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Le secteur privé pourrait combler les lacunes des missions de recherche et de sauvetage au Canada : sénateurs Manning et Gold

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En août dernier, par un matin frisquet sur la côte Est de l’Arctique, la Garde côtière canadienne est allée à la rescousse des 126 passagers de l’Akademik Ioffe, un navire échoué au nord de Kugaaruk, au Nunavut. Les équipes de sauvetage ont évacué les passagers à bord de bateaux pneumatiques.

Heureusement, il n’y a eu aucun blessé ni aucun risque pour l’environnement, mais ce fut un incident qui s’est ajouté à un nombre croissant de missions de recherche et de sauvetage au Canada.

Les équipages et les bénévoles spécialisés de la Garde côtière canadienne et des Forces armées canadiennes sont appelés à intervenir presque chaque jour dans les pires conditions météorologiques et dans les régions les plus reculées de notre pays.

Ces braves hommes et femmes qui procèdent à ces sauvetages maritimes dangereux sont des experts en la matière. C’est d’ailleurs ce que nous entendions souvent au cours de notre étude.

À mesure que s’intensifie la navigation dans le Nord, ces hommes et ces femmes doivent aussi composer avec un manque de personnel, des navires vieillissants et la multiplication des appels à l’aide dans la région.

En tant que membres du Comité sénatorial des pêches et des océans, nous étudions les défis que représentent les missions de recherche et de sauvetage maritimes et les façons de les faciliter. Le 29 novembre, nous avons publié notre rapport, Quand chaque minute compte — Recherche et sauvetage maritimes.

Nous avons été surpris de constater que dans l’Arctique, où il n’y a aucune ressource permanente pour la recherche et le sauvetage, il faut parfois attendre huit heures avant qu’une équipe de sauvetage parvienne sur les lieux d’un accident. Dans cette région où la navigation maritime a doublé depuis 40 ans, comment peut-on attendre si longtemps dans des eaux glaciales avant d’obtenir de l’aide?

Or comme l’indique si bien le titre de notre rapport, chaque minute compte.

Mervin Wiseman, coordonnateur de sauvetage à la retraite de Terre-Neuve‑et‑Labrador, a dit que nous avions auparavant l’un des meilleurs systèmes de recherche et sauvetage au monde.

Maintenant, a‑t‑il expliqué, « le Canada glisse derrière les pays les plus industrialisés dans ses capacités de réaction ».

Notre étude nous a permis de bien saisir la situation : le Canada doit envisager des partenariats avec le secteur privé pour combler les graves lacunes dans ses services, car chaque seconde compte pour un navire en détresse qui attend des secours, pour chaque marin qui tombe par-dessus bord et pour chaque individu aux prises avec une urgence médicale.

D’ailleurs, l’une de nos 17 recommandations propose la tenue d’un projet pilote qui autoriserait un exploitant d’hélicoptères civils du secteur privé à effectuer des missions de recherche et de sauvetage afin de combler les lacunes de couverture dans le Nord et au large de Terre-Neuve‑et‑Labrador.

N’oublions pas : nous parlons de vie et de mort.

Chaque année, environ 600 personnes sont sauvées, mais 18 meurent au large de Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Le nombre de missions de recherche et de sauvetage dans la province est d’ailleurs le double de la moyenne nationale.

Un projet pilote permettrait à un exploitant privé d’effectuer des missions de recherche et de sauvetage dans des régions mal desservies, à faibles coûts pour les contribuables. Cela permettrait de réduire considérablement le temps de réaction pour les missions de recherche et de sauvetage.

Malheureusement, notre temps de réaction est bien plus long que celui d’autres pays maritimes, comme le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark.

Ces problèmes persistent depuis plus d’une décennie; nous devrions voir ce qui se fait dans ces pays pour évaluer notre approche en matière de recherche et de sauvetage.

Nous devons aussi aller au-delà des simples partenariats public-privé.

Ainsi, nous avons appris que les Autochtones sont souvent les premiers arrivés sur les lieux d’accidents dans les eaux de leur région. Pourquoi ne pas leur offrir une formation afin que les équipes de recherche puissent profiter de leurs connaissances et de leur expertise? Ce serait une situation gagnante tant pour les résidents des zones côtières que pour la Garde côtière canadienne, qui peine à recruter et à conserver ses employés. Une telle initiative aiderait également à surmonter les barrières linguistiques entre les résidents de la région et les équipes de recherche dans les communautés autochtones.

Le rapport comporte bien d’autres recommandations, y compris l’obligation pour tous les navires de pêche d’avoir des radiobalises de localisation des sinistres. Avec plus de 12 décès par année, le secteur de la pêche commerciale a le taux de décès le plus élevé parmi toutes les industries au Canada.

En ce qui a trait au financement, nous recommandons également de faire de la Garde côtière canadienne un organisme distinct et indépendant qui relèverait du ministre des Transports. De cette façon, elle pourrait profiter d’une planification à long terme en matière d’immobilisations et d’une visibilité accrue en tant qu’institution publique.

Le Canada est une nation maritime. Nous pouvons faire beaucoup mieux pour assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes.


Le sénateur Fabian Manning est président du Comité sénatorial des pêches et des océans. Il représente Terre-Neuve‑et‑Labrador.

Le sénateur Marc Gold est vice-président du comité. Il représente la division de Stadacona au Québec.  

Cet article a été publié le 11 décembre 2018 dans le journal The Telegram (en anglais seulement).

 

En août dernier, par un matin frisquet sur la côte Est de l’Arctique, la Garde côtière canadienne est allée à la rescousse des 126 passagers de l’Akademik Ioffe, un navire échoué au nord de Kugaaruk, au Nunavut. Les équipes de sauvetage ont évacué les passagers à bord de bateaux pneumatiques.

Heureusement, il n’y a eu aucun blessé ni aucun risque pour l’environnement, mais ce fut un incident qui s’est ajouté à un nombre croissant de missions de recherche et de sauvetage au Canada.

Les équipages et les bénévoles spécialisés de la Garde côtière canadienne et des Forces armées canadiennes sont appelés à intervenir presque chaque jour dans les pires conditions météorologiques et dans les régions les plus reculées de notre pays.

Ces braves hommes et femmes qui procèdent à ces sauvetages maritimes dangereux sont des experts en la matière. C’est d’ailleurs ce que nous entendions souvent au cours de notre étude.

À mesure que s’intensifie la navigation dans le Nord, ces hommes et ces femmes doivent aussi composer avec un manque de personnel, des navires vieillissants et la multiplication des appels à l’aide dans la région.

En tant que membres du Comité sénatorial des pêches et des océans, nous étudions les défis que représentent les missions de recherche et de sauvetage maritimes et les façons de les faciliter. Le 29 novembre, nous avons publié notre rapport, Quand chaque minute compte — Recherche et sauvetage maritimes.

Nous avons été surpris de constater que dans l’Arctique, où il n’y a aucune ressource permanente pour la recherche et le sauvetage, il faut parfois attendre huit heures avant qu’une équipe de sauvetage parvienne sur les lieux d’un accident. Dans cette région où la navigation maritime a doublé depuis 40 ans, comment peut-on attendre si longtemps dans des eaux glaciales avant d’obtenir de l’aide?

Or comme l’indique si bien le titre de notre rapport, chaque minute compte.

Mervin Wiseman, coordonnateur de sauvetage à la retraite de Terre-Neuve‑et‑Labrador, a dit que nous avions auparavant l’un des meilleurs systèmes de recherche et sauvetage au monde.

Maintenant, a‑t‑il expliqué, « le Canada glisse derrière les pays les plus industrialisés dans ses capacités de réaction ».

Notre étude nous a permis de bien saisir la situation : le Canada doit envisager des partenariats avec le secteur privé pour combler les graves lacunes dans ses services, car chaque seconde compte pour un navire en détresse qui attend des secours, pour chaque marin qui tombe par-dessus bord et pour chaque individu aux prises avec une urgence médicale.

D’ailleurs, l’une de nos 17 recommandations propose la tenue d’un projet pilote qui autoriserait un exploitant d’hélicoptères civils du secteur privé à effectuer des missions de recherche et de sauvetage afin de combler les lacunes de couverture dans le Nord et au large de Terre-Neuve‑et‑Labrador.

N’oublions pas : nous parlons de vie et de mort.

Chaque année, environ 600 personnes sont sauvées, mais 18 meurent au large de Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Le nombre de missions de recherche et de sauvetage dans la province est d’ailleurs le double de la moyenne nationale.

Un projet pilote permettrait à un exploitant privé d’effectuer des missions de recherche et de sauvetage dans des régions mal desservies, à faibles coûts pour les contribuables. Cela permettrait de réduire considérablement le temps de réaction pour les missions de recherche et de sauvetage.

Malheureusement, notre temps de réaction est bien plus long que celui d’autres pays maritimes, comme le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark.

Ces problèmes persistent depuis plus d’une décennie; nous devrions voir ce qui se fait dans ces pays pour évaluer notre approche en matière de recherche et de sauvetage.

Nous devons aussi aller au-delà des simples partenariats public-privé.

Ainsi, nous avons appris que les Autochtones sont souvent les premiers arrivés sur les lieux d’accidents dans les eaux de leur région. Pourquoi ne pas leur offrir une formation afin que les équipes de recherche puissent profiter de leurs connaissances et de leur expertise? Ce serait une situation gagnante tant pour les résidents des zones côtières que pour la Garde côtière canadienne, qui peine à recruter et à conserver ses employés. Une telle initiative aiderait également à surmonter les barrières linguistiques entre les résidents de la région et les équipes de recherche dans les communautés autochtones.

Le rapport comporte bien d’autres recommandations, y compris l’obligation pour tous les navires de pêche d’avoir des radiobalises de localisation des sinistres. Avec plus de 12 décès par année, le secteur de la pêche commerciale a le taux de décès le plus élevé parmi toutes les industries au Canada.

En ce qui a trait au financement, nous recommandons également de faire de la Garde côtière canadienne un organisme distinct et indépendant qui relèverait du ministre des Transports. De cette façon, elle pourrait profiter d’une planification à long terme en matière d’immobilisations et d’une visibilité accrue en tant qu’institution publique.

Le Canada est une nation maritime. Nous pouvons faire beaucoup mieux pour assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes.


Le sénateur Fabian Manning est président du Comité sénatorial des pêches et des océans. Il représente Terre-Neuve‑et‑Labrador.

Le sénateur Marc Gold est vice-président du comité. Il représente la division de Stadacona au Québec.  

Cet article a été publié le 11 décembre 2018 dans le journal The Telegram (en anglais seulement).

 

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