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Le Canada doit tenter de produire davantage d’électricité à partir de sources renouvelables, mais il y a de nombreux facteurs à prendre en considération : Sénateur Neufeld

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Avis aux lecteurs : L’honorable Richard Neufeld est retraité du Sénat du Canada depuis novembre 2019. Apprenez-en davantage​ sur son travail au Parlement.

Le mois dernier, le tout nouveau Conseil Génération Énergie du gouvernement du Canada a publié un rapport qui présente une vision de ce à quoi un avenir à faibles émissions de carbone pourrait ressembler pour le Canada au cours d’une génération. Le Conseil propose un plan pour réduire notre empreinte carbone et soutient qu’en « l’espace d’une génération, des pays comme le Canada utiliseront moins de combustibles fossiles, et les énergies renouvelables et les autres sources d’énergie non émettrices occuperont une part bien plus grande de l’approvisionnement énergétique à l’échelle planétaire ».

Selon moi, la feuille de route proposée dans le rapport du Conseil pour réduire nos émissions n’est absolument pas révolutionnaire. Pour être tout à fait honnête, j'estime que bon nombre des mesures proposées se retrouvent déjà ailleurs. Le tout premier plan énergétique de la Colombie-Britannique (A Vision for Clean Energy Leadership), que j’ai présenté en 2002 en tant que ministre de l’Énergie, des Mines et des Richesses pétrolières, comportait bon nombre des mêmes idées. Et il remontre à seize ans.

Le Conseil indique que « l’électricité ne compte globalement que pour 20 % de notre consommation d’énergie. Pour que ce pourcentage gonfle substantiellement, nous devrons augmenter considérablement notre capacité à produire de l’électricité propre ». La bonne nouvelle : le réseau électrique du Canada est déjà propre à 80 % grâce en partie à l’hydroélectricité et à l’énergie nucléaire, deux sources sans émissions. Le Conseil soutient que le Canada devra « beaucoup investir dans l’infrastructure à l’échelle du pays et rétablir la confiance de la population en l’assurant que le tout peut se faire dans le respect de l’environnement et sans flambée des coûts de l’électricité ».

J’appuie sans réserve l’électrification de l’économie. Selon moi, le Canada doit viser deux choses : réduire les émissions résultant actuellement du secteur de l’électricité en général, tout en augmentant la production d’électricité afin de répondre à la demande à venir (notamment en faisant en sorte qu’il y ait davantage de véhicules électriques sur les routes).

Des agences et des experts renommés prédisent néanmoins que les combustibles fossiles demeureront un facteur dominant dans le portefeuille énergétique mondial. Le monde continue de consommer de plus en plus de combustibles fossiles, alors que les percées des solutions de rechange renouvelables sur le marché ont été modestes.

Comme Peter Tertzakian, directeur général de l’ARC Energy Research Institute, l’a récemment écrit (en anglais seulement), « le pourcentage de combustibles fossiles dans le portefeuille énergétique mondial — charbon, pétrole et gaz naturel — se maintient toujours bien au-delà de 80 %. […] Nous sommes dans une ère de « diversification de l’énergie » où les sources de remplacement des combustibles fossiles, notamment les énergies renouvelables, prennent de l’ampleur aux côtés et non pas aux dépens de ces derniers ».

Je crois que la plupart des Canadiens, moi y compris, veulent que le bouquet énergétique du Canada comporte davantage de sources renouvelables, comment l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Ils tiennent toutefois à ce que ces sources soient abordables et efficaces, ce qui n’est pas le cas avec l’énergie solaire et l’énergie éolienne, qui sont toutes deux intermittentes. Les énergies renouvelables autres que l’hydroélectricité doivent s’appuyer sur des sources d’électricité solides et fiables comme l’hydroélectricité, l’énergie nucléaire, le charbon ou le gaz naturel, pour répondre à la demande lorsque le soleil ne brille pas, par exemple.

Lors de sa comparution devant le Sénat en 2016, un représentant de TransAlta Corporation, un producteur d’électricité de l’Alberta, a indiqué qu’il serait possible d’intégrer des technologies intermittentes à son réseau, mais que le réseau dans son ensemble devrait être appuyé par une production de base fiable provenant d’une autre source.

Par exemple, un représentant de TransAlta a également expliqué que pour qu’une de ses centrales solaires du Massachusetts produise le même volume d’énergie qu’une centrale au charbon de 100 mégawatts, il lui faudrait occuper un espace équivalant à environ 4 600 terrains de football. Comme Don Wharton, directeur général, Transition vers une réduction du carbone chez TransAlta, l’a affirmé, « nous allons avoir des problèmes à choisir l’emplacement des nouvelles installations de production ».

En ce qui concerne le vent, il ne faut pas oublier que la construction d’une éolienne moyenne requiert environ 185 tonnes d’acier, dont la production nécessite environ 100 tonnes de charbon métallurgique. Et que dire du béton pour les bases? La production d’acier et de béton est énergivore et produit beaucoup d’émissions.

De plus, même si je suis en faveur du virage vers les énergies renouvelables, je sais que la construction d’un parc éolien ou des photovoltaïques n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Les avantages environnementaux sont évidents, mais il peut être difficile d’obtenir l’« acceptation sociale » de ces projets. Les militants environnementalistes ont de l’influence et savent faire entendre leur voix quand vient le temps de dénoncer les projets liés aux combustibles fossiles, mais le mouvement « pas dans ma cour » est lui aussi très présent. Pour être honnête, compte tenu de l’actuel cadre de réglementation canadien en ce qui concerne les évaluations environnementales, il sera difficile de mettre en chantier tout projet, qu’il soit propre ou non. Cette nouvelle réalité canadienne a certainement eu une incidence sur notre réputation mondiale, ainsi que sur l’attrait qu’exerce notre pays chez les investisseurs étrangers.

Je suis d’avis que le Canada doit s’employer activement à faire en sorte que davantage d’électricité soit produite à partir de sources renouvelables, mais qu’il y a de nombreux facteurs à prendre en considération. Je ne prétends pas que nous ne pouvons pas en faire davantage ou que nous ne pouvons pas faire mieux. Je ne fais que remettre les pendules à l’heure, pour que les Canadiens comprennent mieux les défis qui les attendent lorsqu’ils effectueront la transition vers un réseau élargi à faibles émissions de carbone.

Le sénateur Richard Neufeld est membre de trois comités sénatoriaux : Énergie, environnement et ressources naturelles; Finances nationales; et Arctique. Il représente la Colombie-Britannique au Sénat. Avant de devenir sénateur, il a été ministre de l’Énergie, des Mines et des Richesses pétrolières de la Colombie-Britannique de 2001 à 2009.

Cet article a été publié le 16 juillet 2018 dans le journal The Hill Times.

Avis aux lecteurs : L’honorable Richard Neufeld est retraité du Sénat du Canada depuis novembre 2019. Apprenez-en davantage​ sur son travail au Parlement.

Le mois dernier, le tout nouveau Conseil Génération Énergie du gouvernement du Canada a publié un rapport qui présente une vision de ce à quoi un avenir à faibles émissions de carbone pourrait ressembler pour le Canada au cours d’une génération. Le Conseil propose un plan pour réduire notre empreinte carbone et soutient qu’en « l’espace d’une génération, des pays comme le Canada utiliseront moins de combustibles fossiles, et les énergies renouvelables et les autres sources d’énergie non émettrices occuperont une part bien plus grande de l’approvisionnement énergétique à l’échelle planétaire ».

Selon moi, la feuille de route proposée dans le rapport du Conseil pour réduire nos émissions n’est absolument pas révolutionnaire. Pour être tout à fait honnête, j'estime que bon nombre des mesures proposées se retrouvent déjà ailleurs. Le tout premier plan énergétique de la Colombie-Britannique (A Vision for Clean Energy Leadership), que j’ai présenté en 2002 en tant que ministre de l’Énergie, des Mines et des Richesses pétrolières, comportait bon nombre des mêmes idées. Et il remontre à seize ans.

Le Conseil indique que « l’électricité ne compte globalement que pour 20 % de notre consommation d’énergie. Pour que ce pourcentage gonfle substantiellement, nous devrons augmenter considérablement notre capacité à produire de l’électricité propre ». La bonne nouvelle : le réseau électrique du Canada est déjà propre à 80 % grâce en partie à l’hydroélectricité et à l’énergie nucléaire, deux sources sans émissions. Le Conseil soutient que le Canada devra « beaucoup investir dans l’infrastructure à l’échelle du pays et rétablir la confiance de la population en l’assurant que le tout peut se faire dans le respect de l’environnement et sans flambée des coûts de l’électricité ».

J’appuie sans réserve l’électrification de l’économie. Selon moi, le Canada doit viser deux choses : réduire les émissions résultant actuellement du secteur de l’électricité en général, tout en augmentant la production d’électricité afin de répondre à la demande à venir (notamment en faisant en sorte qu’il y ait davantage de véhicules électriques sur les routes).

Des agences et des experts renommés prédisent néanmoins que les combustibles fossiles demeureront un facteur dominant dans le portefeuille énergétique mondial. Le monde continue de consommer de plus en plus de combustibles fossiles, alors que les percées des solutions de rechange renouvelables sur le marché ont été modestes.

Comme Peter Tertzakian, directeur général de l’ARC Energy Research Institute, l’a récemment écrit (en anglais seulement), « le pourcentage de combustibles fossiles dans le portefeuille énergétique mondial — charbon, pétrole et gaz naturel — se maintient toujours bien au-delà de 80 %. […] Nous sommes dans une ère de « diversification de l’énergie » où les sources de remplacement des combustibles fossiles, notamment les énergies renouvelables, prennent de l’ampleur aux côtés et non pas aux dépens de ces derniers ».

Je crois que la plupart des Canadiens, moi y compris, veulent que le bouquet énergétique du Canada comporte davantage de sources renouvelables, comment l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Ils tiennent toutefois à ce que ces sources soient abordables et efficaces, ce qui n’est pas le cas avec l’énergie solaire et l’énergie éolienne, qui sont toutes deux intermittentes. Les énergies renouvelables autres que l’hydroélectricité doivent s’appuyer sur des sources d’électricité solides et fiables comme l’hydroélectricité, l’énergie nucléaire, le charbon ou le gaz naturel, pour répondre à la demande lorsque le soleil ne brille pas, par exemple.

Lors de sa comparution devant le Sénat en 2016, un représentant de TransAlta Corporation, un producteur d’électricité de l’Alberta, a indiqué qu’il serait possible d’intégrer des technologies intermittentes à son réseau, mais que le réseau dans son ensemble devrait être appuyé par une production de base fiable provenant d’une autre source.

Par exemple, un représentant de TransAlta a également expliqué que pour qu’une de ses centrales solaires du Massachusetts produise le même volume d’énergie qu’une centrale au charbon de 100 mégawatts, il lui faudrait occuper un espace équivalant à environ 4 600 terrains de football. Comme Don Wharton, directeur général, Transition vers une réduction du carbone chez TransAlta, l’a affirmé, « nous allons avoir des problèmes à choisir l’emplacement des nouvelles installations de production ».

En ce qui concerne le vent, il ne faut pas oublier que la construction d’une éolienne moyenne requiert environ 185 tonnes d’acier, dont la production nécessite environ 100 tonnes de charbon métallurgique. Et que dire du béton pour les bases? La production d’acier et de béton est énergivore et produit beaucoup d’émissions.

De plus, même si je suis en faveur du virage vers les énergies renouvelables, je sais que la construction d’un parc éolien ou des photovoltaïques n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Les avantages environnementaux sont évidents, mais il peut être difficile d’obtenir l’« acceptation sociale » de ces projets. Les militants environnementalistes ont de l’influence et savent faire entendre leur voix quand vient le temps de dénoncer les projets liés aux combustibles fossiles, mais le mouvement « pas dans ma cour » est lui aussi très présent. Pour être honnête, compte tenu de l’actuel cadre de réglementation canadien en ce qui concerne les évaluations environnementales, il sera difficile de mettre en chantier tout projet, qu’il soit propre ou non. Cette nouvelle réalité canadienne a certainement eu une incidence sur notre réputation mondiale, ainsi que sur l’attrait qu’exerce notre pays chez les investisseurs étrangers.

Je suis d’avis que le Canada doit s’employer activement à faire en sorte que davantage d’électricité soit produite à partir de sources renouvelables, mais qu’il y a de nombreux facteurs à prendre en considération. Je ne prétends pas que nous ne pouvons pas en faire davantage ou que nous ne pouvons pas faire mieux. Je ne fais que remettre les pendules à l’heure, pour que les Canadiens comprennent mieux les défis qui les attendent lorsqu’ils effectueront la transition vers un réseau élargi à faibles émissions de carbone.

Le sénateur Richard Neufeld est membre de trois comités sénatoriaux : Énergie, environnement et ressources naturelles; Finances nationales; et Arctique. Il représente la Colombie-Britannique au Sénat. Avant de devenir sénateur, il a été ministre de l’Énergie, des Mines et des Richesses pétrolières de la Colombie-Britannique de 2001 à 2009.

Cet article a été publié le 16 juillet 2018 dans le journal The Hill Times.

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