groupe des sénateurs indépendants, au sein duquel elle termine son illustre carrière.

Dans les années 1990, la sénatrice Cools a siégé au Comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes sur la garde et le droit de visite des enfants. La sénatrice Cools fait valoir l’importance de la participation significative des mères et des pères dans la vie de leurs enfants. D’ailleurs, elle est largement considérée comme le principal défenseur des droits des pères.

Ses discours réfléchis et bien étayés, livrés dans la Chambre du Sénat, font aussi sa renommée.

SenCAplus a demandé à la sénatrice Cools d’effectuer une rétrospection de son passage au Sénat.

 

Après plus de 34 ans dans la Chambre haute du Parlement, vous êtes la doyenne du Sénat. Le Sénat a-t-il changé depuis votre nomination en 1984?

Je suppose qu’on peut dire que le Sénat a changé tout comme on peut dire qu’il est resté pareil.

Il remplit encore ses fonctions, telles qu’elles furent envisagées, c’est-à-dire examiner les projets de loi de la Chambre des communes, et au-delà de ça, exprimer l’opinion du Sénat à leur sujet.

En ce qui concerne l’importance associée au Sénat dans l’exercice de son rôle constitutionnel essentiel, je ne crois pas que le Sénat ait changé du tout. Le Sénat ne peut pas changer ou être changé, car son rôle à titre de l’une des trois institutions de notre Constitution est expressément défini dans la Loi constitutionnelle du Canada.

Avez-vous travaillé sur un projet qui vous a marqué comme étant particulièrement valorisant?

Il y en a eu beaucoup. Je me rappelle d’avoir siégé au Comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes sur la garde et le droit de visite des enfants en 1997 et en 1998. Le comité mixte a d’ailleurs publié un célèbre rapport intitulé Pour l’amour des enfants.

Le travail de ce comité mixte et son rapport ont contribué à changer radicalement l’opinion du public dans l’ensemble du pays. Il a révélé que les Canadiens croyaient que les pères et les enfants étaient les grands perdants dans les cas de divorce et de garde d’enfants.

Ce changement profond demeure un moment exceptionnel pour moi, personnellement. Le travail du comité a bien réussi à faire avancer les droits des pères et des enfants.  

Voici la sénatrice Anne Cools, assise dans son bureau du Sénat. Elle est reconnue comme étant une experte de la procédure et pour ses discours qui reposent sur des recherches approfondies. Elle estime que sa capacité à communiquer des idées relatives au Parlement, à la société et à la loi est due à ses lectures abondantes et à sa compréhension approfondie de l’histoire constitutionnelle du Canada.

Depuis 2015, le gouvernement dit tenter de rendre le Sénat moins partisan. Quel est le rôle de la partisanerie au Sénat aujourd’hui par rapport à 1984?

De nombreuses personnes ont répandu l’idée erronée qu’il était prévu que le Sénat soit non partisan. Cela est tout simplement faux. J’ai consulté les Débats sur la Confédération. Ils montrent que la question de la représentation équitable des deux partis a fait l’objet de nombreuses discussions, c’est-à-dire le parti gouvernemental et l’opposition. Le parti au pouvoir était reconnu comme le parti appuyant le gouvernement, tandis que ceux qui n’étaient pas au pouvoir constituaient l’opposition.

En d’autres mots, le système établit qu’il doit toujours y avoir un « gouvernement en attente », prêt à remplacer le gouvernement actuel. Si nous nous débarrassions de la partisanerie politique, nous remarquerions rapidement que nous aurions réduit la capacité des Canadiens à remplacer un gouvernement lacunaire et malavisé. Notre constitution nous donne la capacité et le pouvoir d’évincer et de remplacer un gouvernement pour de bonnes raisons, et ce, sans difficulté.

Si nous réunissons dans les deux Chambres du Parlement des gens du même esprit afin de décider des politiques et des lois, nous constaterons rapidement que sans principes directeurs, ils agiront selon leurs intérêts privés et personnels, et non selon des principes connus et adoptés.

Les humains sont ainsi. Il faut leur donner des principes et des idées à suivre, ou bien ils ne penseront qu’à leurs propres intérêts : je veux ceci, tu veux cela. Cette situation est commune dans d’autres pays.

Le concept du Sénat partisan nous protège et nous assure que les sénateurs ne veillent pas à leurs intérêts privés et personnels.

Le Sénat fonctionne d’ailleurs très bien depuis 150 ans.

Le paysage a-t-il changé depuis trois ans avec la nouvelle façon de nommer les sénateurs et la création du Groupe des sénateurs indépendants?

Le Sénat a bien fonctionné pendant 150 ans. Je ne crois pas qu’il est souhaitable de remplacer quelque chose qui fonctionne si bien par quelque chose qui n’a pas fait ses preuves. De manière systématique, le Sénat n’est tout simplement pas un lieu propice aux frivolités et à la nouveauté.

Il s’agit de systèmes testés et éprouvés dont la fiabilité a été établie.Je crois que si nous avons le meilleur système, il serait futile de le remplacer par un système de deuxième rang.

Vos collègues ont souligné la quantité et la qualité des discours que vous avez donnés à la Chambre du Sénat. Vous en avez donné pas moins de 350 au fil du temps. Pourquoi était-il si important pour vous d’être une bonne oratrice, et quelle était votre approche?

On dit que j’ai fait plus de 350 discours. Quiconque peut livrer 350 discours dans ce milieu, c’est quand même un exploit. La plupart des gens ont du mal à en faire un ou deux.

Je suis bonne à donner des discours. Cela fait partie de ma personnalité. J’ai toujours eu des réflexions profondes.

Comptez-vous prendre une retraite tranquille?

À ma retraite, j’espère récupérer certains aspects de ma vie et de ma personnalité. J’ai été tellement occupée au fil des ans que j’ai perdu ma fluidité au piano. Je veux me remettre assidûment à la musique. Je m’entraînais un matin sur deux. J’aimerais bien recommencer à le faire également. J’ai aussi bien hâte de jardiner.

Ce sont mes principaux projets de retraite.

Mon jardin va certainement me demander beaucoup d’énergie. Mon jardin. Mon Dieu, il y a tant à faire dans mon jardin. Il regorge de mauvaises herbes.

 

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