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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La bataille de Hong Kong

7 décembre 2023


Honorables sénateurs, je voulais faire lecture du texte qui suit le 11 novembre, mais je n’en ai pas eu l’occasion, puis, nous avons fait relâche. Je lis donc maintenant ce texte qui porte sur la bataille de Hong Kong. Nous sommes le 7 décembre.

À Hong Kong, ils se sont battus de la Ligne Gin Drinkers jusqu’au fort Stanley, alors qu’ils n’avaient à peu près pas d’armes si ce n’est des fusils 303 britanniques, des mitrailleuses Bren et des baïonnettes. On espérait que le Régiment royal de 2 000 Canadiens pourrait repousser trois divisions de soldats japonais appuyés par une artillerie lourde et cinq escadrons aériens jusqu’à ce que soient évacuées les blessés et les civils. Les soldats du régiment canadien et des quelques régiments britanniques sur place ont été assez braves ou probablement assez fous pour risquer le tout pour le tout. Les Canadiens ont toujours été assez braves ou assez fous. Ils ne disaient jamais non; ils étaient trop jeunes et trop polis pour cela. Voilà la vérité.

À Repulse Bay, 30 Canadiens, pour la plupart des Néo-Brunswickois, ont chargé 300 Japonais et les ont mis en déroute mais ils ont perdu deux des leurs. Ces braves se sont battus sous le feu nourri des avions et un barrage de tirs provenant de navires ennemis ancrés dans le port. Le NSM Prince of Wales avait été coulé.

Les combattants étaient convaincus que du renfort arriverait. Or, rien ni personne n’est venu à leur rescousse. Ils se sont battus seuls mais, après presque deux semaines de carnage, ils ont été forcés de battre en retraite au fort Stanley où ils ont pris une position défensive en essayant de protéger l’hôpital, mais ils ont dû capituler.

Il y avait deux infirmières à l’hôpital, une jeune Britannique et une jeune Canadienne, et les hommes blessés se sont levés de leur lit pour essayer de les protéger, mais en vain. Les autres hommes ont été forcés à passer quatre années de servitude, de travaux forcés et de famine. Ils étaient souvent battus avec des bâtons de bambou tout en étant forcés de se tenir au garde-à-vous par Kamloops Joe, un Canadien d’origine japonaise qui s’est rangé du côté des Japonais une fois que les hommes ont été capturés.

Malgré tout, ils ont conservé leur rang discipliné, ils ont lavé leurs vêtements pour éliminer les poux et ils ont refusé de saluer les gardes japonais, même sous peine d’être exécutés. Trente-six de ces hommes étaient originaires de Jacquet River, au Nouveau-Brunswick. Onze d’entre eux sont morts au combat, de dysenterie ou sous les coups. Pour donner une idée de l’âge de ces jeunes, lorsqu’ils se sont enrôlés dans l’armée, le moment le plus important pour eux était le moment où ils allaient prendre le train. Aucun d’entre eux n’avait jamais pris le train auparavant.

Quand ces hommes ont été libérés en 1945, le caporal néo‑brunswickois Andrew Flannagan pesait 67 livres; certains pesaient moins. On a donné beaucoup de nourriture et de boissons aux survivants secourus par les Américains. Qu’ont fait les gars du Nouveau-Brunswick? Conscients que les gardes japonais étaient eux-mêmes affamés, ils les ont invités à souper.

Je voulais vous raconter cette histoire. Je voulais que nous réalisions que lorsque nous démantelons nos forces armées et notre défense, nous déshonorons la mémoire de ces jeunes formidables qui ont tant donné simplement parce que quelqu’un leur a dit qu’ils devaient le faire.

Je tiens à nous rappeler à tous les mots de George Orwell, qui a écrit que si nous sommes ici assemblés, si nous pouvons tenir de merveilleuses conversations, si nous jouissons de galas et d’une société bienséante, c’est parce que des hommes endurcis, et j’ajouterais aussi des femmes très courageuses, sont prêts à user de violence en notre nom.

Personne ne devrait jamais oublier ces moments héroïques où des Canadiens ont mis leur vie en danger pour nous tous. Merci.

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