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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le vol 182 d’Air India

28 juin 2021


Honorables sénateurs, je prends la parole, cinq jours trop tard, pour souligner l’écrasement du vol 182 d’Air India, survenu le 24 juin 1985 près des côtes de l’Irlande. Je tiens à remercier la sénatrice Simons pour la déclaration très pertinente qu’elle a faite la semaine dernière au sujet de cette tragédie. J’aimerais poursuivre dans la même veine aujourd’hui, et j’espère que vous comprendrez mes motivations.

L’écrasement du vol 182 d’Air India est la plus importante attaque terroriste perpétrée contre des Canadiens. Il s’agit en quelque sorte du 11 septembre canadien. Toutefois, cette tragédie ne prend pas autant de place dans nos vies. C’est pourquoi, à l’instar d’autres sénateurs, je saisirai chaque année l’occasion de la rappeler au Sénat.

Les 329 occupants du vol, dont 82 enfants, 6 bébés et 29 familles entières, ont été assassinés. Deux enfants qui n’étaient pas à bord ont perdu leurs deux parents et sont devenus orphelins en l’espace de quelques minutes.

Une certaine confusion a régné au cours des mois et des années qui ont suivi. L’ancien premier ministre Mulroney a offert ses condoléances au premier ministre de l’Inde de l’époque, Rajiv Gandhi, mais les rôles auraient dû être inversés. Ce n’est que 20 ans plus tard, en 2005, que l’événement a enfin été reconnu comme une tragédie canadienne lorsque le premier ministre Paul Martin a dit ceci :

Ne vous y trompez pas : [m]ême si le vol était d’Air India, même si les événements se sont déroulés près des côtes de l’Irlande, il s’agit bien d’une tragédie canadienne.

Une enquête dirigée par un ancien juge de la Cour suprême a conclu qu’une série d’erreurs qui se sont succédé et une guerre de territoire entre le gouvernement du Canada, la GRC et le SCRS n’ont pu prévenir une attaque qui aurait pu être évitée.

Il nous a fallu de nombreuses années avant de reconnaître qu’il s’agissait d’une attaque terroriste perpétrée contre des Canadiens. Bon nombre d’entre nous nous demandons comment nous aurions réagi si ces 82 petits garçons et petites filles avaient été des blonds aux yeux bleus.

La fin de semaine dernière, je me suis rendue au monument commémoratif — peu fréquenté — de la tragédie d’Air India qui se trouve au parc Humber Bay à Toronto. J’ai passé mes doigts sur les noms gravés dans le marbre gris et j’ai prié en silence pour toutes ces âmes que nous avons perdues. J’ai également prié pour que le Canada s’attaque à la tâche ardue de mettre le multiculturalisme en pratique avant de célébrer ce beau principe. Que nous soyons des Canadiens d’adoption ou de naissance, nous partageons tous la même citoyenneté. Il serait peut-être bon de se le rappeler cette année à l’occasion de la Fête du Canada. Merci.

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