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Les affaires étrangères

La Syrie—La crise à Alep

15 décembre 2016


L’honorable Sénatrice Mobina S. B. Jaffer :

Honorables sénateurs, ma question s'adresse aussi au leader du gouvernement au Sénat.

Monsieur le leader, nous savons tous que, tandis que nous siégeons dans cette enceinte, la tragédie à Alep se poursuit. Conséquemment, je sais que cette situation a quelque peu dissipé la magie de Noël pour nous tous.

Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, vient tout juste de signaler que, lundi seulement, les forces progouvernementales opérant à Alep ont exécuté 82 civils, dont 13 enfants et 11 femmes. Même si des efforts d'évacuation sont en cours, la sécurité de 80 000 civils — coincés dans une enclave d'à peine quelques kilomètres carrés d'Alep-Est sous le contrôle des rebelles — demeure incertaine, d'autant plus que l'armée syrienne continue d'avancer dans le secteur au moment où l'on se parle, et ce, avec l'aide de la Russie.

Honorables sénateurs, nous ne pouvons pas rester les bras croisés pendant qu'Alep devient le théâtre des pires atrocités. Ces incidents nous rappellent le génocide brutal qui a eu lieu au Rwanda en 1994, où on estime que 800 000 personnes sont mortes.

Monsieur le leader, que fait le gouvernement pour aider les habitants d'Alep?

L'honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) : Je remercie encore une fois l'honorable sénatrice de son importante question concernant cette tragédie. Tout comme l'ensemble de nos collègues et le gouvernement du Canada, elle est consternée par ces horribles massacres de civils par le régime Assad et ses partenaires, comme la Russie et l'Iran. Ils doivent répondre de leurs actes et se conformer à cet appel du Canada et de la communauté internationale qui leur a demandé de respecter le droit humanitaire international et de protéger les citoyens et les travailleurs humanitaires.

À cette fin, le gouvernement offre une aide humanitaire vitale et il assure une reddition de comptes en appuyant les mesures de collecte de preuves concernant les crimes de guerre commis là-bas. Il a également accueilli des dizaines de milliers de réfugiés syriens au Canada.

La semaine dernière, le 9 décembre, le gouvernement du Canada a parrainé une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies exigeant l'arrêt immédiat des hostilités et l'accès libre à l'aide humanitaire, qui a été adoptée par 122 pays.

Comme vous le savez, le gouvernement fait partie du Groupe international de soutien à la Syrie et de ses groupes de travail sur l'aide humanitaire et le cessez-le-feu. Le gouvernement s'est aussi engagé à verser quelque 840 millions de dollars d'aide humanitaire pour les plus démunis de la région et il a recueilli l'appui de 71 pays lors d'une séance de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Bien sûr, le gouvernement reste en contact étroit avec le coordonnateur de l'aide humanitaire des Nations Unies afin d'assurer le maintien de cette aide. La situation évolue de façon tragique, et nous devrons tous rester vigilants au cours des prochains jours.

La sénatrice Jaffer : Merci de votre réponse exhaustive. Je l'apprécie.

Monsieur le leader, je sais que faisiez partie de ce groupe lorsque Affaires mondiales travaillait sur le principe de la responsabilité de protéger. Qu'est-il arrivé à ce principe? Avons-nous oublié que le Canada a été parmi les premiers à se présenter devant les Nations Unies en disant que tout État souverain a la responsabilité de protéger les plus vulnérables? Que s'est-il passé?

Le sénateur Harder : Encore une fois, je vous remercie de votre question. C'est un sujet qui mérite qu'on en discute plus amplement.

Il est important de se rappeler que la responsabilité de protéger supposait qu'une demande était faite par les Nations Unies. Ce n'est donc pas une responsabilité unilatérale. À ce stade-ci, il n'y a pas eu de demande de protection des Nations Unies en raison du pouvoir que détiennent certains États membres d'entraver un tel appel des Nations Unies.

Dans ce contexte, l'application du principe de la responsabilité de protéger ne constitue pas, pour le Canada, le mécanisme d'intervention approprié à ce moment-ci. Il va sans dire que, si les Nations Unies sollicitaient son aide, je suis convaincu que le Canada répondrait « présent ».

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