RAPPORT DU COMITÉ |
Le mardi 9 juillet 2002 |
Le Comité sénatorial permanent des finances nationales
a l'honneur de déposer son
VINGTIÈME RAPPORT
Votre Comité autorisé par le Sénat le jeudi 6 juin 2002 à mener une étude et à faire rapport sur le contrat administratif actuellement en vigueur au terrain d’aviation de la base de Goose Bay, au Labrador, ainsi que sur la demande de propositions relatives au renouvellement de ce contrat, dépose maintenant son rapport.
Respectueusement soumis,
Le président,
Lowell Murray
GESTION ET COMMERCIALISATION DE LA BASE AÉRIENNE DE GOOSE BAY LABRADOR
Comité sénatorial permanent des finances nationales
Président: L’honorable Lowell Murray, C.P.
Vice-présidente:
L’honorable Anne C. Cools
juillet
2002
MEMBRES
DE COMITÉ
Président: |
Senator
Lowell Murray, c.p.. |
Vice-présidente: | Senator
Anne C. Cools |
Membres: |
sénateur
Tommy Banks |
Autre
sénateur qui a participé à l’étude:
sénateur J. Michael Forrestall
De
la Direction de la recherche parlementaire
Martin Ulrich, recherchiste
Tõnu Onu
Greffier du Comité
*Membres Ex-Officio
ORDRE
DE RENVOI
Extrait
des Journaux du Sénat du jeudi 6 juin 2002
L’honorable sénateur
Rompkey, c.p., propose, appuyé par l’honorable sénateur Banks :
Que le Comité
sénatorial permanent des finances nationales soit autorisé à mener une étude
et à faire rapport sur le contrat administratif actuellement en vigueur au
terrain d’aviation de la base de Goose Bay, au Labrador, ainsi que sur la
demande de propositions relatives au renouvellement de ce contrat, afin
d’assurer l’efficacité de ces modalités d’opérations de base au
Canada pour ce qui est de fournir des services dans le cadre des activités
militaires et des activités non militaires;
Que le Comité
présente son rapport final au plus tard le 12 juillet 2002;
Que le Comité
soit autorisé, nonobstant les pratiques habituelles, à déposer son rapport
auprès du greffier du Sénat si le Sénat ne siège pas à cette date, et que
le rapport soit réputé avoir été déposé au Sénat.
Après débat,
la motion, mise aux voix, est adoptée.
Le
greffier du Sénat,
Contexte
Points
de vue et constatations
1.
Collectivité d’accueil
2.
Le ministère de la Défense nationale
3.
La province de
Terre-Neuve et du Labrador
Conclusions
Résumé
Liste des témoins
Contexte
La
construction de la base des Forces canadiennes à Goose Bay par le Canada et les
États-Unis remonte à la Deuxième Guerre mondiale, l’installation servant à
l’époque de lien stratégique pour les vols militaires entre l’Amérique du
Nord et l’Europe. À la fin de la guerre, 24 000 chasseurs et
bombardiers canadiens étaient passés par Goose Bay en route pour l’Europe.
Les équipements de la base ont été agrandis pendant les années 60 et au
début des années 70, en grande partie à l’instigation des États-Unis,
parce que la base jouait un rôle clé dans le Commandement de la défense aérospatiale
de l'Amérique du Nord
(NORAD).
en
protégeant l’Amérique du Nord contre la menace d’agression de l’Union
soviétique. Bien que son rôle militaire ait diminué depuis, il demeure non négligeable
puisque la base sert maintenant de centre d’entraînement aux équipages alliés
de l’OTAN. L’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et les Pays-Bas ont
d’ailleurs signé un protocole d’entente multilatéral avec le Canada à
cette fin.
La
base aérienne est située dans une région peu peuplée du centre sud du
Labrador, à environ 150 kilomètres de la côte. Excellent du point de vue
militaire, le choix de cet emplacement a cependant nécessité la création
d’une collectivité d’accueil permanente maintenant appelée Happy
Valley-Goose Bay. Les nouveaux résidants ne sont pas tous originaires de
l’extérieur. Par exemple, environ la moitié des membres de l’Association
des Inuits du Labrador vivent à Goose Bay, et bon nombre d’entre eux
travaillent à la base ou pour des entreprises qui la desservent. Même si la
ville d’environ 8 500 habitants est maintenant un centre régional
de services gouvernementaux, qu’elle sert de site d’atterrissage et de déroutement
pour les transporteurs internationaux en cas d’urgence et qu’elle est une
plaque tournante du transport pour les petits villages du Labrador, elle demeure
à ce jour une « collectivité monoindustrielle », puisque son bien-être
dépend principalement du rôle militaire de Goose Bay.
Lorsque le ministère de la Défense nationale (MDN) a rationalisé ses
activités au milieu des années 90 à la suite aux compressions budgétaires,
Goose Bay a été l’un des premiers endroits ciblés pour appliquer la
politique gouvernementale de diversification des modes de prestation (DMP). La
politique gouvernementale, en plus de réduire les coûts, est perçue comme un
moyen :
a)
d’améliorer
les services aux clients;
b)
de rapprocher
le processus décisionnel du point de prestation de services;
c)
d’améliorer
l’efficacité des programmes.
Ces
objectifs, en particulier celui portant sur la réduction des coûts, ont
directement à voir avec l’idée de conserver à la base son rôle dans
l’entraînement des forces étrangères. Un contrat de fourniture de services
sur place d’une durée de cinq ans a donc été octroyé à Serco Facilities
Management Incorporated, filiale
du
groupe britannique Serco, qui s’est déjà acquitté de contrats semblables
ailleurs, à titre de fournisseur du secteur privé. Ce contrat doit prendre fin
en mars 2003 et le ministère de la Défense nationale vient tout juste de
publier une demande de propositions en vue de l’octroi d’un contrat de suivi
de 11 ans pour l’obtention de services semblables.
Les
recettes nécessaires au financement des coûts d’exploitation de la base
d’environ 90 millions de dollars par année, proviennent principalement
de nos quatre alliés de l’OTAN, qui utilisent actuellement la base comme
centre d’entraînement. Conformément aux dispositions de partage des coûts
du protocole d’entente de 10 ans conclu avec les alliés de l’OTAN, les
coûts sont répartis en proportion de l’utilisation réelle. Cette entente
doit être renégociée et renouvelée en 2006. À l’heure actuelle,
l’utilisation de la base est bien en deçà de la moitié du niveau
maximal visé – 5 000 à 6 000 vols par année plutôt que
18 000. La commercialisation de l’installation pour en accroître
l’utilisation et obtenir le renouvellement de cette entente avec nos alliés
est entre les mains du MDN. La base est gérée par un fonctionnaire du MDN –
directeur général, Bureau de Goose Bay – à partir du quartier général
de la Défense nationale, à Ottawa. Ce mode de fonctionnement semble être en désaccord
avec les objectifs de la politique de DMP énoncés dans le paragraphe précédent,
notamment avec celui portant sur le rapprochement du processus décisionnel du
point de prestation de services.
Points de vue et constatations
La
question centrale est de savoir si la gestion de la base peut être améliorée
de façon à :
a)
maintenir et
renforcer la valeur de l’investissement considérable (d’une valeur
approximative d’un milliard de dollars) fait dans le terrain d’aviation de
la base de Goose Bay;
b)
accroître les
avantages sociaux et économiques pour la collectivité, la région et la
province.
Les
témoins de Happy Valley-Goose Bay, de la Labrador North Chamber of Commerce et
de l’Union des employés de la Défense nationale – en particulier, le
président de la section locale représentant les employés de Serco –
ont exprimé des réserves concernant la façon dont le MDN a géré la base aérienne
et le programme d’entraînement et la façon dont il tient compte des intérêts
locaux dans ses décisions à cet égard. Au nombre des lacunes relevées, ils
ont fait état de la piètre qualité du service offert aux clients
internationaux, des interruptions de travail et de la lenteur des prises de décisions.
Même si le degré d’importance accordée à chacun de ces aspects varie
d’un témoin à l’autre, le tableau d’ensemble reste le même.
Malgré
son histoire relativement récente, la collectivité en est maintenant à sa
troisième génération et se considère elle-même comme permanente. Elle a de
plus tissé des liens personnels étroits avec les alliés américains et européens
au Canada. Elle estime qu’elle a joué un rôle important pour l’Amérique
du Nord et le Canada et qu’elle est culturellement bien préparée pour
continuer à le faire. Ces éléments, combinés aux avantages naturels offerts
par la région, aux compétences acquises et à l’infrastructure, représentent,
aux yeux de la collectivité, des atouts importants pour la province et pour le
Canada. La collectivité estime toutefois que tous ces atouts sont en danger en
raison de la façon dont le rôle militaire de la base est géré.
D’aucuns
ont l’impression que les décisions ayant une incidence sur le moyen de
subsistance de bon nombre de citoyens de Happy-Valley-Goose Bay – et sur
la survie même de la ville – se prennent dans des endroits éloignés
par des bureaucrates déconnectés à la merci de pressions de toutes sortes.
Les témoins vont en outre valoir que des fonctionnaires du MDN ont affirmé par
le passé que la base n’avait guère d’importance du point de vue militaire.
Ils prennent note aussi de l’existence d’autres éléments nouveaux et éventuellement
positifs. Toutefois, dans un contexte où les communications et le climat de
confiance laissent à désirer, toute interprétation positive ne peut être
prise pour acquise même lorsque des mesures constructives sont prises. Cette
situation pose déjà à elle seule suffisamment de défis, que l’histoire
particulière de l’application de la politique de diversification des modes de
prestation (DMP) et la réduction concomitante du nombre d’emplois ont exacerbés.
La confusion dans laquelle s’est faite la DMP à Goose Bay a été
parfaitement exprimée par le témoignage de M. Lawrence O’Brien, député
libéral de Labrador.
Certains
faits récents, comme l’étude menée par les forces militaires hollandaises
au sujet du regroupement des activités d’entraînement en Amérique du Nord
dans une base américaine, la baisse du nombre de vols d’entraînement alliés
ces dernières années, la réduction de certaines infrastructures sur la base
par le MDN, l’utilisation apparemment accrue par les alliés d’installations
ailleurs au Canada et la visibilité presque symbolique des officiers des Forces
canadiennes à la base, contribuent à créer un contexte que certains ont
tendance à interpréter comme une preuve de l’existence d’une stratégie de
la part du MDN visant à mettre fin graduellement à sa présence militaire à
Goose Bay. Le fait que le Bureau de gestion de Goose Bay soit situé à
Ottawa donne encore plus de poids à cette interprétation.
2.
Le ministère
de la Défense nationale
Les
témoins du ministère ont confirmé que l’Aviation canadienne avait peu
besoin de Goose Bay pour ses opérations. Malgré tout, ils affirment que le rôle
des vols d’entraînement internationaux à Goose Bay est important pour le MDN,
que celui‑ci cherche activement à commercialiser l’installation et le
programme d’entraînement et qu’il est en voie de renouveler le contrat de
fourniture de services sur place pour 11 ans afin d’offrir aux alliés
des services plus sûrs. Selon leurs dires, la collectivité et la province
prennent maintenant une part plus active dans les récentes décisions
concernant la base.
Lors des audiences, le directeur général du Bureau de Goose Bay a décrit la base comme une infrastructure importante pour le MDN pour trois grandes raisons, à savoir :
a)
elle accroît
les capacités de défense collective de l’Alliance;
b)
elle assure le
maintien de bonnes relations diplomatiques avec les alliés;
c)
elle est un
atout économique de taille pour le Canada.
Même
si aucune précision n’a été fournie concernant le montant que le ministère
est prêt à payer pour ces avantages, il ne fait aucun doute que la réduction
du fardeau budgétaire imposé au MDN demeure un objectif important. L’une des
façons de réduire ce fardeau consisterait à accroître l’utilisation de
l’installation par nos alliés.
Les
méthodes utilisées par le MDN pour commercialiser la base sont décrites comme
étant essentiellement axées sur le maintien de la satisfaction des clients
actuels et sur la démonstration d’une ouverture à l’égard des
propositions des clients visant à élargir les services. L’évolution des
tactiques militaires a fait en sorte que les vols à basse altitude sont devenus
relativement moins importants. Toutefois, les vols à moyenne altitude, qui
permettent l’utilisation de bombes d’exercice à guidage laser, le recours
à des engins télécommandés et les vols d’entraînement supersoniques, ont
été mentionnés au nombre des services susceptibles d’intéresser des alliés.
Les témoins ont affirmé que le ministère examinait activement les répercussions
environnementales et autres d’un tel élargissement des services. Des mesures
ont en outre été prises pour tenir les alliés au courant des avantages
potentiels du programme.
Bon
nombre des ces options ont effectivement des répercussions sur
l’environnement et sur l’utilisation traditionnelle des terres. Les
pratiques actuelles prévoient la tenue de consultations.
Par exemple, le ministère a négocié avec les Innus lorsque les alliés
ont voulu utiliser des bombes à guidage laser, lesquelles sont une innovation
susceptible de restreindre l’accès à une zone tampon plus étendue. Les
Innus ont fait leur propre évaluation environnementale. Leur étude a été menée
à temps, se fondait sur des faits et a permis de conclure une entente
mutuellement satisfaisante concernant l’utilisation de bombes à guidage
laser.
Le
directeur général du Bureau de Goose Bay a également mentionné qu’un comité
sur la croissance, dirigé par des officiers d’aviation de haut rang des pays
alliés et du ministère de la Défense nationale, serait constitué cet été.
Une telle consultation internationale de haut niveau axée sur la façon
d’accroître l’utilisation de Goose Bay pourrait être un pas important dans
la bonne direction.
Un
certain nombre de dispositions de la nouvelle demande de propositions ont été
décrites comme étant des améliorations. La durée du contrat a été prolongée
de 5 à 11 ans. Celui-ci offre donc une garantie supplémentaire pour ce
qui est de la stabilité de la main-d’œuvre. De plus, il y a eu davantage de
consultations auprès des alliés, de l’industrie et de la collectivité au
moment de sa préparation.
3.
La province
de Terre-Neuve et du Labrador
Les
témoins du gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador ont clairement souligné
l’importance de la base aérienne de Goose Bay et ses programmes d’entraînement
pour la province et la collectivité. Ils ont décrit leurs investissements dans
cette installation et fait état de leurs préoccupations au sujet de la gestion
de l’installation par le MDN. Ils trouvent que le ministère sous-estime
l’importance de cette installation et n’entretient pas de bonnes
communications avec la province, bien qu’il y ait eu récemment des améliorations
au chapitre de la consultation. Ils proposent aussi un certain nombre de
solutions pour atténuer les risques qui menacent l’avenir de Goose Bay.
L’essentiel
de leur témoignage met l’accent sur l’importance économique de la base et
du programme de vols d’entraînement internationaux qui, selon les conclusions
d’une étude citée par eux comme source de référence, permet au
gouvernement fédéral de recouvrer sous forme de taxes la majorité si ce
n’est la totalité de ses coûts nets, grâce à l’activité économique
accrue à la base[1].
Dans ce cas, il n’en coûterait pratiquement rien au contribuable canadien
moyen pour conserver à la base son utilité du point de vue militaire, de la sécurité
et des relations internationales. Les témoins reconnaissent toutefois que ces
avantages fiscaux ne profitent pas directement au MDN et que la Force aérienne
peut très bien préférer dépenser autrement le montant d’environ 20 millions
de dollars qui lui sont consentis au titre des coûts directs.
Ils
notent également que les avantages fiscaux profitent aussi au gouvernement de
Terre-Neuve et du Labrador et que cette installation ajoute une précieuse
diversité à l’économie de la province, qui est surtout axée sur les
ressources naturelles.
Ces
témoins soulignent de plus l’intérêt continu des Terre-neuviens et des
Labradoriens pour les questions militaires. Ils font valoir en effet que leur
population fournit près de 10 % des effectifs des Forces canadiennes, même
si elle ne représente qu’environ 2 % de l’ensemble de la population
canadienne. Ils précisent aussi qu’environ 1 % des dépenses du MDN sont
faites dans la province.
Étant
donné l’utilité de cette installation pour la province, il est d’autant
plus important, selon les témoins, que le gouvernement de Terre-Neuve et du
Labrador participe activement à l’adoption de mesures pour faire en sorte que
Goose Bay satisfasse aux besoins des gouvernements alliés aux fins de l’entraînement
militaire. Les témoins privilégient également l’adoption d’une approche où
le secteur privé jouerait un plus grand rôle. À titre d’exemple, ils citent
l’expérience du Programme d’entraînement en vol de l’OTAN au Canada (NFTC),
dont Bombardier était l’un des partenaires du secteur privé[2].
Le rôle de Serco à Goose Bay se limite, par contre, à offrir des services sur
place, conformément aux dispositions de son contrat. Les témoins estiment que
le programme NFTC pourrait être élargi pour englober Goose Bay ou pourrait
servir de modèle pour renforcer le programme à Goose Bay.
Les
Affaires étrangères et Commerce international Canada (AECIC) et de l’Agence
de promotion économique du Canada atlantique (APECA) avaient été invités à
comparaître mais ils ont décidé de ne le pas faire. S’ils avaient accepté
l’invitation du Comité, ils auraient pu jeter un autre éclairage sur
l’importance stratégique internationale de Goose Bay et de son programme
d’entraînement multinational et donner un aperçu plus général des
avantages économiques de Goose Bay.
Le
Comité est arrivé à la conclusion que le mode actuel de gestion de la
base aérienne de Goose Bay n’est pas aussi profitable qu’il pourrait l’être
pour le Canada, la province et la collectivité.
a) Gérer et commercialiser Goose Bay
La
plupart des témoins voient dans Goose Bay un atout économique important, mais
pour le conserver et en étendre la portée, ils estiment que les Forces
canadiennes doivent assurer une présence visible et concrète à la base. À la
suite des événements survenus récemment au World Trade Centre et au Pentagone,
un certain nombre d’avions des Forces canadiennes ont été déplacés pendant
un certain temps à Goose Bay. Cet exemple a été cité pour démontrer
l’importance du rôle que pourrait jouer Goose Bay dans le nouveau contexte de
la sécurité.
Un
certain nombre de témoins croyaient
à la nécessité d’améliorer la commercialisation du programme d’entraînement
de Goose Bay. De plus, ils voyaient
qu’un Programme d’entraînement en vol de l’OTAN plus large au Canada (NFTC)
pourrait compléter le programme de Goose Bay ou en faire partie.
En
conséquence, le Comité recommande que le MDN réévalue l’utilisation
de la base de Goose Bay par les pays alliés comme centre d’entraînement en
vol et son propre rôle militaire à Goose Bay et décide s’il y a lieu
d’accroître sa participation opérationnelle de façon à consolider le rôle
de la base comme centre d’entraînement international.
Les
défis posés par la gestion à Goose Bay sont complexes. Bien des idées intéressantes
ont été proposées au cours des audiences et des délibérations du Comité,
comme celle de faire participer le secteur privé davantage à titre de
partenaire que de fournisseur de services et renforcer la participation locale
dans la gestion de l’installation. Un certain nombre de grands aéroports au
Canada sont maintenant gérés par des administrations locales et il semble que
ce changement a été profitable aux collectivités locales puisqu’il a
renforcé leur vitalité économique.
Même
si le protocole d’entente multilatéral avec nos alliés n’arrive à échéance
qu’en 2006, trois ans est un bien court délai pour repenser le rôle de la
base, réexaminer son mode de gestion et faire participer les intérêts concernés
à cette réflexion avant le renouvellement de l’entente internationale.
Étant
donné l’importance d’une présence continue des Forces canadiennes à la
base, le Comité recommande que le MDN entreprenne une étude des modes de
gestion possibles à Goose Bay, en fonction de sa propre analyse et des
propositions de la province et de la collectivité, en examine les points forts
et les points faible et consulte ouvertement les autres intérêts concernés.
Pour accroître la visibilité des forces militaires, le Comité
recommande aussi de déménager le Bureau de Goose Bay et son directeur général
à Goose Bay même.
Le
Comité est également d’avis qu’il n’est pas indiqué pour le moment de
renverser la décision relative à la DMP à Goose Bay. Il croit néanmoins que le
processus d’octroi d’un contrat pour l’obtention de services sur place
actuellement en cours ne devrait pas empêcher la mise en œuvre de solutions
qui pourraient raisonnablement être proposées dans la foulée des
recommandations formulées précédemment.
b) Faire participer la collectivité
Le
Comité n’est pas convaincu que la collectivité et la province ont
suffisamment participé aux décisions concernant la gestion de la base. Il
reconnaît que les préoccupations environnementales sont maintenant mieux
prises en compte et que la province, la ville et la collectivité autochtone
sont davantage consultées. Le Comité insiste toutefois sur la nécessité
d’une étude sur le rôle et la gestion de Goose Bay, qui présentent tous
deux un intérêt considérable pour la collectivité. De plus, la province de
Terre-Neuve et du Labrador peut être un partenaire important pour offrir les
services nécessaires à l’évolution du programme d’entraînement en vol.
Le
Comité recommande donc qu’au moment d’établir les plans découlant de la
stratégie de renouvellement et d’élargissement, le MDN fasse
participer la province, la ville et les collectivités autochtones, à leur élaboration.
Pour
que les équipages alliés continuent à vouloir venir s’entraîner à Goose
Bay, le Comité croit que le MDN doit démontrer qu’il jouit d’un appui
concret de la part du gouvernement du Canada, des Forces canadiennes, de la
province, de la ville de Happy Valley-Goose Bay et des collectivités
autochtones. La signature de l’entente représente un investissement important
de la part des alliés. Si l’appui à l’égard de l’entente est général
et visible, les alliés auront une meilleure garantie que leur investissement
rapportera et qu’ils jouiront d’un accès fiable aux services et aux
installations promis par le Canada. Mais cela exige par ailleurs un appui général
de la part des Canadiens et de la collectivité.
Résumé
En
résumé, le Comité conclut que le terrain d’aviation de Goose Bay est une
installation publique importante qui pourrait mieux servir les intérêts du
Canada et de la collectivité, si ses actifs étaient mieux gérés et
commercialisés. Cette constatation ne se veut en rien une critique à
l’endroit des compétences ou des efforts des personnes désignées par le MDN
pour gérer la base. Le Comité ne souhaite pas non plus remettre en question la
façon dont le MDN s’acquitte de ses responsabilités militaires. Il reconnaît
par contre que d’importantes considérations économiques et sociales doivent
aussi être prises en compte et estime que celles-ci pourraient l’être de façon
à compléter les rôles militaires de la base. En conséquence, il recommande
que le MDN :
a)
trouve la meilleure façon de concilier le rôle des Forces canadiennes
à la base de Goose Bay et son utilisation par les forces alliées à des fins
d’entraînement, à la lumière du potentiel militaire de l’installation;
b)
examine d’autres modes de gestion de la base en gardant à l’esprit
ses rôles militaires et socioéconomiques;
c)
entreprenne ces études de la façon appropriée mais aussi en
s’assurant de la pleine participation de la province et des collectivités
locales dans un esprit de partenariat;
d)
déménage le Bureau de gestion de Goose Bay à Goose Bay même;
e)
procède à l’octroi de contrats pour l’obtention de services sur
place conformément à la politique de Diversification des modes de prestations,
mais ne ferme pas la porte aux solutions qui pourraient émaner de la mise en œuvre
des recommandations a) et b).
Le 18 juin
2002
Du Ministère
de la Défense nationale:
Jim
Richardson, directeur, Obtention de modes de prestation de services importants;
Frank Young,
administrateur général, Bureau de Goose Bay;
Colonel
Alan D. Hunter, directeur, Emploi de la force (air);
Colonel
Robert Bertrand, directeur, Fonction de contrôle et planification d’activités
(air).
De
l’Union des employés de la Défense nationale :
John MacLennan, président national;
Randy Ford, président, Association locale des employés Serco.
Du
Gouvernement de la Terre-Neuve et du Labrador :
Doug Smith, sous-ministre adjoint des affaires intergouvernementales;
Rex Goudie, sous-ministre adjoint des affaires du Labrador et des
autochtones;
Peter Woodward, président du conseil consultatif sur l’économie et la
technologie.
De la
Ville de Happy Valley – Goose Bay :
Dennis Peck, directeur du Développement économique.
De la
Chambre de commerce du Labrador Nord :
Dave Hunt, president;
John McGrath.
Député
du Labrador :
Lawrence O’Brien, député.
[1]
Institut pour la surveillance et la recherché environnementales, Economic
Impact of Military Flight Training in Labrador and North-Eastern Quebec,
préparé par AMEC Earth & Environmental Limited and Gardner Pinfold
Consulting Economists Limited, octobre 2000, page 62.
[2]
Le Programme d’entraînement en vol de l’OTAN au Canada (NFTC)
fonctionne indépendamment du programme qui a cours à Goose Bay, même
s’il met l’accent lui aussi sur l’entraînement en vol. Le NFTC
fonctionne à partir de plusieurs bases de l’Ouest canadien. Son
partenaire du secteur privé, en l’occurrence Bombardier, joue un rôle
plus grand que ne le fait Serco à Goose Bay. Par exemple, il fournit bon
nombre des avions utilisés aux fins de l’entraînement.