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Le Président du Sénat

Allocution à l’inauguration de l’exposition spéciale à la Bibliothèque du Parlement – Textes fondateurs : les mots qui ont façonné le Canada


Président Regan, Mme L’Heureux, M. Berthiaume, Mesdames et Messieurs les parlementaires, distingués invités, mesdames et messieurs,

Je vous remercie de votre présence parmi nous ce matin. C’est un grand honneur pour moi de vous souhaiter la bienvenue à cette cérémonie.

Je suis ravi d’être ici pour l’inauguration de cette exposition impressionnante : Textes fondateurs : les mots qui ont façonné le Canada.

Grâce à un partenariat entre la Bibliothèque du Parlement et Bibliothèque et Archives Canada, nous avons la chance unique de voir, réunis en une seule exposition, six documents historiques d’une valeur inestimable :

  • l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (1867);
  • le premier discours du Trône (1867);
  • la Proclamation des Territoires du Nord‑Ouest (1869);
  • le Statut de Westminster (1931);
  • la Déclaration canadienne des droits (1960);
  • la proclamation de la Loi constitutionnelle de 1982.

Comme l’indique le titre évocateur de l’exposition, ces documents marquent d’importantes étapes dans l’évolution du Canada.

Aujourd’hui, permettez-moi de vous décrire trois de ces moments déterminants de notre histoire.  

Le premier, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB) de 1867, est un document d’exception.

Il est le fondement de notre Constitution, le texte législatif en vertu duquel le Parlement assure « la paix, l’ordre et le bon gouvernement » et qui constitue surtout l’élément fondateur de notre pays.

Un siècle et demi plus tard, les valeurs intrinsèques de la démocratie canadienne que contient ce texte demeurent aussi pertinentes aujourd’hui qu’en 1867.

En dépit du fait que l’AANB était une loi britannique, son contenu a été élaboré par les représentants du Nouveau‑Brunswick, de la Nouvelle‑Écosse et de la Province du Canada. Cela se reflète dans l’esprit du texte.

De fait, notre texte fondateur est empreint de la volonté d’arriver à un compromis.

Ce compromis, c’est celui entre la majorité et une minorité linguistique souhaitant conserver sa langue, sa religion et son identité.

Dans le contexte d’une Amérique du Nord en évolution rapide, il s’agissait aussi d’un compromis politique entre d’anciennes colonies indépendantes désireuses de s’unir tout en conservant un certain nombre de pouvoirs vis-à-vis des forces centralisatrices.

Ces compromis ont été cruciaux pour conclure l’accord de la Confédération.

Encore aujourd’hui, ces compromis sont au cœur de la fédération canadienne et se reflètent dans son fonctionnement.

La copie de l’AANB exposée a appartenu à Sir John A. Macdonald; son nom est gravé sur la couverture. Le texte à l’intérieur contient aussi des notes manuscrites de notre tout premier, premier ministre.  

Promulgué le 29 mars 1867, l’AANB est entré en vigueur le 1er juillet.

Après la première élection générale du Canada, le gouverneur général du Canada, Sir Charles Stanley Monck, le 4e vicomte Monck, a ouvert la première session du Parlement canadien par la lecture du tout premier discours du Trône.

Ce discours inaugural, livré le 7 novembre 1867, décrivait la vision du Canada et appelait à l’expansion territoriale vers l’Ouest. Cet objectif d’expansion transcontinentale nous rappelle qu’à l’époque, la géographie de notre pays était bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui.

Le gouverneur général a terminé son discours par des souhaits sur le nouveau pays, où primeraient « la paix, la sécurité et la prospérité. » Je le cite :

Je fais de ferventes prières pour que vos aspirations se dirigent vers de tels objets élevés et patriotiques, et que vous soyez doués d’un tel esprit de modération et de sagesse, qu’il vous fasse tourner la grande œuvre qui vient d’être accomplie, à votre bonheur et à celui de votre postérité, et la rende un nouveau point de départ dans l’avancement moral, politique et matériel du peuple du Canada.

Vous pourrez lire les exemplaires manuscrits du discours du Trône, l’un en anglais et l’autre en français.

J’attire votre attention sur le fait qu’ils n’ont pas été écrits par la même personne.

Par ailleurs, les Débats du Sénat attestent du fait que le gouverneur général Monck s’est fait le devoir de lire l’intégralité de son discours en anglais et en français.

L’exposition nous transporte ensuite deux ans plus tard, en 1869. Poursuivant son désir d’expansion vers l’Ouest, le gouvernement du Canada négocie l’achat de la Terre de Rupert, vaste région de prairies appartenant à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

À titre de ministre des Travaux publics, l’honorable William McDougall a joué un rôle important dans les négociations.

À l’automne 1869, il est parti prendre possession du territoire aujourd’hui appelé le Manitoba et assumer ses nouvelles fonctions à titre de lieutenant‑gouverneur des Territoires du Nord‑Ouest.

Alors qu’il tentait de franchir la frontière des États-Unis pour se rendre à Fort Garry, des Métis armés lui ont barré le passage. Il a reculé et s’est rendu à Pembina, au Dakota du Nord, où il est resté un mois avec ses enfants et quelques membres de sa suite.

McDougall croyait que le transfert de la Terre de Rupert de la Compagnie de la Baie d’Hudson au Canada se ferait le 1er décembre 1869.

Il ignorait que le gouvernement du Canada avait repoussé la date en raison des problèmes politiques dans la Colonie de la Rivière‑Rouge.

Ainsi, McDougall aurait traversé la frontière en pleine nuit le 30 novembre 1869 et, entouré de quelques‑uns de ses proches collaborateurs, a lu à haute voix la Proclamation des Territoires du Nord‑Ouest.

Cette proclamation précoce a envenimé les relations avec les Métis, qui ont riposté en créant un gouvernement provisoire pour négocier directement avec le gouvernement.

Certains diront que la proclamation a contribué à faire éclater la Rébellion de la rivière Rouge.

Comme en témoignent l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique de 1867, le premier discours du Trône et la Proclamation des Territoires du Nord‑Ouest, le 19e siècle, bien que tumultueux, a donné naissance à une nouvelle nation, la Confédération canadienne.

Avant de céder la parole à mon collègue, le Président de la Chambre des communes, je souhaite remercier tous ceux qui ont travaillé à cette superbe exposition.

Je souhaite offrir, à Sonia L’Heureux et à son équipe dévouée de la Bibliothèque du Parlement, mes profonds remerciements.

Nous devons aussi applaudir la remarquable équipe de Bibliothèque et Archives Canada, dirigée par le bibliothécaire et archiviste du Canada, Guy Berthiaume.

Je remercie aussi bien sûr tous les membres de l’équipe du projet qui ont contribué à cette exposition interactive.

Alors que nous soulignons les 150 ans de la Confédération, sachez qu’au cours des prochains mois, votre travail permettra à des dizaines de milliers de visiteurs d’en apprendre davantage sur l’histoire et l’évolution de notre magnifique pays.

Merci beaucoup.

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