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Délibérations du Comité sénatorial permanent
des finances nationales

Fascicule 17 - Témoignages


OTTAWA, le mardi 18 septembre 2001

Le Comité sénatorial permanent des finances nationales se réunit aujourd'hui à 9 h 30 pour examiner le rôle du gouvernement dans le financement des coûts de l'entretien différé dans les établissements postsecondaires du Canada.

Le sénateur Lowell Murray (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Collègues, je vous souhaite la bienvenue à l'occasion de cette première séance de l'automne 2001. Nous avons un menu plutôt chargé pour les mois à venir. Je m'attends à ce que le comité se réunisse deux fois par semaine d'ici le congé de Noël. Et ce, uniquement pour examiner deux ordres de renvoi que nous a fait parvenir le Sénat. Le premier porte sur la question du financement des coûts de l'entretien différé dans les établissements postsecondaires du Canada. Le second, auquel nous nous attaquerons le mois prochain, porte sur le programme de péréquation fédéral.

Aujourd'hui, nous allons entamer notre étude du rôle du gouvernement - et non seulement du gouvernement fédéral -, dans le financement des coûts de l'entretien différé dans les établissements postsecondaires au Canada. Comme vous le savez, c'est notre ami, le sénateur Moore, de la Nouvelle-Écosse, qui a attiré notre attention sur cette question l'année dernière. Il a suscité un débat au Sénat auquel bon nombre de nos collègues ont pris part, débat qui a été suivi par un ordre de renvoi adopté par le Sénat en juin. Il est demandé au comité de faire rapport au Sénat sur cette question le 31 octobre 2001. Dans une grande mesure, l'étude du comité est fondée sur un rapport intitulé «A Point of no Return: The Urgent Need for Infrastructure Renewal at Canadian Universities», rédigé en anglais par l'Association canadienne du personnel administratif universitaire. Vous vous souviendrez que ses auteurs allaient jusqu'à affirmer que des frais d'entretien de l'ordre de 3,6 milliards de dollars ont été différés pour une raison ou pour une autre dans nos établissements postsecondaires.

Vous avez reçu ce rapport, des notes d'information et des exemplaires des discours prononcés par les sénateurs au cours du débat. Tout cela vous a été envoyé pendant l'été.

Aujourd'hui, nous accueillons deux groupes de témoins. Le premier est M. Thomas Brzustowski, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada qui, un peu plus tard dans la matinée, doit prendre l'avion pour Sackville, au Nouveau-Brunswick, en vue de prononcer une allocution à l'Université Mount Allison. Nos meilleurs voeux sont avec lui dans cette entreprise et nous ferons de notre mieux pour lui permettre de respecter son horaire en ne le gardant pas plus de 30 à 45 minutes.

Je crois savoir que vous avez une brève déclaration liminaire.

M. Thomas A. Brzustowski, président, Conseil de recher ches en sciences naturelles et en génie du Canada: Monsieur le président, je suis heureux d'apporter ma modeste contribution au mandat du comité. J'aborde vos délibérations dans la perspective du financement fédéral de la recherche, et je vous expliquerai les pressions auxquelles sont soumises les universités à cause, entre autres, des frais d'entretien différé.

Avec votre permission, je vais maintenant passer au diagramme qui figure dans la trousse d'information. Je vais laisser les députés en lire le texte. S'il semble complexe, c'est qu'il l'est. Il reflète la réalité. Un élément du financement de la recherche dans les universités canadiennes exerce des pressions qui débouchent sur des coûts d'entretien différé. Cela est indéniable. Le diagramme présente une ventilation des divers types de dépenses liées à la recherche universitaire et des instances qui les assument.

Si nous commençons au haut du diagramme, vous verrez que j'y ai mis les dépenses. Les coûts liés aux personnes participant à la recherche dans les universités sont plus ou moins sur la gauche, et les outils plus ou moins sur la droite.

Ma propre agence, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, a pour devise: investir dans les gens, les découvertes et l'innovation. J'attire donc votre attention sur la partie du diagramme d'où partent trois flèches.

[Français]

Les coûts directs liés à la recherche du CRSNG comprennent les subventions.

[Traduction]

Nous assumons les coûts directs de la recherche, c'est-à-dire les coûts qui ont un lien direct avec un projet de recherche, et les coûts du matériel de recherches non réutilisable. Cela se trouve du côté droit, sous la rubrique coûts d'exploitation: les instruments et les outils, la maintenance, l'informatique, les télécommunications, les déplacements et la logistique, les coûts de publication et cetera. Nous assumons également le coût du personnel de recherche. Il peut s'agir d'assistants à la recherche ou de techniciens à plein temps. Leurs rémunérations et avantages sociaux sont payés par le CRSNG.

Et enfin, dans ce domaine dont beaucoup d'entre vous conviendront qu'il est peut-être le plus important, nous subven tionnons de deux façons les jeunes, les étudiants qui acquièrent une formation dans le domaine de la recherche. Il s'agit de personnes qui présentent leur candidature ou qui sont nommées par leurs universités. Il y a des concours directs, des concours individuels pour l'obtention de bourses et de postes de chargés d'études. Il y a aussi ceux et celles qui sont nommés assistants de recherche par leurs professeurs qui sont aussi chercheurs principaux. Par conséquent, ils sont aussi rémunérés à même l'argent versé par l'entremise de nos subventions.

Cependant, ce n'est pas tout. Un petit plus à gauche, sous la rubrique "chercheurs principaux", vous pouvez lire trois chiffres, soit environ 9 000 professeurs dont nous appuyons la recherche dans les universités d'un océan à l'autre. Ce nombre va croissant et à la première page de mon mémoire j'explique pourquoi et comment. Nous ne payons aucun de ces salaires, si ce n'est pour les 160 à 170 personnes qui sont titulaires de ce que nous appelons les «chaires de recherche industrielle» du CRSNG. Dans ces cas, nous leur versons une rémunération sur une période de cinq ans.

Comme vous pouvez le voir, le Programme des chaires de recherche du Canada, un programme nouveau lancé il y a quelques années, permettra de venir en aide à quelque 900 per sonnes, professeurs de sciences et de génie, sur un total de 2 000.

La plupart des chercheurs oeuvrant dans nos universités - c'est-à-dire les professeurs qui effectuent la recherche, supervisent des étudiants de deuxième cycle et tirent parti de leurs connaissances du domaine de la recherche pour alimenter leurs cours universitaires - ne sont pas rémunérés par le Conseil. Leur salaire provient du budget d'exploitation des universités, lesquels sont alimentés par les subventions provinciales et les frais de scolarité versés par les étudiants.

Voilà qui met fin au côté gauche du diagramme.

Sous la rubrique «Outils», on retrouve un élément nouveau et très important pour notre pays, soit une vaste infrastructure de recherche.

[Français]

Ce sont les installations spécialisées, ce sont les gros appareils.

[Traduction]

Il s'agit d'installations spécialisées et de gros appareils majeurs que la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) contribue à financer. La Fondation assume 40 p. 100 des dépenses en immobilisations; les universités doivent trouver elles-mêmes les 60 p. 100 qui restent. Sauf pour une injection récente d'argent dans le budget de la Fondation pour subventionner une partie de l'équipement installé après une date en particulier, les universités doivent se débrouiller seules avec l'argent fourni par la Fondation.

Nous avons aussi un programme modeste dont le titre exact, «Programme des subventions d'accès aux installations majeures», figure dans la trousse d'information. Il offre accès à certaines de ces grandes installations, mais il est plutôt négligeable en comparaison avec les autres. Nous parlons en l'occurrence de coûts d'exploitation qui peuvent être estimés prudemment à 10 p. 100 par année des coûts en immobilisations, et cela ne comprend même pas l'amortissement. Par ailleurs, la Fondation pour l'innovation investit des milliards de dollars dans l'infrastr ucture de recherche. Les universités commencent à se rendre compte qu'elles doivent relever un véritable défi pour financer les coûts d'exploitation.

Mon dernier point se rapproche davantage du mandat du comité, soit les installations et services universitaires dont l'acquisition est nécessaire pour faire de la recherche mais qui ne sont payés par personne en particulier. Les universités sont laissées à elles-mêmes pour ce qui est de financer ces prétendus «coûts indirects», qui sont assez substantiels. Ils comprennent, entre autres, les coûts liés aux bibliothèques, aux laboratoires et aux installations pour les animaux qui doivent être conformes aux normes du Conseil canadien de la protection des animaux, ainsi que les coûts associés au réseau informatique, à l'atelier d'électronique et à d'autres ateliers. Cela revêt une importance capitale. Lors d'une visite à l'Université Saint-François-Xavier l'an dernier, nous avons constaté que dans certains cas, en l'absence d'un technicien en électronique sur le campus ou au département, lorsque des pièces d'équipement courant avaient besoin d'entretien, soit on faisait venir un technicien de Halifax, au coût de 1 000 $ par jour environ, soit on expédiait l'équipement en question dans une autre ville s'il n'y avait pas de distributeur à Halifax ou s'il n'y avait pas de services disponibles sur place. En plus de devoir trouver l'argent, l'université était privée de l'équipement pendant au moins un mois, et ce n'était même pas de l'équipement spécialisé. C'est le genre de problèmes qu'il est très difficile à gérer en l'absence d'un budget convenable pour assumer certains de ces coûts internes indirects, soit les techniciens de service et les ateliers. En outre, il faut payer des assurances ainsi que des services juridiques et comptables. L'administration de la recherche doit également se soumettre aux exigences que le gouvernement du Canada impose à des agences comme la nôtre en matière de responsabilisation pour ce qui est de l'usage de ces fonds publics. En outre, une analyse éthique doit avoir lieu lorsque la recherche met en cause des êtres humains et il faut parfois procéder à une évaluation environnementale lorsque l'exige la Loi sur les évaluations environnementales. Des rapports doivent faire suite aux pratiques d'autorisation de dépenses et il faut que les dossiers puissent être disponibles pour des vérifica tions ponctuelles. Tout cela coûte de l'argent. Voilà pour les coûts indirects.

En l'occurrence, je dois me fier à des déclarations de seconde main. C'est dans ce domaine, entre autres, que les universités sont soumises à une telle pression que la solution qu'elles ont privilégiée a été de différer l'entretien de leurs immeubles. Si on peut s'en servir en toute sécurité, on le fera, mais on ne fera rien pour les rendre conformes à des normes supérieures qui sont peut-être nécessaires. Leur entretien laissera à désirer.

C'est un dossier complexe. On pense que le gouvernement fédéral finance la recherche par le biais des agences compétentes. C'est vrai, mais il n'est pas le seul bailleur de fonds. Les provinces sont ses partenaires par le biais des subventions d'exploitation qu'elles versent aux universités et parfois, elles contribuent encore plus directement au financement de l'infrastr ucture en partenariat avec la FCI. Les étudiants sont également des partenaires puisque leurs frais de scolarité servent à payer les chercheurs principaux. Au bout du compte, cependant, ce sont les universités qui doivent jongler avec tout cela et s'arranger pour joindre les deux bouts.

Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Si je peux vous être aider en répondant à vos questions, je le ferai volontiers.

Le président: Merci, monsieur Brzustowski. Le sénateur Moore a été l'instigateur de cette étude. Je vais donc lui demander de lancer la période de questions.

Le sénateur Moore: Bienvenue, monsieur. Je ne sais pas par où commencer. Vous avez soulevé de nombreux aspects de cette question dans votre exposé. Lorsque vous avez dit que le CRSNG payait les coûts directs de la recherche, vous avez mentionné le Programme des chaires de recherche du Canada. Comment ce programme est-il financé? Selon un système de réciprocité? Les établissements doivent-ils fournir des fonds de contrepartie?

M. Brzustowski: Pas pour le Programme des chaires de recherche du Canada. Les établissements reçoivent 100 000 $ par an pour un professeur agrégé - ceux qu'on appelle les titulaires de chaire de la catégorie 1. On n'exige pas de fonds de contrepartie. D'après ce que nous disent les universités, les réactions varient énormément. Certaines investissent des fonds supplémentaires pour aider les titulaires de chaire à se lancer dans la recherche. D'autres se servent d'une bonne partie de cet argent pour financer les coûts indirects de la recherche pour l'ensemble de l'université. Cela varie énormément d'un bout à l'autre du pays. Le programme a été conçu de façon à donner aux universités carte blanche en la matière.

Le sénateur Moore: Vous avez parlé de la Fondation canadienne pour l'innovation. Environ 40 p. 100 de son financement provient du gouvernement fédéral et 60 p. 100 des universités, n'est-ce pas?

M. Brzustowski: C'est exact. Environ 60 p. 100 provient de divers partenaires, quels qu'ils soient. Parfois, ces partenaires sont les gouvernements provinciaux qui fournissent exactement la même somme que le gouvernement fédéral. Parfois, les universi tés elles-mêmes puisent dans leurs fonds de dotation et font des collectes de fonds pour recueillir une partie du financement. D'après ce que j'ai compris, il arrive même parfois que des agences fédérales comme l'APECA donne un coup de main pour trouver les 60 p. 100 qui restent.

Le sénateur Moore: Ce n'est pas une réponse directe à ma question, monsieur le président, mais je conçois que toutes ces choses sont inter-reliées.

Que se passe-t-il dans le cas des petits établissements qui n'ont pas de partenaires corporatifs dans leur voisinage ou qui n'ont pas de fonds de dotation? Comment participent-ils?

M. Brzustowski: C'est un véritable défi. C'est un problème épineux qui a souvent été évoqué au CRSNG au sujet de nos propres programmes, lesquels permettent le versement d'argent en partenariat avec l'industrie. D'ailleurs l'absence de partenaires ne touche pas seulement le Canada atlantique. Cela dit, s'il n'y a pas d'industries dans le secteur, il est très difficile de trouver des partenaires industriels. Cela ne fait aucun doute.

Au CRSNG, lorsque la question a d'abord été soulevée en rapport avec la répartition des chaires au Canada, cela nous a énormément inquiétés. Notre équipe de la haute direction a visité 11 universités au Canada atlantique. Je faisais partie d'un groupe qui s'est rendu dans cinq universités - l'autre groupe en a visitées six - pour se familiariser avec leurs problèmes. Nous nous sommes ensuite rendus au Manitoba et en Saskatchewan à l'automne de la même année pour visiter cinq universités de cette région. Il n'y a pas une seule raison qui fait que les universités en sont là. Il existe un problème lorsqu'une petite université qui, parce qu'elle juge que cela peut constituer un apport au développement économique et social local, décide de se lancer dorénavant dans la recherche sans avoir d'antécédents dans ce domaine.

Si elle n'a pas de programme de deuxième cycle, elle n'aura donc pas accès à notre financement à cet égard. Il n'y a peut-être pas d'industries dans la région, ce qui l'empêchera de trouver de trouver des partenaires industriels. Elle aura aussi du mal à attirer des professeurs qui considéreront cet établissement comme un lieu où ils voudront faire carrière s'ils aspirent à faire de la recherche. De tels établissements doivent tout faire tout seuls. Le programme du Conseil en vertu duquel nous fournissons un appui à la recherche en laboratoire pour des étudiants choisis du deuxième cycle est l'une des meilleures formes d'aide pour les petites universités.

Par ailleurs, on voit aussi des universités qui jouissaient à une époque d'une meilleure réputation qu'aujourd'hui. Pourquoi? La capacité intellectuelle est la même. C'est la capacité de production qui a décliné. Les compressions budgétaires ont entraîné la suppression des techniciens de laboratoire. Il y a dans les Prairies une université qui, à une époque, était parmi les quatre meilleures universités de recherche au pays. Depuis, sa faculté des sciences a perdu tous ses techniciens.

Le sénateur Moore: Où sont-ils allés?

M. Brzustowski: On leur a permis de prendre une retraite précoce parce que l'université a dû faire des compressions budgétaires au fil des années suite aux décisions de financement du gouvernement provincial.

Le sénateur Moore: Cela avait-il un rapport avec les installations également?

M. Brzustowski: Les installations sont en cause maintenant. Elles se dégradent parce que les techniciens ne sont pas là pour y voir. C'est un cercle vicieux. C'est très dur.

Le sénateur Moore: Comment briser ce cercle vicieux?

M. Brzustowski: En reconnaissant les problèmes et en ciblant nos investissements. Les problèmes diffèrent selon les universités. Nous ne nous attendons pas à ce que soudainement, ces établissements se méritent des fonds de recherche dans le contexte de compétitions nationales. D'ailleurs, cela ne leur serait d'aucune utilité étant donné qu'ils n'ont pas la capacité de financer les coûts indirects. Ils doivent recevoir des fonds ciblés pendant un certain nombre d'années. S'ils font la preuve que c'est de techniciens dont ils ont le plus besoin, l'argent peut servir à cette fin. S'ils ont surtout besoin d'améliorer leurs immeubles et de construire un atelier moderne, l'argent peut servir pour cela. S'ils ont surtout besoin d'attirer un ou deux jeunes professeurs en leur offrant un bon salaire et la perspective d'une carrière intéressante, l'argent peut servir à cela aussi. Il faut donc que le financement soit ciblé et utilisé de façon judicieuse.

Il faut mettre dans la balance d'une part, les exigences de la responsabilisation - la transparence concernant l'usage de fonds publics - et d'autre part, l'investissement judicieux de l'argent là où on en a besoin, au lieu de forcer les universités à s'adapter à un programme qui ne répond pas vraiment à leurs besoins. Voilà ce qu'il faut faire.

C'est facile à dire, sénateur. Voilà notre diagnostic après avoir visité ces universités qui ont des problèmes. Comme je le disais, c'est évidemment plus facile à dire qu'à faire.

Le sénateur Moore: C'est plus facile à dire qu'à faire, en effet. Il est difficile d'étudier cette question sans examiner les universités disséminées un peu partout au pays et la grande variété des fonds de dotation et des capacités à participer aux programmes de financement qui sont disponibles. C'est un peu comme la question de l'oeuf et de la poule. Si l'on n'a pas suffisamment de fonds, on ne peut attirer les chercheurs, les professeurs et les bons élèves. Ils ne peuvent pas tous aller dans les grandes villes du pays et ils ne peuvent pas tous aller aux États-Unis. Nous ne voulons pas que cela se produise.

Je pense à ma propre région et en tant que sénateur, il est de mon devoir, entre autres, de la représenter. Dans le Canada Atlantique, on compte 17 universités.

Le sénateur Stratton: Pourquoi?

Le sénateur Moore: Nous sommes doués pour l'enseigne ment. Nous oeuvrons dans ce domaine depuis des centaines d'années.

Le sénateur Stratton: Je voulais savoir pourquoi il y en a 17? Quelle est la population du Canada Atlantique?

Le sénateur Moore: Devrais-je répondre à la question de l'honorable sénateur?

Le président: Allez-y, sénateur Moore.

Le sénateur Moore: Je vais en finir avec la question précédente et ensuite, je répondrai à celle du sénateur Stratton.

Voilà la situation. Nous assumons l'éducation d'un fort pourcentage des étudiants de niveau universitaire du pays, y compris certains de l'Ouest, mais sur le plan de l'équité, nous n'obtenons pas le degré de participation approprié. Nous ne sommes pas en mesure de participer à des programmes de financement, ce qui aggrave encore plus le problème de l'entretien différé.

M. Brzustowski: Puis-je exprimer mon désaccord avec vous sur une chose en particulier? Je pense que vous serez heureux que je ne sois pas d'accord avec vous à ce sujet. Vous avez mentionné que les universités ne sont pas en mesure d'attirer de bons étudiants.

Le sénateur Moore: Je ne dis pas que nous n'avons pas de bons étudiants. Simplement, si ce cercle vicieux n'est pas brisé, il pourrait déboucher sur une réduction de la qualité des ensei gnants, des chercheurs et des étudiants.

M. Brzustowski: Ce sera sans doute les étudiants qui paveront la voie vers une solution. D'après notre expérience, les universités, même celles qui n'ont pas de programmes de deuxième cycle et qui n'ont pas accès aux fonds réservés à ce niveau, font en sorte d'offrir des expériences de recherche en laboratoire enrichissantes à leurs meilleurs étudiants pendant l'été. Certaines des recherches menées par des étudiants de premier cycle sont en fait suffisamment valables pour être publiées. Notre programme de Bourses de recherche pour les étudiants de premier cycle vise précisément à aider les petites universités à cet égard. Ces étudiants sont d'excellents candidats pour des études de deuxième cycle. Il arrive qu'il y ait des programmes de deuxième cycle disponibles ailleurs si les universités en question n'en ont pas, mais si certaines de ces universités décidaient collectivement d'élargir leurs programmes de deuxième cycle, ils auraient sur-le-champ toute une brochette de candidats du premier cycle de très haute volée.

La situation n'est pas propre au Canada. Certains desmeilleurs petits collèges de la Nouvelle-Angleterre, des collèges d'humanités et de sciences, produisent de superbes candidats aux études de deuxième cycle dans les universités de recherche des États-Unis. C'est une comparaison exacte.

Le sénateur Moore: Pour ce qui est des coûts indirects, je suppose que vous entendez par là l'entretien différé?

M. Brzustowski: J'englobe l'entretien; le fait qu'il soit différé découle de décisions successives.

Le sénateur Moore: Tout à fait. Lorsque le CRSNG décide d'octroyer des fonds, y a-t-il un pourcentage alloué aux installations et à leur entretien permanent? Vous avez dit dans votre déclaration que les universités devaient se débrouiller seules.

M. Brzustowski: C'est juste, et même encore pire que cela. La réponse est non. En fait, au cours de la première phase, nous serons en mesure de fournir aux candidats reçus 39 p. 100 de ce qu'ils ont demandé. Le système du financement de la recherche est fragmenté au Canada et, comparativement aux États-Unis, par exemple, nous y consacrons beaucoup moins d'argent.

Aux États-Unis, la National Science Foundation financerait l'ensemble des coûts indirects. Elle paierait le salaire des professeurs, pendant à tout le moins les deux mois de l'été, et l'argent proviendrait d'une source unique. Soit que la Foundation accepte une proposition et qu'elle la finance presque entièrement, soit qu'elle la rejette. Ici, nous avons une approche fragmentée qui a créé une situation difficile.

Le sénateur Moore: Je crois savoir qu'aux États-Unis, le financement destiné aux installations et aux coûts indirects peut aller de 15 à 115 p. 100, avec une moyenne de 50 ou 60 p. 100.

M. Brzustowski: Absolument.

Le sénateur Moore: Je considère que cette instance livre concurrence pour nos enseignants, nos chercheurs et nos étudiants. Par conséquent, nous aurions intérêt à abandonner cette approche fragmentée et à essayer de régler le problème de façon différente.

M. Brzustowski: Si l'on essaie de régler le problème dans les limites des budgets actuels, sans débloquer de nouveaux fonds, il est évident qu'un plus petit pourcentage de gens pourront être financés et les chances des petites universités de s'en sortir seront plutôt minces. Voilà pourquoi je reviens à mon argument au sujet des investissements ciblés; il faut reconnaître leurs besoins spécifiques et leur permettre de réussir beaucoup mieux dans les compétitions nationales.

Soit dit en passant, c'est ce que souhaitent les universités. Elles ne nous demandent pas d'abaisser nos normes pour elles. Pas du tout. La capacité intellectuelle est là. C'est la capacité de production qui fait défaut.

Le président: Sénateur Moore, je me fais du souci au sujet de l'horaire du témoin. Nous pourrions peut-être vous revenir.

Le sénateur Banks: Pour faire suite à ce que vous venez de dire et à la question posée par le sénateur Moore, à votre avis - et soyez franc -, n'aurions-nous pas intérêt à résoudre le problème en prenant comme hypothèse de base qu'il n'y aura pas tellement plus d'argent disponible - ce qui, pour l'heure, compte tenu des événements, risque de bien d'être le cas -, et de moins se disperser? Ne serait-il pas préférable de s'attacher à un plus petit nombre de projets qui ne sont pas financés adéquatement; autrement dit, de réduire le nombre de projets de recherche et de financer chacun d'eux plus généreusement? Serait-il plus utile de restreindre le nombre de projets et de se spécialiser?

Pour formuler la question autrement, s'il n'y a pas davantage d'argent disponible, ne serait-il pas plus rentable de distribuer les fonds en restreignant les projets qui peuvent en bénéficier?

M. Brzustowski: Je vais répondre sans détour. Voici mon opinion personnelle. Il nous faut deux choses: nous avons besoin d'un vaste bassin de personnes hautement scolarisées et d'un grand nombre de professeurs d'université actifs dans le domaine de la recherche qui sont capables d'enseigner à des gens qui comprennent la science et la technologie d'aujourd'hui non seulement parce qu'ils créeront un nouveau savoir au Canada, mais parce qu'ils nous donneront accès à de nouvelles connais sances provenant de partout dans le monde. Nous avons besoin d'une telle base. Au-delà de cela, il faut élaborer une stratégie. Il y a une stratégie que j'aime bien et qui, à mon avis, est la seule qui est logique. Je l'appelle le «saute-mouton stratégique». Il ne faut pas essayer de faire du rattrapage sur tous les fronts en injectant davantage d'argent dans tous nos domaines d'activités pour que nous puissions avancer un petit peu mieux et un petit peu plus vite. Il faut plutôt accepter le fait que dans certains domaines, nous ne sommes pas à la fine pointe, mais que nous sommes suffisamment compétents pour qu'un investissement ciblé nous permette de franchir ce pas. Ce serait ma réponse: un bassin solide dans tout le pays, et cela englobe des investisse ments ciblés vers les petites universités. Une fois ce bassin acquis, il faut faire du dépassement stratégique, c'est-à-dire déterminer dans quel domaine nous avons la possibilité de dépasser la concurrence. Ce sera là une décision difficile, mais nous devrions vraiment investir de façon ciblée dans les domaines où nous sommes les meilleurs. Cette idée n'est pas de moi. C'est précisément la stratégie de Génome Canada.

Le sénateur Banks: Pour donner un exemple, il y a certains produits de cette recherche - j'hésite à employer le terme «produits» mais parfois il s'agit de produits d'un genre ou l'autre - à l'égard desquels l'université conserve un intérêt de propriétaire permanent et résiduel. Dans quelle mesure ce rendement permet-il de payer les dépenses de recherche de l'université?

M. Brzustowski: Encore une fois, je parlerai franchement et je n'irai pas par quatre chemins. À ce stade-ci, cette activité a uniquement une portée suffisante au Canada pour payer en moyenne les coûts d'administration des bureaux de recherche. Ce qui importe, c'est que la formule «inventé au Canada» veuille dire «fabriqué au Canada», si l'invention est le fruit de recherches financées par l'État.

C'est le cas de projets de recherche à court terme où l'industrie fournit un partenaire qui arrive à la table avec son propre argent. D'après notre expérience, chaque dollar de financement du Conseil attire 1,70 $ des milieux industriels, et ce 2,70 $ est dépensé à l'université. Si l'industrie apporte davantage d'argent au moulin, elle pourra utiliser les résultats plus rapidement.

Les résultats à long terme de la recherche fondamentale, qui sont susceptibles de déboucher sur des changements considérables et de produire des innovations spectaculaires dans notre façon de faire les choses, prennent du temps. Un grand nombre de ces innovations ne devraient pas être commercialisées. Elles devraient rester dans le domaine public pour toutes sortes de bonnes raisons. Cependant, certaines d'entre elles devraient être commer cialisées afin d'alimenter l'économie qui crée les recettes fiscales permettant de financer ces efforts.

L'objectif principal devrait une nouvelle activité économique, de nouveaux emplois, de nouveaux secteurs et entreprises. Ça ne devrait pas être de réinjecter les revenus dans les universités. On fausse carrément les choses si l'objet ultime de l'exercice est de permettre aux universités de conserver le contrôle sur la recherche et de tenter de résoudre ses problèmes budgétaires au moyen de la commercialisation des résultats d'une partie de ces recherches. Cela devrait être l'apanage du secteur privé pour le plus grand bien de l'ensemble de l'économie. En fait, c'est la seule option possible étant donné que les personnes qui s'y connaissent beaucoup mieux que moi affirment que l'investissement privé nécessaire pour prendre une idée qui a passé avec succès le test de la recherche en laboratoire et la transformer en un produit populaire sur le marché dépasse de loin l'investissement public consacré à la recherche en premier lieu. En outre, les investisseurs privés assument tous les risques de l'échec de la mise en marché ou de la pénétration du marché.

Je ne considère pas cela comme une solution, mais comme une activité extrêmement importante pour la nation.

Le sénateur Banks: Comme dans tous les domaines, il y a deux versions, et la vérité est quelque part ailleurs. Avez-vous le sentiment que si la cavalerie se pointait chargée de sacs d'or, nous récompenserions une gestion imprudente?

M. Brzustowski: Je ne le pense pas. Cela ne se ferait pas spontanément. N'oubliez pas que les chercheurs sont des gens qui donnent le meilleur d'eux-mêmes lorsqu'ils font ce pour quoi ils ont été formés, soit la recherche. Très souvent, ils ne comprennent pas la structure financière de leur propre université. Si les universités obtenaient des fonds supplémentaires, elles devraient en faire une gestion sérieuse. L'argent ne serait pas soudainement distribué en tant que nouvelle source de fonds de recherche. Il devrait viser à résoudre les problèmes créés par les fonds de recherche actuels. Ces problèmes, il y en a toute une liste, notamment la pénurie de techniciens et l'entretien différé. Si cela était perçu comme une manne pour que les chercheurs fassent simplement plus dans la même veine qu'avant, on aurait raté le coche et le problème ne serait toujours pas résolu, peu importe la somme investie.

Le sénateur Stratton: Il est du devoir de ceux qui siègent autour de cette table de poser certaines questions difficiles. Lorsque je songe à l'éducation postsecondaire, je considère qu'une partie du problème tient au fait que nous avons une population de 30 millions d'habitants répartis inégalement sur le territoire. Par exemple, il y a 40 ans, le Manitoba avait une université et un collège; à l'heure actuelle, elle compte trois universités et de nombreux collèges communautaires pour une population d'un million d'habitants. Il devient très difficile d'appuyer ce genre d'infrastructure avec le bassin démographique qui est le nôtre. C'était là le sens de ma question au sénateur Moore: s'il y a 17 universités dans les quatre provinces de l'Atlantique, quand on y pense, c'est un ratio assez élevé.

Il faut se poser une question qui fait d'ailleurs suite aux propos du sénateur Banks. Peut-être qu'une rationalisation s'impose et qu'on devrait, comme vous l'avez dit, adopter une approche ciblée plutôt que de continuer à prendre de l'expansion. Je sais qu'au Manitoba, on envisage de construire une autre université dans le Nord. Je suis absolument abasourdi devant une telle perspective, non pas que cela ne serait pas utile pour les citoyens de la région septentrionale, mais simplement en raison du coût.

En Colombie-Britannique, Prince George est le site de l'université dans le Nord. Il y a lieu de s'interroger. Il est relativement facile de créer de nouvelles instances, mais lorsqu'on s'entretient avec des représentants des universités ou de tout autre domaine du genre, par exemple des orchestres symphoniques ou des troupes de ballet, il devient évident que dès qu'on crée une infrastructure, on est obligé de l'appuyer indéfiniment.

C'est un grave problème qui me préoccupe sérieusement. En dépit de notre faible bassin de population, nous continuons de créer de plus en plus d'établissements. Cela impose de sérieuses contraintes.

Voulez-vous répondre à cela?

M. Brzustowski: Vous posez une question difficile, sénateur.

Le sénateur Stratton: Oui, je le sais, mais j'estime qu'elle doit être posée.

M. Brzustowski: J'espère que vous vous satisferez de mon opinion personnelle, car ce ne sont pas là des questions que le Conseil a examinées.

Je pense que nous accordons trop d'importance à la petite taille de notre population. Trente millions d'habitants, ce n'est pas rien. Notre population est dispersée, mais ce n'est pas que dans l'Ouest qu'il y a d'énormes distances. Je peux vous le dire d'expérience.

Le fait est que certaines des problèmes dont nous discutons n'ont rien à voir avec la taille de notre pays. La Suède, qui compte 2 millions d'habitants de moins que l'Ontario, peut compter sur des établissements scientifiques dotés d'équipement dernier cri. Le seul inconvénient, c'est qu'ils n'abritent suffisam ment de chercheurs.

Au bout du compte, l'important dans les universités, c'est le nombre moyen d'élèves par rapport au nombre moyen de professeurs. Nous ne pouvons pas aller au-delà d'un certain nombre et continuer à maintenir un système d'éducation efficace qui permette un élément d'interaction sociale. Or, l'université doit offrir cela. Les gens doivent avoir la possibilité d'échanger des idées.

Si vous dites que ce nombre doit être de 20 ou 25, je dis qu'il avoisine plutôt 25 que 20 au Canada. Lorsque les universités affirmaient vivre une crise, ce nombre s'élevait à 16, mais aujourd'hui il est beaucoup plus près de 24. Combien coûte le fait de créer de petites unités dans les grandes universités ou des unités exclusives dans les très petites universités? Je n'ai lu aucune étude sur le sujet, mais je présume que le coût n'est pas énorme. L'important, c'est de créer des classes comptant un certain nombre de jeunes. Que vous fassiez cela dans les très grandes universités, où vous conserveriez un enseignement de qualité grâce à des classes assez petites, ou que vous le fassiez dans les petites institutions, c'est en grande partie une question de choix et de culture locale.

Vous avez parlé de la Colombie-Britannique. On m'a expliqué que l'Université du nord de la Colombie-Britannique à Prince George, qui devait être une «université pour le nord», répond en fait aux besoins des habitants du sud de la province où l'on manque de places dans les universités.

Il faudrait que je connaisse davantage de détails liés à la région avant de pouvoir répondre à la question.

J'ai visité les universités de Winnipeg et du Manitoba à plusieurs reprises. J'ai vu des salles de classe remplies de jeunes. Je n'ai pas vu de places inoccupées dans des établissements qu'on est en train de payer et qui ne servent pas.

Ce sont là des questions très difficiles. En raison de la façon dont le système a évolué au pays, nous sommes maintenant confrontés au type d'enjeux que j'ai abordé en plus de la question de la recherche et du travail dans un milieu intellectuel.

Le président: Merci, M. Brzustowski. Bon voyage.

Notre prochain groupe de témoins provient du ministère des Finances. Comme toujours, nous lui sommes reconnaissants d'être venu et de bien vouloir nous aider dans notre travail. Je ne crois pas qu'il soit ici parce que le gouvernement fédéral veut s'approprier le problème. Peut-être veut-il nous donner une impression tout à fait contraire.

Sénateurs, vous connaissez bien notre principal témoin, car elle a déjà comparu devant le comité. Il s'agit de Susan Peterson, sous-ministre adjointe à la Direction des relations fédérales-pro vinciales et de la politique sociale.

Madame Peterson, je vous invite à présenter vos collègues et à formuler vos observations préliminaires.

Mme Susan Peterson, sous-ministre adjointe, Direction des relations fédérales-provinciales et de la politique sociale, ministère des Finances: Monsieur le président, je suis accompa gné aujourd'hui de Barbara Anderson, directrice de la division des relations fédérales-provinciales; de Stéphane Hardy, qui fait partie de la Division de la politique sociale du ministère et qui travaille en particulier au dossier de l'éducation; et de John Connell, du secteur du ministère consacré au développement économique. M. Connell a participé de près aux nouvelles initiatives que le gouvernement fédéral a mises en oeuvre dans le domaine de la recherche.

Monsieur le président, je vous sais gré de l'invitation que vous m'avez lancée. Le comité fait enquête sur le report des coûts d'entretien des établissements canadiens d'enseignement postse condaire. Bien entendu, l'enseignement postsecondaire est fonda mentalement une responsabilité provinciale. Ce sont les provinces qui déterminent le financement des établissements d'enseigne ment postsecondaire afin de leur permettre de poursuivre leurs activités, y compris l'entretien différé.

Toutefois, il est tout à fait vrai que le gouvernement fédéral joue un rôle important dans l'enseignement postsecondaire, notamment grâce aux transferts qu'il verse aux provinces et aux territoires; grâce aux investissements dans la recherche; etgrâce à des programmes visant à assurer que l'enseignement postsecondaire soit largement accessible aux Canadiensadmissibles de toutes les régions du pays, peu importe leur revenu.

Le ministère des Finances est responsable de l'administration des principaux transferts fédéraux aux provinces et aux territoires. Je crois savoir que c'est la raison pour laquelle vous m'avez invitée.

Les fonds que le gouvernement fédéral transfère aux provinces et aux territoires chaque année sont importants. Cette année, les trois principaux transferts s'élèveront à approximativement 45 milliards de dollars. À titre indicatif, ces transferts représentent environ 18 p. 100 des recettes de l'Alberta et jusqu'à 43 p. 100 de celles de la Nouvelle-Écosse. La situation des trois territoires est exceptionnelle. Les transferts fédéraux représentent 72 p. 100 des recettes du Yukon, 78 p. 100 de celles des Territoires du Nord-Ouest et 95 p. 100 de celles du Nunavut.

Compte tenu de leur importance, ces transferts contribuent évidemment au financement de nombreux programmes et services provinciaux. Ils assurent que les provinces ont la capacité financière d'offrir aux Canadiens, peu importe où ils résident, des services publics raisonnablement comparables.

Pour faire suite à certaines des observations formulées par le dernier témoin, je tiens à souligner que les transferts aux provinces et aux territoires créent une grande différence entre le Canada et nos voisins du sud. Il n'existe aucun équivalent aux États-Unis. Nous pourrions faire la somme du financement que reçoivent les universités américaines et des fonds qu'elles obtiennent des institutions de recherche, mais il demeure que les principaux transferts aux provinces et aux territoires n'ont aucun équivalent aux États-Unis.

[Français]

Le gouvernement fédéral effectue la majeure partie de ses transferts aux provinces et aux territoires dans le cadre de trois grands programmes: premièrement, le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, le TCSPS, qui a été établi en 1996.

Le TCSPS est un mécanisme global visant le financement des soins de santé, de l'aide sociale, des services sociaux, du développement de la petite enfance et de l'enseignement postse condaire. Selon la structure de ce mécanisme de financement global, les provinces sont entièrement libres de déterminer l'affectation des transferts qu'elles reçoivent dans le cadre du TCSPS.

Les transferts effectués dans le cadre du TCSPS prennent deux formes: des transferts en espèces et des transferts de points d'impôt. Cette année, le TCSPS assurera aux provinces et aux territoires 34 milliards de dollars, soit 18,3 milliards de dollars en espèces et environ 15,7 milliards de dollars en points d'impôt.

Il serait utile, ici, de revenir en arrière. L'un des programmes remplacés par le TCSPS était le Financement des programmes établis ou FPE.

Comme le TCSPS, le FPE était un mécanisme de financement global prévoyant des transferts en espèces et des transferts de points d'impôt. Contrairement au TCSPS, la législation régissant le FPE prévoyait l'affectation théorique des transferts aux soins de santé, 70 p. 100, et à l'enseignement postsecondaire, 30 p. 100.

Je parle d'«affectation théorique» parce qu'en vertu du FPE, les provinces étaient libres d'affecter les transferts fédéraux selon leurs propres priorités. L'affectation théorique reflétait la réparti tion des fonds fédéraux à l'enseignement postsecondaire et aux soins de santé lors de l'instauration du FPE en 1977.

[Traduction]

Lorsque le TCSPS est entré en vigueur en 1996, les transferts fédéraux au titre de l'enseignement postsecondaire et des soins de santé, ainsi que le financement de l'aide sociale et des services sociaux en vertu du Régime d'assistance publique du Canada, ont été inclus dans le nouveau programme. L'élément important c'est qu'en vertu du TCSPS, il n'y a pas de montant théorique affecté à un secteur en particulier. Comme je l'ai indiqué, les provinces peuvent dépenser les sommes qu'elles reçoivent selon leurs propres priorités. Cette approche fait partie intégrante de l'arrivée à maturité des relations financières entre les deux ordres de gouvernement dans la fédération canadienne.

Le deuxième programme fédéral de transfert en importance est le Programme de péréquation. J'ai déjà comparu devant vous pour en discuter et je sais que vous l'étudierez plus en profondeur plus tard.

En bref, le Programme de péréquation assure que les provinces moins prospères disposent de recettes suffisantes pour offrir des services publics raisonnablement comparables à des niveaux d'imposition raisonnablement comparables. Comme vous le savez, sept provinces sont actuellement admissibles à recevoir des paiements de péréquation. Ces paiements sont inconditionnels. Les provinces peuvent les dépenser à leur guise. Cette année, les sept provinces admissibles recevront dans le cadre de ce programme des paiements totalisant environ 10,6 milliards de dollars.

Le troisième programme fédéral de transfert en importance s'adresse plus particulièrement aux territoires. Il s'agit de la Formule de financement des territoires. Elle assure que les gouvernements territoriaux peuvent offrir des services à leurs résidents, compte tenu des coûts plus élevés de la prestation de ces services dans les régions nordiques. Cette année, les paiements aux trois territoires totaliseront 1,5 milliard de dollars. Les territoires peuvent utiliser ces fonds à leur guise.

Globalement, ces programmes de transfert constituent les principaux instruments financiers par lesquels le gouvernement fédéral contribue au financement du secteur de l'enseignement postsecondaire et de ses institutions.

Si l'on ne s'arrête qu'à ces transferts, on n'obtient pas une vue d'ensemble complète de l'aide que consent le gouvernement fédéral au titre de l'enseignement supérieur. D'autres éléments s'ajoutent à ces transferts généraux, soit les programmes et les instruments fédéraux visant étroitement l'enseignement postse condaire et la recherche. Ces programmes sont importants pour comprendre le rôle que joue le gouvernement fédéral. C'est pourquoi je veux en parler aujourd'hui.

J'aimerais d'abord exposer le rôle que le gouvernement fédéral joue depuis longtemps dans la promotion de l'accès des Canadiens à l'enseignement supérieur. Le Programme canadien de prêts aux étudiants a été instauré en 1964. Il joue un rôle très important depuis près de 40 ans, aidant les jeunes à assumer les coûts de leurs études. Cette année, dans le cadre de ce programme, des prêts de 1,7 milliard de dollars sont consentis à près de 400 000 étudiants. En 1998, le Programme a été élargi grâce à l'instauration des Subventions canadiennes pour études. Les étudiants ayant des personnes à charge et dont les besoins financiers dépassent le maximum des prêts consentis peuvent maintenant recevoir des subventions pouvant aller jusqu'à 3 000 $. L'an dernier, près de 65 000 étudiants ont obtenu des subventions canadiennes pour études totalisant 100 millions de dollars. En même temps, en 1998, un certain nombre de mesures ont été mises en place pour aider les diplômés qui ont de la difficulté à rembourser leurs prêts étudiants.

La plus importante de ces mesures est peut-être la Subvention canadienne pour l'épargne-études. Pour aider les familles à épargner pour payer les études supérieures de leurs enfants, le gouvernement ajoute aux montants que les familles placent dans des régimes enregistrés d'épargne-études chaque année. La subvention équivaut à 20 p. 100 des montants, à concurrence de 2 000 $, ou de 400 $ chaque année.

Cette subvention s'avère un énorme succès. Avant son instauration en 1998, on comptait environ 700 000 REEE au pays, représentant 2,4 milliards de dollars. En septembre 2000, soit très peu de temps après, ce nombre était passé à 1,6 million de dollars, ce qui représente 6,7 milliards de dollars. Très rapidement, les fonds épargnés par les familles pour payer les études supérieures de leurs enfants ont presque triplé.

Je vais aussi mentionner le Programme des bourses d'études canadiennes du millénaire, instauré en 1998, qui aide aussi à rendre l'enseignement supérieur abordable. Plus de 90 000 étudiants dans le besoin reçoivent chaque année des bourses d'études de 3 000 dollars en moyenne, ce qui réduit directement la dette qu'ils auraient par ailleurs à assumer.

Je vais maintenant aborder le sujet de l'investissement dans la recherche universitaire.

[Français]

Le gouvernement fédéral joue aussi un rôle depuis longtemps dans le soutien du rôle de recherche des établissements d'enseignement postsecondaires canadiens. J'aimerais traiter de ce sujet maintenant.

Premièrement, les trois conseils subventionnaires fédéraux soutiennent la recherche: le Conseil de recherches en sciences sociales, créé en 1977; le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, créé en 1978; et les Instituts de recherche en santé du Canada, créés en 2000.

Les conseils subventionnaires sont les principales sources de financement gouvernemental des chercheurs des universités, des collèges communautaires et des hôpitaux de recherche. Leurs budgets ont sensiblement augmenté depuis la récente période de redressement des finances. À l'heure actuelle, les budgets des conseils subventionnaires totalisent plus de 1 milliard de dollars par année.

En plus des conseils subventionnaires, le gouvernement a récemment mis en place de nouveaux instruments pour soutenir et favoriser la recherche. En 1997, la Fondation canadienne pour l'innovation a été créée. Il s'agit d'une fondation indépendante ayant pour mandat de financer l'infrastructure de recherche et l'équipement des universités, des hôpitaux de recherche, des collèges communautaires et d'autres établissements de recherche. Au total, le gouvernement a maintenant investi 3,2 milliards de dollars dans la Fondation canadienne pour l'innovation.

[Traduction]

Plus récemment, dans le budget de 2000, le gouvernement a annoncé la création des chaires de recherche du Canada.

Ce programme vise à aider les universités à attirer et à maintenir en poste des chercheurs de classe mondiale et à mettre en place une masse critique d'excellence en recherche au Canada. Bénéficiant d'un financement de 900 millions de dollars sur cinq ans, ce programme permettra la création d'environ 2 000 chaires dans les universités canadiennes. Vous voyez que le gouverne ment fédéral a trouvé récemment des façons novatrices d'aider la recherche au pays.

Voici que se terminent mes observations préliminaires, mon sieur le président. Comme vous pouvez le constater, le gouverne ment fédéral joue un rôle important, de diverses façons, dans le financement de l'enseignement supérieur. Il transfère des sommes importantes aux provinces. Il favorise l'égalité des chances en contribuant à assurer que des obstacles financiers n'empêchent pas le plus grand nombre possible de Canadiens de tirer profit de l'enseignement supérieur. Et il joue un rôle dans le financement de la recherche dans nos universités.

Le président: Merci, madame Peterson. Vous avez su attirer notre attention sur le concept du financement global qui existe dans le cadre du TCSPS et qui existait aussi dans une moindre mesure dans le cadre du FPE. Vous avez peut-être entendu plus tôt M. Brzustowski, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, préconiser l'attribution aux universités de subventions fédérales ciblées. Comme il l'a expliqué, le principe est que le gouvernement fédéral, ou des organismes fédéraux, signalerait aux universités les domaines de recherche auxquels elles devraient consacrer davantage d'efforts ou les installations matérielles qu'elles devraient améliorer et il leur fournirait les fonds nécessaires. Ce principe est loin du mécanisme de financement global dont nous discutions. Pouvez-vous penser à des raisons pour lesquelles des organismes fédéraux, comme le CRSNG, ne pourraient pas participer à ce type de financement ciblé?

Mme Peterson: Le gouvernement fédéral, dans le cadre du soutien qu'il apporte à la recherche universitaire, s'en remet à des tiers, en fait aux conseils subventionnaires, qui disposent d'un système d'examen par les pairs de toutes les demandes de subvention. Le gouvernement fédéral laisse à ces conseils le soin de décider qui mérite des fonds.

De même, lorsque le gouvernement fédéral a créé la Fondation pour l'innovation, il a veillé à ce que ce soit un organisme indépendant qui reçoive les demandes de fonds pourl'amélioration d'installations de recherche. C'est cet organisme qui décide à qui attribuer l'argent.

Le gouvernement fédéral a bien fait en sorte que ce soient des intermédiaires qui prennent les décisions.

Le président: Ces organismes n'ont pas à consulter les autorités provinciales, n'est-ce pas?

Mme Peterson: Non.

Le président: Puisque ces organismes étaient capables de persuader le gouvernement de leur donner des fonds pour la recherche, iraient-ils à l'encontre de politiques actuelles du gouvernement s'ils commençaient à attribuer des fonds pour l'amélioration d'installations matérielles dans les universités?

M. John Connell, chef principal, Division de la politique de développement économique, Développement économique et finances intégrées, ministère des Finances: Les conseils subventionnaires sont libres d'appuyer la recherche universitaire. Leurs lois prévoient des dispositions les autorisant à verser des subventions et des contributions à cette fin. Il est vrai que, avec le temps, les conseils subventionnaires s'étaient mis à financer les dépenses en immobilisations, rôle que la Fondation canadienne pour l'innovation joue maintenant dans une plus large mesure. Il y aurait certes des problèmes du point de vue des politiques relativement au versement par les conseils subventionnaires de contributions destinées à financer les dépenses en immobilisa tions, les rénovations et les travaux de réparation des universités.

Le président: À l'heure actuelle, il ne leur est pas interdit de le faire, sauf pour des raisons budgétaires, n'est-ce pas?

Mme Peterson: Il existe une différence entre financer l'infrastructure servant à la recherche et financer la construction de stationnements, de résidences d'étudiants et d'amphithéâtres.

Le président: Je vais m'arrêter là.

Le sénateur Moore: Lorsque le ministère décide de créer l'un de ces organismes de financement ou d'augmenter leurs fonds, dans quelle mesure les installations et leur entretien entrent-ils en ligne de compte dans le calcul de la somme d'argent à leur verser?

Mme Peterson: Lorsque le gouvernement a mis sur pied la Fondation canadienne pour l'innovation et les chaires de recherche, il avait une idée très claire de ce qu'il souhaitait appuyer. Par ailleurs, les mandats des organismes de financement sont clairement définis. Pour ce qui est du calcul des sommes à verser, le gouvernement ne peut pas savoir exactement combien d'argent est nécessaire pour les immeubles ou pour les éprouvet tes. On ne peut être précis à ce point. Néanmoins, l'attribution des fonds est ciblée. Aucune feuille de comptage montrant comment certains organismes sont arrivés à une somme globale pour l'entretien différé n'a été établie. Le gouvernement ne procède pas de la sorte, car il n'est pas encore rendu à se pencher sur les coûts d'entretien différé au sein des universités.

Le sénateur Moore: Si l'un des organismes de financement, madame Peterson, décide de verser des millions de dollars à une université qui ne possède pas les installations nécessaires pour mener la recherche ou que ses installations devront être agrandies ou modifiées, cela n'est-il pas pris en considération? D'après ce que j'ai compris, comme je l'ai signalé au témoin précédent, entre 15 et 115 p. 100 des fonds attribués aux États-Unis pour la recherche sont ajoutés à ceux-ci au titre des installations et de leur entretien. Les travaux doivent être réalisés quelque part.

M. Connell: Je crois que vous faites référence aux coûts indirects de la recherche pour lesquels les universités cherchent à obtenir des fonds.

Le sénateur Moore: Oui.

M. Connell: Les types de coûts qui sont couverts aux États-Unis ne sont pas les mêmes qu'au Canada. Il existe notamment des différences sur le plan des coûts de la recherche. Les coûts liés à l'infrastructure seraient considérés comme des coûts indirects aux États-Unis. Nous versons désormais des contributions au titre des coûts indirects de la recherche. Je vais vous donner des exemples à cet égard.

Premièrement, l'énoncé économique et la mise à jour budgétai re présentés à l'automne 2000 prévoyaient l'attribution de 400 millions de dollars à la Fondation canadienne pour l'innovation au titre des coûts d'exploitation de l'infrastructure servant à la recherche. Jusque là, la Fondation ne pouvait couvrir que les coûts des immobilisations, et ceux-ci étaient bien précis. Toutefois, grâce à une modification apportée à l'entente sur le financement entre le ministre de l'Industrie et la Fondation, celle-ci a obtenu ces 400 millions de dollars pour ce qui constitue des coûts indirects de la recherche.

Deuxièmement, il y a le Programme des chaires de recherche du Canada, auquel 900 millions de dollars seront affectés sur cinq ans. Pour la première fois, le gouvernement a décidé que cette somme visait tous les coûts de la recherche, directs et indirects. Les universités peuvent donc utiliser ces fonds à leur guise pour appuyer les recherches de calibre mondial menées par les titulaires des chaires.

Troisièmement, je crois qu'un des résultats très intéressants et utiles du soutien accru du gouvernement fédéral à l'égard de la recherche est la présentation à la Fondation canadienne pour l'innovation de plans stratégiques par les universités visées par le programme des chaires. Les universités ont été amenées à repenser le milieu de recherche qu'elles tentent de créer.

De toute évidence, lorsqu'une université présente une demande à la Fondation canadienne pour l'innovation, au programme des chaires ou à un conseil subventionnaire, son plan de recherche stratégique doit montrer qu'elle est en mesure de mener à bien le projet et d'atteindre les résultats connexes.

Une plus grande coordination dans le domaine de la recherche a été favorisée en grande partie par ce financement, et nous voyons cela d'un bon oeil.

Le sénateur Moore: Cela a maintenant commencé avec la Fondation canadienne pour l'innovation et le Programme des chaires de recherche du Canada?

M. Connell: C'est exact.

Le sénateur Moore: Ce doit être la première fois que nous nous penchons directement sur le sujet. C'est donc un début. Mais nous avons l'autre question à traiter.

Le sénateur Banks: En ce qui concerne la question du sénateur Moore, le président a soulevé un point pertinent. Nous devons déterminer quelles contraintes, le cas échéant, imposent les mandats des organismes subventionnaires. Je vais vous donner un exemple tiré du domaine du spectacle, car c'est de là que je proviens. Si je compte investir dans un film - Dieu m'en préserve - qui, selon le producteur, coûtera 4 millions de dollars, je vais lui demander à combien s'élève son budget pour la commercialisation. S'il ne s'élève pas à au moins 2 millions de dollars, autrement dit, si le budget total ne se chiffre pas à au moins 6 millions de dollars, je n'investirai jamais dans ce film.

Il me semble que nous laissons les universités assumer de nombreux coûts. En effet, M. Brzustowski nous a expliqué ce matin que d'importants frais administratifs généraux sont liés à la recherche - par exemple, la masse critique et les installations physiques nécessaires - qui, pour l'instant, semblent ne pas être visés par les subventions qu'accordent les organismes subvention naires, y compris les nouvelles sommes. Si je ne m'abuse, les 400 millions de dollars attribués à la Fondation canadienne pour l'innovation, par exemple, sont destinés à payer les dépenses directement attribuables à des projets de recherche particuliers, comme l'achat d'une machine, les modifications à apporter au local qui l'abritera et la rémunération du technicien qui l'utilisera. Comme M. Brzustowski l'a fait remarquer, aucun montant n'est prévu pour la bibliothèque, les stationnements, les amphithéâtres, la comptabilité, la recherche juridique et la recherche sur le plan de la déontologie qui pourrait s'avérer nécessaire. Il me semble que les programmes de subvention du gouvernement fédéral comportent des contraintes. Ai-je raison?

M. Connell: Oui.

Le sénateur Banks: Avant que le TCSPS ne devienne ce qu'il est actuellement, il y avait, comme vous l'avez dit, un montant équivalent à 30 p. 100 qui devait être affecté en théorie à un domaine en particulier. Le gouvernement fédéral avait plus ou moins fait savoir qu'il devait être consacré à l'éducation postsecondaire. Savons-nous, ou pouvons-nous savoir, si les provinces, dans leur ensemble ou individuellement, dépensent 30 p. 100 de la somme qu'elles reçoivent en vertu du TCSPS dans le secteur de l'éducation postsecondaire?

Mme Peterson: Bien sûr. Lorsque le FPE comportait une telle obligation et que le montant des transferts du gouvernement fédéral augmentait, mais que les provinces n'augmentaient pas en retour le financement de l'enseignement postsecondaire, les électeurs veillaient à leur rappeler leur obligation. À cette époque, aucune université ne consacrait jamais moins à l'éducation postsecondaire que les 30 p. 100 qu'elle recevait du gouverne ment fédéral. Si une université en consacrait un peu plus, cela signifiait que le gouvernement fédéral finançait la majeure partie de l'éducation postsecondaire, ce qui n'a jamais été voulu. Cependant, il est vrai qu'aucune province n'affectait moins que la somme qu'elle obtenait en théorie pour l'éducation postsecondaire de la part du gouvernement fédéral.

Le sénateur Banks: Maintenant, nous n'examinons pas cette question?

Mme Peterson: Non.

Le sénateur Banks: Merci.

Mme Peterson: Le débat public sur le sujet se poursuit. Le gouvernement fédéral a diminué le montant des transferts aux provinces lorsqu'il a créé le TCSPS, mais, depuis, ce recul a été plus que rattrapé et l'augmentation continuera. En effet, les transferts aux provinces progresseront plus rapidement que la croissance prévue des recettes fédérales. La situation s'est amélioré dans le domaine. Le gouvernement fédéral a pris de la maturité et ne surveille plus la façon dont les provinces dépensent les principaux transferts. Je dirais que cela fait partie de l'entente - ce qui est vrai dans un sens -, car les provinces n'ont pas à rendre compte au gouvernement fédéral de l'utilisation des transferts. C'est à leurs propres citoyens qu'elles doivent justifier l'usage qu'elles en font.

Lorsque les premiers ministres ont conclu des ententes sur les soins de santé et le développement du jeune enfant en septembre dernier, ils ont adopté une approche novatrice relativement aux transferts aux provinces en ce sens qu'ils ont décidé de tenir leurs citoyens au courant des fonds qu'ils affectent au système de soins de santé de la province et des mesures qu'ils prennent dans le domaine du développement du jeune enfant. Le premier ministre du Canada leur a donné les sommes nécessaires à l'application des ententes. Je le répète, les provinces ne rendent plus de comptes au gouvernement fédéral. Ce sont à leurs citoyens qu'elles font part non seulement des sommes dépensées dans ces domaines, mais aussi des résultats.

Le sénateur Banks: Le ministère a-t-il un point de vue sur la question du financement ciblé?

Mme Peterson: Rien n'est jamais uniforme ni simple. Le gouvernement fédéral poursuit ses objectifs par l'entremise des provinces de diverses façons. Par exemple, il a conclu des ententes en matière de développement du marché du travail avec la plupart des provinces. Ces ententes prévoient des fonds destinés à des domaines en particulier. Des sommes sont transférées aux provinces pour les langues officielles et l'éducation. Ces sommes sont donc ciblées. Certains montants sont aussi destinés précisé ment à l'aide juridique.

Il existe un certain nombre de transferts ciblés. Comparative ment au TCSPS, ils sont peu élevés, mais il demeure qu'ils sont ciblés et qu'ils constituent une façon de poursuivre des objectifs communs avec les provinces.

Ainsi, aux transferts importants pour l'éducation postsecondaire et la santé s'ajoutent maintenant ces autres instruments que nous avons décrits, qui sont des innovations récentes et de nouvelles façons d'attribuer des fonds à des fins précises dans le domaine de l'éducation postsecondaire.

Certains nouveaux instruments prévoient aussi des fonds ciblés dans le secteur de la santé, notamment pour l'équipement médical. Il n'est jamais nécessaire d'adopter une seule méthode. Les principaux transferts sans condition se combinent à ces autres instruments, dont certains sont nouveaux et d'autres pas, qui prévoient du financement ciblé.

Le président: Toutefois, nous avons maintenant une entente sur l'union sociale. Je présume que, si le gouvernement fédéral, dans sa sagesse et en fonds comme il l'est, décidait de mettre en oeuvre un nouveau programme, par exemple, un programme à frais partagés avec les provinces pour tenter de régler le problème dont nous discutions - le financement notamment des installa tions des universités -, devrait-il suivre le processus énoncé dans l'entente?

Mme Peterson: En effet, certains pensent que l'entente-cadre sur l'union sociale s'applique à absolument tous les aspects de la politique sociale, mais ce n'est pas le cas. J'essaie de me souvenir si l'entente vise l'éducation. Honnêtement, ma mémoire me fait défaut en ce moment. Si c'est le cas, la réponse à la question est oui.

La sénatrice Cools: Je veux faire suite au point que le sénateur Banks a soulevé et à la réponse de Mme Peterson, qui comportait deux éléments, dont l'un était que les gouvernements provinciaux rendent compte à leurs citoyens de la façon dont ils dépensent les fonds reçus du gouvernement fédéral.

Ma question est la suivante: quels sont les mécanismes officiels selon lesquels les gouvernements provinciaux rendent compte de ces dépenses à leurs citoyens et quelle est la signification des mots «cette approche» qui figurent à la page 7 de vos observations préliminaires?

Cette approche fait partie intégrante de l'arrivée à maturité des relations financières entre les deux ordres de gouverne ment dans la fédération canadienne.

Peut-être pourriez-vous nous expliquer la signification de «maturité» en termes de dollars ou autres.

Mme Peterson: En ce qui concerne votre première question, les provinces ont bien entendu toujours informé les contribuables de la façon dont elles dépensent leur argent. L'élément novateur des ententes conclues par les premiers ministres provinciaux est qu'il y aura - une tentative a d'ailleurs été amorcée -, dans le domaine de la santé et celui du développement du jeune enfant, des discussions avec les provinces afin de trouver des façons communes de mesurer les bienfaits des fonds en question. Plutôt que chaque province prépare un rapport sur les points qu'elle veut et que le produit final ne soit pas nécessairement comparable, il vaut mieux établir des mesures communes que toutes les provinces utiliseront afin que les citoyens puissent voir si leur province effectue ou non un bon travail par rapport aux autres provinces. Afin que les mesures soient significatives, elles doivent être comparables. Nous travaillons actuellement avec les provin ces à l'élaboration de mesures communes afin que les rapports aux citoyens soient de plus en plus parlants.

Pour ce qui est de l'expression «arrivée à maturité», quand le gouvernement fédéral a commencé à aider les provinces dans plusieurs domaines, la formule privilégiée avait tendance à être le partage des coûts qui, aux termes du Régime d'assistance publique du Canada par exemple, prévoyait que le gouvernement verserait un dollar pour chaque dollar consacré par la province à l'aide sociale. Les programmes étaient alors nouveaux, et le principe était d'aider les provinces à mettre sur pied de bons programmes. Au fil du temps, les programmes de partage de coûts en sont venus toutefois à poser problème aux deux ordres de gouvernement.

Essayez de vous imaginer une réunion de conseil de ministres provincial. Un ministre dit que si l'on dépense un dollar dans tel domaine, on en aura deux en fait. Un autre ministre affirme ne pas être aussi privilégié, mais que sa priorité est tout aussi valable, qu'il faut en tenir compte. Ces programmes de partage des coûts ont incité les provinces à dépenser plus d'argent là où le gouvernement fédéral verserait l'équivalent, par opposition à d'autres domaines où les dépenses auraient peut-être été plus sensées et plus efficaces. Le partage des coûts agissait un peu comme un aimant qui attire l'argent, mais pas forcément de la manière la plus rentable.

De plus, les provinces moins bien nanties étaient irritées par le fait que les provinces riches pouvaient obtenir plus de dollars du gouvernement fédéral simplement parce qu'elles pouvaient dépenser plus. C'est pourquoi certaines provinces n'aimaient pas le partage de coûts illimité.

Cela signifiait aussi que le gouvernement fédéral n'exerçait aucun contrôle sur son propre budget. Il devait verser l'équivalent de ce que dépensaient les gouvernements provinciaux. La formule avait certes des inconvénients.

Une des choses qui m'a marquée durant les débats au sujet du Régime d'assistance publique du Canada, c'est que le gouverne ment fédéral pouvait partager le coût de certains frais de garde d'enfants sous le régime, mais qu'on ne pouvait pas avoir de services de garde d'enfants dans une école primaire parce que la limite entre l'école, soit l'éducation, et la garde d'enfants était franchie et que le gouvernement fédéral n'allait sûrement pas se lancer dans le partage des coûts de l'éducation. Si les provinces souhaitaient obtenir du gouvernement fédéral de l'argent pour la garde d'enfants, il fallait qu'elles fassent en sorte que ces installations se trouvent n'importe où sauf là où il aurait été logique de les avoir. Il fallait que des limites soient fixées, dans le cadre de tout programme de partage de coûts, entre ce qui peut être partagé et ce qui ne peut pas l'être, et ces limites donnaient d'étranges résultats qui n'étaient pas forcément les meilleurs.

Quand je parle d'arrivée à maturité, je parle de s'éloigner de ce genre de mesures, de cesser de dire aux provinces quoi faire et de les encourager à dépenser l'argent de la manière la plus efficiente et efficace possible et à rendre des comptes à sa propre population.

Le sénateur Cools: Je comprends maintenant ce que vous entendez par l'«arrivée à maturité».

Le sénateur Tunney: Mon intervention sera légèrement différente de ce que j'avais prévu.

Deux points sont à mon avis importants, sans quoi je n'interviendrais pas du tout. Le premier en est un auquel je me suis intéressé durant presque toute ma vie d'adulte, soit persuader les personnes que je rencontre des avantages et de la valeur de l'instruction.

Je suis un exploitant agricole dynamique qui a travaillé pendant de nombreuses années au sein d'organismes agricoles et auprès d'agriculteurs. J'ai constamment essayé de les persuader que l'instruction, la recherche et l'information ne sont pas un coût, mais bien un investissement qui rapporte un dividende. Il en existe de nombreux exemples en agriculture.

Il faut que les gouvernements, entre autres, continuent d'essayer de persuader les gens que l'instruction est avantageuse. Les gouvernements seraient alors plus enclins à répondre à des demandes de financement dans des domaines où il existe actuellement un besoin criant et où le financement a baissé durant la période de compressions de toutes sortes. Voilà le premier point.

Je travaille auprès du CRSNG depuis de nombreuses années, et une bonne partie de ce travail a entraîné d'excellentes réactions et des avantages. Toutefois, à mesure que le soutien gouvernemental a reculé, les agriculteurs et les organisations agricoles ont cherché à combler le vide et à optimaliser la productivité, l'efficacité et l'innocuité des aliments. Cela est avantageux pour les agricul teurs, ainsi que pour tous les autres intervenants et les consommateurs. Il faut voir ce que nous pouvons mieux faire avec moins. À cet égard, je ne parle pas seulement de l'Université de Guelph, mais d'autres établissements un peu partout au pays auxquels nous ne pouvions pas continuer d'offrir le même soutien, par exemple à la Ferme expérimentale d'Ottawa.

Nous avons profité de la coopération enthousiaste d'agricul teurs qui nous permettent maintenant d'utiliser les projets de recherche en élevage d'animaux ainsi que de recherches en génétique et sur les plantes, au point que nous pouvons être fiers de ce qui a été accompli au cours des 40 dernières années.

Le président: Sénateur Tunney, je vous remercie. Madame Peterson, aimeriez-vous commenter ce qu'il a dit?

Mme Peterson: Y avait-il une question?

Le sénateur Tunney: Si vous ne voulez pas faire de commentaires, je ne serai pas insulté. Par contre, si vous avez quelque chose à dire, ne vous gênez pas.

Mme Peterson: Je n'ai rien à dire, monsieur le président. Sénateur Tunney, je vous remercie. Ce que vous avez dit était intéressant.

Le président: J'ai l'impression que le ministère des Finances, plus que tous les autres ministères fédéraux, garde l'oeil sur bien des choses qui se passent un peu partout au pays en vue de repérer les pressions financières qui s'exerceront sur les gouvernements et de sonner une pré-alerte pour les ministres et d'autres membres du gouvernement fédéral.

Comme je ne suis pas ces questions du tout, j'ai été plutôt étonné d'apprendre de l'étude effectuée par l'Association cana dienne du personnel administratif universitaire que les établisse ments d'enseignement postsecondaire, depuis semble-t-il pas mal de temps, essaient de boucler leur budget en permettant aux installations matérielles de se détériorer, au point de différer des travaux d'entretien d'une valeur de 3,6 milliards de dollars.

Que vous l'ayez vu venir ou pas, avez-vous analysé l'étude de l'association? Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?

Mme Peterson: Je vais demander à M. Connell de prendre la parole.

M. Connell: Nous connaissons certes l'étude et avons examiné certaines des données publiées récemment par Statistique Canada à ce sujet. En effet, Statistique Canada vient tout juste de rendre public un rapport sur l'état des finances des universités en 1999 et en l'an 2000. On constate d'importantes améliorations dans le secteur universitaire, comme on pouvait s'y attendre, étant donné l'importance accordée par les Canadiens à la santé et à l'éducation. Les provinces sont maintenant en train de réagir, après des périodes de compressions.

Les contributions provinciales ont considérablement augmenté. Ainsi, les revenus des universités ont augmenté de 15 p. 100 environ au cours du dernier exercice. Quant aux immeubles comme tels, on signale que 430 millions de dollars environ y ont été affectés l'an dernier, ce qui représente une hausse de 5,5 p. 100 approximativement par rapport à l'année précédente. Toutefois, ces dépenses demeurent en deçà des niveaux de 1994 et de 1995.

Une façon d'aborder la question de l'entretien différé serait d'effectuer un retour à ces exercices, de voir ce qui était dépensé avant la période d'examen des programmes, soit environ 750 millions de dollars par année pour les immeubles, l'équipement, les rénovations et ainsi de suite, et d'en mesurer l'infléchissement. Ces dépenses sont en train de croître à nouveau. Je ne crois pas que cela donne un chiffre se rapprochant de 3,6 milliards de dollars. Il oscille probablement davantage aux alentours de moins de 1 milliard de dollars.

Cependant, les agents administratifs sont ceux qui sont le plus en mesure d'évaluer les travaux de réparation requis par les installations et établissements dont ils ont la charge. Ils ont affirmé que des réparations pressantes s'imposent et que leur coût se rapproche du nombre prévu, ce qu'il reste à vérifier. Nous avons examiné le problème, mais pas en profondeur. Nous nous fierions certes aux recommandations des ministères responsables dans ce domaine.

Le président: Quels ministères responsables?

M. Connell: Développement des ressources humaines Canada et, peut-être, Industrie Canada.

Le président: Votre ministère a-t-il analysé le problème ou l'étude effectuée par le personnel administratif universitaire? Si nous demandions à en obtenir un exemplaire sous le régime de la Loi sur l'accès à l'information, l'obtiendrions-nous?

Mme Peterson: Non.

Sénateur Moore, souhaitez-vous avoir le dernier mot?

Le sénateur Moore: Ce serait au moins trois derniers mots. Puis-je aller jusqu'au bout?

Pour ce qui est du montant de 3,6 milliards de dollars annoncé par l'Association canadienne du personnel administratif universi taire, nul ne le paiera. Nul ne croit que cela va se produire. J'aimerais explorer quelques possibilités qui, à mon avis, relèvent de votre ministère, par exemple encourager la participation de l'entreprise privée, des fondations philanthropiques, des gouver nements, des universités elles-mêmes et des anciens.

Traditionnellement au Canada, les fondations privées préfèrent n'investir que dans de nouvelles structures, en dépit de la situation à laquelle nous sommes confrontés actuellement. Comment changer cette attitude et les convaincre d'investir dans de l'entretien différé?

La plupart de ces fondations aiment verser des fonds, les voir recycler et les exploiter de manière à ce qu'elles continuent d'exister et d'aider les universités. Ne pourrait-on pas avoir un système quelconque grâce auquel ces fondations seraient encoura gées à faire des prêts sans intérêt aux universités? Les frais d'intérêt courus pour financer de pareils projets de rénovation sont considérables. Nous pourrions avoir un pareil régime en place, et le gouvernement pourrait garantir le remboursement des prêts. La plupart des universités représentent un assez bon risque. Il faut aborder cette question de manière plus empirique et structurée. M. Brzustowski a mentionné tout à l'heure que notre approche semble fragmentée. Voilà peut-être une idée que nous pourrions examiner de plus près. Il faudrait encourager ces fondations privées à verser des fonds pour effectuer des réparations plutôt que de simplement financer de nouveaux immeubles qui portent leur nom.

J'aimerais que vous envisagiez cette possibilité et que vous nous reveniez avec une réponse quelconque.

Dans le Globe and Mail du 18 août, il y avait un article dans lequel on disait que, selon Statistique Canada, les dons de particuliers avaient augmenté en l'an 2000 et se situaient à plus de 5 milliards de dollars. Savez-vous quelle proportion de ces 5 milliards de dollars est allée aux universités et aux collèges? J'aimerais en connaître la source, par province et territoire. J'aimerais aussi connaître la destination des fonds, par province et territoire. Je me demande s'il existe des données analogues concernant les dons des sociétés. Dans l'affirmative, j'aimerais que vous fournissiez ces données au comité.

S'il existe des moyens d'encourager l'entreprise privée et les universités elles-mêmes à faire la preuve de leurs capacités administratives et de leurs besoins, alors nous pouvons convaincre les anciens et des particuliers qui ne sont peut-être pas des anciens mais qui ont un rapport avec l'établissement à donner.

Mon troisième point, monsieur le président, concerne le don de charité. Nous permettons aux particuliers de déduire de l'impôt sur le revenu qu'ils sont obligés de payer les contributions politiques. . Qu'est-ce qui nous empêche de recourir à un stratagème analogue dans le cadre duquel on pourrait encourager les particuliers à donner aux universités et leur permettre de déduire le don dans leur déclaration de revenu? Le principe justifiant la déductibilité des contributions politiques, c'est que c'est ainsi que nous soutenons les régimes démocratiques au pays.

L'instruction, comme l'a mentionné le sénateur Tunney et d'autres, est réputée être très importante. Comment pouvons-nous l'encourager? Il me semble qu'une pareille mesure atténuerait les pressions exercées sur le trésor fédéral et encouragerait les gens à le faire.

J'aimerais que vous examiniez cette possibilité et que vous nous laissiez savoir s'il y a moyen d'accorder aux dons aux universités le même traitement qu'aux contributions politiques, le même taux ou que sais-je encore.

Mme Peterson: Monsieur le président, nous pouvons examiner certaines de ces questions. Ce n'est pas la première fois que certaines d'entre elles sont mentionnées. Nous vous ferons parvenir des renseignements à leur sujet.

Le président: S'il n'y a plus de questions, je tiens à remercier Mme Peterson et ses collègues. Comme toujours, votre présence nous a été extrêmement utile.

La séance est levée.


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