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Les voix du Nord doivent être au cœur de la transition de l’Arctique vers une énergie plus verte : sénateur Dennis Patterson

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Le Nord du Canada accuse du retard par rapport au reste du monde sur le plan des infrastructures.

Si l’on examine les infrastructures énergétiques des régions comparables de l’Arctique circumpolaire, on constate que certains pays ont trouvé des solutions de rechange, telles que l’énergie nucléaire et géothermique, pour alimenter les communautés dans les régions nordiques et éloignées.

En revanche, les 25 communautés du Nunavut dépendent quasi entièrement du diesel.

Depuis que le Comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles a publié, en 2015, son rapport intitulé Énergiser les territoires du Canada, de nombreuses avancées ont été réalisées dans le domaine des infrastructures d’énergie renouvelable. À titre d’exemple, les éoliennes sont désormais plus résistantes et peuvent fonctionner adéquatement malgré les conditions météorologiques de l’Arctique; les batteries pour l’énergie solaire sont plus sophistiquées et faciles à utiliser; les petits réacteurs nucléaires sont de plus en plus reconnus pour leurs nombreux avantages.

En effet, les petits réacteurs nucléaires sont relativement faciles à construire, se présentent sous forme de modules et peuvent facilement être mis en réseau pour répondre aux besoins croissants des communautés. De plus, ils constituent des sources d’énergie très sécuritaires. Autre élément important : le Canada est responsable de la production de 9 % de la quantité totale d’uranium dans le monde, ce qui en fait le quatrième producteur en importance à l’échelle mondiale.

Au Nunavut, le gisement Kiggavik, situé dans la région centrale du territoire (Kivalliq) pourrait devenir aussi important que le bassin de l’Athabasca. Il suffit d’observer le développement des industries primaires, secondaires et tertiaires près des mines Cigar Lake et McArthur River de Cameco pour prendre la pleine mesure du potentiel que représentent l’accès à une abondance de ressources et le développement durable pour stimuler l’économie locale et favoriser la prospérité d’une région entière.

Si le Canada souhaite effectuer une transition véritablement équitable, il doit s’assurer qu’elle le soit pour les communautés nordiques et éloignées qui doivent surmonter de nombreux obstacles pour trouver des sources d’énergie de remplacement ainsi que pour construire et entretenir les infrastructures connexes. Nous sommes limités par la géographie, les conditions météorologiques et les ressources, tant humaines que financières.

Le gouvernement doit veiller à ce que toutes les mesures législatives de transition équitable prévoient des ressources importantes et que les budgets futurs comportent des mesures de financement équitables. Il ne faut pas s’en tenir à des annonces ponctuelles ou à des montants par habitant, comme c’est trop souvent le cas.

Certains aspects du financement liés à la transition équitable sont évidents. Par exemple, nous devons veiller à ce que les membres des communautés locales soient formés pour veiller au bon fonctionnement et à l’entretien des équipements énergétiques. Nous avons besoin de plus de subventions fédérales pour construire de nouvelles infrastructures énergétiques, puisqu’il n’est généralement pas possible d’établir des partenariats public-privé compte tenu du nombre relativement peu élevé d’habitants au sein des communautés de l’Arctique et puisque le modèle de la Banque de l’infrastructure ne permet pas de financer les petits projets ayant un rendement très faible ou nul.

Toutefois, certains des besoins en matière de financement sont plus subtils à moins d’être un habitant du Nord. Par exemple, il faut asphalter les pistes d’aéroports ou trouver des modèles de financement souples adaptés à la saison de navigation plus courte.

Toutes les communautés du Nunavut ne sont accessibles qu’en avion et ne disposent pas de routes de liaison. Comme il s’agit de communautés côtières, cela signifie que les matériaux de construction doivent être acheminés par bateau, ce qui nécessite de longs délais et beaucoup de coordination préalable. Malgré cette réalité, les ententes de financement conclues avec l’administration fédérale sont souvent annoncées au début de l’exercice, tandis que les fonds ne sont versés que des mois plus tard, habituellement après la date limite de présentation des commandes de transport maritime et viennent à échéance un an plus tard. Nous avons besoin d’ententes plus flexibles qui nous permettent de nous conformer au calendrier du transport maritime.

Des cargaisons plus petites peuvent également être acheminées par avion à réaction. Chaque région du Nunavut est dotée d’une communauté centrale : Cambridge Bay à l’ouest, Rankin Inlet dans la région centrale et Iqaluit à l’est. Cependant, Cambridge Bay ne détient qu’une piste en gravier et les avions à réaction modernes nécessitent une piste asphaltée pour atterrir. Un grand nombre d’avions à réaction plus anciens munis de trains d’atterrissage adaptés aux pistes en gravier ne seront plus utilisés cette année. Cambridge Bay perd donc officiellement son service d’aviation à réaction.

Voilà le genre d’éléments logistiques dont il faut tenir compte à l’échelle fédérale. Trop souvent, les programmes et les politiques sont élaborés par des personnes résidant à Ottawa qui n’ont qu’une connaissance limitée, voire inexistante, des réalités nordiques : il faut que les choses changent. 

L’Arctique canadien a la possibilité d’être aussi développé que ses voisins circumpolaires, mais pour profiter des progrès technologiques qui pourraient réduire la dépendance au diesel, il est indispensable qu’Ottawa sache ce qui peut être fait pour nous aider à opérer la transition.

Pour commencer, il faudra écouter les voix des populations nordiques et mettre leurs conseils en application.

Le sénateur Dennis Patterson représente le Nunavut au Sénat.

Une version de cet article a été publiée le 6 mars 2023 dans le journal The Hill Times.

Avis aux lecteurs : L’honorable Dennis Glen Patterson a pris sa retraite du Sénat du Canada en décembre 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Le Nord du Canada accuse du retard par rapport au reste du monde sur le plan des infrastructures.

Si l’on examine les infrastructures énergétiques des régions comparables de l’Arctique circumpolaire, on constate que certains pays ont trouvé des solutions de rechange, telles que l’énergie nucléaire et géothermique, pour alimenter les communautés dans les régions nordiques et éloignées.

En revanche, les 25 communautés du Nunavut dépendent quasi entièrement du diesel.

Depuis que le Comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles a publié, en 2015, son rapport intitulé Énergiser les territoires du Canada, de nombreuses avancées ont été réalisées dans le domaine des infrastructures d’énergie renouvelable. À titre d’exemple, les éoliennes sont désormais plus résistantes et peuvent fonctionner adéquatement malgré les conditions météorologiques de l’Arctique; les batteries pour l’énergie solaire sont plus sophistiquées et faciles à utiliser; les petits réacteurs nucléaires sont de plus en plus reconnus pour leurs nombreux avantages.

En effet, les petits réacteurs nucléaires sont relativement faciles à construire, se présentent sous forme de modules et peuvent facilement être mis en réseau pour répondre aux besoins croissants des communautés. De plus, ils constituent des sources d’énergie très sécuritaires. Autre élément important : le Canada est responsable de la production de 9 % de la quantité totale d’uranium dans le monde, ce qui en fait le quatrième producteur en importance à l’échelle mondiale.

Au Nunavut, le gisement Kiggavik, situé dans la région centrale du territoire (Kivalliq) pourrait devenir aussi important que le bassin de l’Athabasca. Il suffit d’observer le développement des industries primaires, secondaires et tertiaires près des mines Cigar Lake et McArthur River de Cameco pour prendre la pleine mesure du potentiel que représentent l’accès à une abondance de ressources et le développement durable pour stimuler l’économie locale et favoriser la prospérité d’une région entière.

Si le Canada souhaite effectuer une transition véritablement équitable, il doit s’assurer qu’elle le soit pour les communautés nordiques et éloignées qui doivent surmonter de nombreux obstacles pour trouver des sources d’énergie de remplacement ainsi que pour construire et entretenir les infrastructures connexes. Nous sommes limités par la géographie, les conditions météorologiques et les ressources, tant humaines que financières.

Le gouvernement doit veiller à ce que toutes les mesures législatives de transition équitable prévoient des ressources importantes et que les budgets futurs comportent des mesures de financement équitables. Il ne faut pas s’en tenir à des annonces ponctuelles ou à des montants par habitant, comme c’est trop souvent le cas.

Certains aspects du financement liés à la transition équitable sont évidents. Par exemple, nous devons veiller à ce que les membres des communautés locales soient formés pour veiller au bon fonctionnement et à l’entretien des équipements énergétiques. Nous avons besoin de plus de subventions fédérales pour construire de nouvelles infrastructures énergétiques, puisqu’il n’est généralement pas possible d’établir des partenariats public-privé compte tenu du nombre relativement peu élevé d’habitants au sein des communautés de l’Arctique et puisque le modèle de la Banque de l’infrastructure ne permet pas de financer les petits projets ayant un rendement très faible ou nul.

Toutefois, certains des besoins en matière de financement sont plus subtils à moins d’être un habitant du Nord. Par exemple, il faut asphalter les pistes d’aéroports ou trouver des modèles de financement souples adaptés à la saison de navigation plus courte.

Toutes les communautés du Nunavut ne sont accessibles qu’en avion et ne disposent pas de routes de liaison. Comme il s’agit de communautés côtières, cela signifie que les matériaux de construction doivent être acheminés par bateau, ce qui nécessite de longs délais et beaucoup de coordination préalable. Malgré cette réalité, les ententes de financement conclues avec l’administration fédérale sont souvent annoncées au début de l’exercice, tandis que les fonds ne sont versés que des mois plus tard, habituellement après la date limite de présentation des commandes de transport maritime et viennent à échéance un an plus tard. Nous avons besoin d’ententes plus flexibles qui nous permettent de nous conformer au calendrier du transport maritime.

Des cargaisons plus petites peuvent également être acheminées par avion à réaction. Chaque région du Nunavut est dotée d’une communauté centrale : Cambridge Bay à l’ouest, Rankin Inlet dans la région centrale et Iqaluit à l’est. Cependant, Cambridge Bay ne détient qu’une piste en gravier et les avions à réaction modernes nécessitent une piste asphaltée pour atterrir. Un grand nombre d’avions à réaction plus anciens munis de trains d’atterrissage adaptés aux pistes en gravier ne seront plus utilisés cette année. Cambridge Bay perd donc officiellement son service d’aviation à réaction.

Voilà le genre d’éléments logistiques dont il faut tenir compte à l’échelle fédérale. Trop souvent, les programmes et les politiques sont élaborés par des personnes résidant à Ottawa qui n’ont qu’une connaissance limitée, voire inexistante, des réalités nordiques : il faut que les choses changent. 

L’Arctique canadien a la possibilité d’être aussi développé que ses voisins circumpolaires, mais pour profiter des progrès technologiques qui pourraient réduire la dépendance au diesel, il est indispensable qu’Ottawa sache ce qui peut être fait pour nous aider à opérer la transition.

Pour commencer, il faudra écouter les voix des populations nordiques et mettre leurs conseils en application.

Le sénateur Dennis Patterson représente le Nunavut au Sénat.

Une version de cet article a été publiée le 6 mars 2023 dans le journal The Hill Times.

Avis aux lecteurs : L’honorable Dennis Glen Patterson a pris sa retraite du Sénat du Canada en décembre 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

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