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« Soyez audacieux, parlez avec votre coeur », dit le sénateur Sibbeston

Le sénateur Nick G. Sibbeston est issu du système de pensionnats, ce à quoi il attribue les épisodes de dépression et d’alcoolisme dont il a souffert plus tard dans sa vie. Il se distingue comme étant le premier Autochtone né dans les Territoires du Nord-Ouest à devenir avocat. Pendant les 16 années où il a été député provincial, il a acquis une réputation de politicien populiste et de bagarreur. Il a été premier ministre des Territoires du Nord-Ouest de 1985 à 1987 et a été nommé au Sénat en 1999.

Le sénateur Sibbeston a publié son autobiographie, You Will Wear a White Shirt: From the Northern Bush to the Halls of Power, en 2015.
Il a pris sa retraite le 21 novembre 2017.

SenCAplus a demandé au sénateur Sibbeston de parler de ses années au Sénat.

Le sénateur Sibbeston avec son épouse, Karen.

Quel aspect du travail vous a attiré vers le poste de sénateur?

Nous vivions une vie politique tranquille à Fort Simpson, exploitant un petit gîte touristique, quand j’ai reçu l’appel du premier ministre Jean Chrétien. J’y ai vu l’occasion de représenter les gens du Nord. J’avais été député provincial pendant 16 années, mais c’était l’occasion d’élargir mon champ d’action, d’aller à Ottawa pour parler du Nord au Sénat. Il s’agissait d’une autre carrière politique et d’une occasion plus grande.

Quelles étaient vos attentes?

Je n’étais pas très partisan car il n’y avait pas de partis politiques à l’Assemblée législative. Je m’attendais à ce que ce soit la même chose au Sénat, et j’ai trouvé cela étrange que les gens parlent les uns contre les autres. Les libéraux parlaient contre les conservateurs et vice versa, comme s’ils étaient tous des gens mauvais qui allaient ruiner le Canada. C’était une expérience nouvelle pour moi. J’ai essayé de me tenir à l’écart des rivalités; j’ai suivi mon propre chemin et formulé mes propres opinions sur les enjeux qui nécessitaient notre attention. Un Sénat plus indépendant et moins partisan fonctionne mieux et sert mieux les Canadiens.

Vous avez été nommé vers la fin de 1999. Vous prendrez bientôt votre retraite. De quelles réalisations êtes-vous le plus fier?

Il ne s’agit pas d’une chose en particulier; j’estime que j’ai accompli mon meilleur travail aux comités du Sénat. En fait, c’est en comité que le Sénat accomplit son meilleur travail. Les comités représentent un forum où l’on étudie les projets de loi, mais aussi les questions spécifiques. Nous avons traité de l’éducation des Autochtones, du logement, du développement économique, des questions qui touchent le commerce, des droits des Autochtones, etc. C’est là que je me suis senti le plus utile, pour les gens du Nord et du Canada.

De quelle manière vos racines nordiques vous ont-elles influencé ou vous ont‑elles aidé dans votre carrière de sénateur?

Je suis né dans le Nord, je parle la langue et j’ai passé beaucoup d’années à l’Assemblée législative. Ottawa est bien loin de la réalité du Nord, et une chose que j’ai constatée est que les gens du Sud connaissent peu la réalité nordique, notamment les gens et la terre. Chaque fois que j’ai parlé du Nord au Sénat, j’ai eu l’impression d’éduquer les gens du Sud. Ceux-ci percevaient le Nord de façon romantique. J’ai essayé de parler des réalités de la terre, de la pollution, et des changements climatiques et leurs conséquences sur la vie des gens. Surtout, j’ai parlé de la manière dont les décisions prises à Ottawa touchent la population. Lorsque nous avons parlé de la souveraineté du Nord, j’ai toujours dit que les personnes sont le meilleur symbole de la souveraineté, alors il faut bien les traiter. Il faut leur fournir des services, des logements adéquats et une bonne éducation. Le meilleur moyen d’affirmer la souveraineté est par l’intermédiaire de gens prospères et heureux, et non par la voie militaire.

A l’école Maupeltuewey Kina’matno’kuom à Membertou au Cap-Breton.

En mettant de côté les mesures législatives, quels aspects du travail de sénateur avez-vous appréciés le plus?

Le prestige et l’honneur de cette fonction. J’ai occupé un poste enviable, semblable à celui des lords en Angleterre. De plus, j’ai toujours aimé être à Ottawa en hiver, car il fait plus chaud, et vivre dans le Nord pendant l’été. J’ai pu mener une vie pleine et équilibrée.

Avez-vous noué de nombreux liens d’amitié avec les autres sénateurs?

Pas vraiment; je fréquentais surtout les autres sénateurs autochtones. J’ai fait la connaissance de certains sénateurs. Nous avons bien travaillé ensemble. Pendant longtemps, Frank Mahovlich a été mon voisin de pupitre. J’ai bien apprécié nos conversations. Cependant, je me suis toujours senti un peu différent des gens d’ici, du point de vue culturel et ainsi de suite. Je n’ai pas les mêmes antécédents ni les mêmes intérêts qu’eux.

Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux sénateurs? 

Soyez audacieux et parlez du fond du cœur. Dites ce que vous avez à dire. On n’accomplit rien en parlant doucement et en envoyant des lettres. Il faut taper du poing sur la table et élever la voix. Le changement ne vient pas facilement, il faut le forcer.

Que ferez-vous maintenant?

J’ai l’intention de vivre une vie tranquille à Fort Simpson et de passer plus de temps auprès de ma famille et de mes petits-enfants. J’ai travaillé en politique pendant la majeure partie de ma vie; je suis impatient de pouvoir être irresponsable et de me mêler de mes affaires.

« Soyez audacieux, parlez avec votre coeur », dit le sénateur Sibbeston

Le sénateur Nick G. Sibbeston est issu du système de pensionnats, ce à quoi il attribue les épisodes de dépression et d’alcoolisme dont il a souffert plus tard dans sa vie. Il se distingue comme étant le premier Autochtone né dans les Territoires du Nord-Ouest à devenir avocat. Pendant les 16 années où il a été député provincial, il a acquis une réputation de politicien populiste et de bagarreur. Il a été premier ministre des Territoires du Nord-Ouest de 1985 à 1987 et a été nommé au Sénat en 1999.

Le sénateur Sibbeston a publié son autobiographie, You Will Wear a White Shirt: From the Northern Bush to the Halls of Power, en 2015.
Il a pris sa retraite le 21 novembre 2017.

SenCAplus a demandé au sénateur Sibbeston de parler de ses années au Sénat.

Le sénateur Sibbeston avec son épouse, Karen.

Quel aspect du travail vous a attiré vers le poste de sénateur?

Nous vivions une vie politique tranquille à Fort Simpson, exploitant un petit gîte touristique, quand j’ai reçu l’appel du premier ministre Jean Chrétien. J’y ai vu l’occasion de représenter les gens du Nord. J’avais été député provincial pendant 16 années, mais c’était l’occasion d’élargir mon champ d’action, d’aller à Ottawa pour parler du Nord au Sénat. Il s’agissait d’une autre carrière politique et d’une occasion plus grande.

Quelles étaient vos attentes?

Je n’étais pas très partisan car il n’y avait pas de partis politiques à l’Assemblée législative. Je m’attendais à ce que ce soit la même chose au Sénat, et j’ai trouvé cela étrange que les gens parlent les uns contre les autres. Les libéraux parlaient contre les conservateurs et vice versa, comme s’ils étaient tous des gens mauvais qui allaient ruiner le Canada. C’était une expérience nouvelle pour moi. J’ai essayé de me tenir à l’écart des rivalités; j’ai suivi mon propre chemin et formulé mes propres opinions sur les enjeux qui nécessitaient notre attention. Un Sénat plus indépendant et moins partisan fonctionne mieux et sert mieux les Canadiens.

Vous avez été nommé vers la fin de 1999. Vous prendrez bientôt votre retraite. De quelles réalisations êtes-vous le plus fier?

Il ne s’agit pas d’une chose en particulier; j’estime que j’ai accompli mon meilleur travail aux comités du Sénat. En fait, c’est en comité que le Sénat accomplit son meilleur travail. Les comités représentent un forum où l’on étudie les projets de loi, mais aussi les questions spécifiques. Nous avons traité de l’éducation des Autochtones, du logement, du développement économique, des questions qui touchent le commerce, des droits des Autochtones, etc. C’est là que je me suis senti le plus utile, pour les gens du Nord et du Canada.

De quelle manière vos racines nordiques vous ont-elles influencé ou vous ont‑elles aidé dans votre carrière de sénateur?

Je suis né dans le Nord, je parle la langue et j’ai passé beaucoup d’années à l’Assemblée législative. Ottawa est bien loin de la réalité du Nord, et une chose que j’ai constatée est que les gens du Sud connaissent peu la réalité nordique, notamment les gens et la terre. Chaque fois que j’ai parlé du Nord au Sénat, j’ai eu l’impression d’éduquer les gens du Sud. Ceux-ci percevaient le Nord de façon romantique. J’ai essayé de parler des réalités de la terre, de la pollution, et des changements climatiques et leurs conséquences sur la vie des gens. Surtout, j’ai parlé de la manière dont les décisions prises à Ottawa touchent la population. Lorsque nous avons parlé de la souveraineté du Nord, j’ai toujours dit que les personnes sont le meilleur symbole de la souveraineté, alors il faut bien les traiter. Il faut leur fournir des services, des logements adéquats et une bonne éducation. Le meilleur moyen d’affirmer la souveraineté est par l’intermédiaire de gens prospères et heureux, et non par la voie militaire.

A l’école Maupeltuewey Kina’matno’kuom à Membertou au Cap-Breton.

En mettant de côté les mesures législatives, quels aspects du travail de sénateur avez-vous appréciés le plus?

Le prestige et l’honneur de cette fonction. J’ai occupé un poste enviable, semblable à celui des lords en Angleterre. De plus, j’ai toujours aimé être à Ottawa en hiver, car il fait plus chaud, et vivre dans le Nord pendant l’été. J’ai pu mener une vie pleine et équilibrée.

Avez-vous noué de nombreux liens d’amitié avec les autres sénateurs?

Pas vraiment; je fréquentais surtout les autres sénateurs autochtones. J’ai fait la connaissance de certains sénateurs. Nous avons bien travaillé ensemble. Pendant longtemps, Frank Mahovlich a été mon voisin de pupitre. J’ai bien apprécié nos conversations. Cependant, je me suis toujours senti un peu différent des gens d’ici, du point de vue culturel et ainsi de suite. Je n’ai pas les mêmes antécédents ni les mêmes intérêts qu’eux.

Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux sénateurs? 

Soyez audacieux et parlez du fond du cœur. Dites ce que vous avez à dire. On n’accomplit rien en parlant doucement et en envoyant des lettres. Il faut taper du poing sur la table et élever la voix. Le changement ne vient pas facilement, il faut le forcer.

Que ferez-vous maintenant?

J’ai l’intention de vivre une vie tranquille à Fort Simpson et de passer plus de temps auprès de ma famille et de mes petits-enfants. J’ai travaillé en politique pendant la majeure partie de ma vie; je suis impatient de pouvoir être irresponsable et de me mêler de mes affaires.

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