En mémoire de la sénatrice Josée Forest-Niesing
Sur la Colline du Parlement, il faut normalement faire les durs et jouer du coude. La sénatrice Josée Forest-Niesing, elle, s’est toujours démarquée par son sourire — et sa capacité à accomplir les choses.
Une « main de fer dans un gant de velours », voilà comment la décrit la sénatrice Bev Busson. « Elle était une grande défenseure des droits des francophones, des droits de la personne en général, de l’égalité des sexes, des droits des autochtones. »
« Lorsqu’elle parlait, tout le monde écoutait. »
La sénatrice Kim Pate renchérit en précisant qu’elle « réagissait de façon viscérale à l’injustice ».
« Nous nous sommes découvert des atomes crochus dès son arrivée en Chambre. Son attitude positive, sa personnalité pleine d’entrain et son sourire lumineux étaient remarquables », se remémore la sénatrice Pate.
Femme de principes, dynamique, d’une grande intelligence et multipliant les alliés partout sur son passage, la sénatrice Forest-Niesing a été nommée au Sénat en 2018, au terme d’une carrière d’avocate à Sudbury et de juge à la Cour des petites créances de la Cour supérieure de justice.
La sénatrice Forest-Niesing est décédée à l’âge de 56 ans le samedi 20 novembre 2021, emportée par la COVID-19. Une condition médicale préexistante la rendait particulièrement vulnérable à la maladie.
Ses collègues les plus proches du Sénat se souviennent d’elle comme une étoile au potentiel infini s’exprimant avec éloquence, et ce, tant en français qu’en anglais.
« Elle était parfaitement bilingue et d’une grande finesse; diplomate sans pour autant se laisser marcher sur les pieds. Je crois qu’elle serait un jour devenue Présidente du Sénat », remarque la sénatrice Diane Griffin.
Les causes qu’elle portait étaient nombreuses et diverses.
Fière Franco-Ontarienne, elle est devenue une fervente détractrice des compressions aux programmes de langue française de l’Université Laurentienne, aux prises avec des difficultés. Dans un discours prononcé en avril 2021, elle implorait les sénateurs d’appuyer la communauté francophone du nord de l’Ontario qui dépend de l’université « pour sa vitalité, son soutien et son avenir ».
Sa motion a été adoptée deux mois plus tard.
Selon la sénatrice Busson, elle inspirait le respect : « Sa façon de s’exprimer et de se présenter m’impressionnait énormément. Elle ne prenait pas la parole à moins d’avoir quelque chose d’important à dire. J’en suis venue à retirer tellement de fierté de notre amitié. »
Les sénatrices Busson et Griffin ont travaillé avec elle à une autre cause : la mise à jour des mandats des comités du Sénat. Bien que la mission puisse sembler relativement banale, les comités du Sénat peuvent en fait modifier les lois et mener des études lourdes de conséquences. Pourtant, le mandat du Comité des transports et des communications, par exemple, fait encore référence au télégraphe et passe Internet sous silence.
Elles ont eu leur dernier échange avec leur collègue lors d’une réunion de ce Groupe de travail le 17 novembre 2021.
« Elle participait à la réunion de chez elle, alitée. Nous lui avons demandé : ‘’Es-tu vraiment certaine que tu devrais être ici?’’ », rapporte la sénatrice Griffin.
« Que Dieu soit avec elle », poursuit-elle en se remémorant que, fidèle à elle-même, la réponse de sa collègue fut joviale : « Oh non, ce n’est pas plus stressant d’être ici que de regarder la télévision. »
La sénatrice Forest-Niesing s’était également fait la championne des droits autochtones, surtout après avoir découvert son propre patrimoine lié aux Premières nations. Elle a partagé une tranche de vie dans un discours en troisième lecture du projet de loi C-15, Loi concernant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Dans son discours du 15 juin 2021, elle a déclaré : « Nous avons trouvé un certificat de mariage qui nous a appris que mon arrière-grand-mère, Agnès Lafond, faisait partie de la première nation des Abénakis de Wôlinak. »
« Mon apprentissage des traditions et de la culture des peuples autochtones me permet de mieux apprécier la richesse, le sens du respect et la spiritualité qui les animent. Je suis tellement reconnaissante que la vie m’ait donné l’occasion d’incarner ma double identité », a-t-elle renchéri.
La découverte de son héritage lui a redonné confiance l’une des rares fois où son assurance a fléchi. C’était le 16 octobre 2018, et elle attendait d’être assermentée au Sénat. Le sénateur Brian Francis et elle étaient les derniers à être invités à prendre leurs places.
« Elle était nerveuse », confie le sénateur Francis. Cependant, il avait une plume d’aigle avec lui.
« Elle connaissait l’importance et la puissance de la plume d’aigle, et la mienne était bénie. J’ai alors prié le Créateur pour elle. Et je l’ai touchée avec la plume d’aigle en récitant une prière; elle a trouvé le moment très fort et elle s’est ressaisie », poursuit-il.
Puis, les épaules redressées, elle s’est assise à sa place dans la chambre du Sénat pour la première fois.
La sénatrice Pate se souvient être entrée dans l’édifice avec elle peu après alors qu’elle saluait les agents de sécurité par leurs noms : « Elle apprenait le nom de tout le monde. J’étais ébahie par sa capacité à se souvenir des noms de tous ceux et celles qu’elle croisait. »
Les deux sénatrices ont tenté résolument d’amender le projet de loi C-83, Loi modifiant la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et une autre loi, qui visait à éliminer l’isolement dans les pénitenciers.
« Nous avons travaillé en très intime collaboration sur les amendements que le Sénat a formulés pour ce projet de loi », ajoute la sénatrice Pate.
Et quand le gouvernement a rejeté les amendements, la sénatrice Forest-Niesing n’a pas baissé les bras.
La sénatrice Pate précise au sujet de sa collègue que sa réaction a immédiatement été d’affirmer : « Si personne ne va s’assurer qu’il y a surveillance et reddition de compte, nous le ferons. »
La sénatrice Pate se souvient également d’une séance tard en soirée où la sénatrice Forest-Niesing comptait chaque seconde, en attente de nouvelles sur la naissance de son premier petit-enfant, puis de son départ précipité pour Sudbury pour le rencontrer.
« Elle est restée positive, optimiste et soucieuse des autres jusqu’à la toute fin. Je ne saurais comment honorer sa mémoire sinon qu’en poursuivant son travail », conclut la sénatrice Pate.
Déclarations à l’occasion du décès de l’honorable sénatrice Josée Forest-Niesing
La sénatrice Forest-Niesing a contribué à sa communauté en présidant et siégeant au sein de nombreux conseils d’administration, et on se souviendra d’elle comme d’une ardente et passionnée défenseure de l’accès à la justice dans les deux langues officielles.
Au nom du Sénat du Canada, je tiens à offrir mes condoléances à toute sa famille, ses amis(es) et ses proches.
L’honorable George J. Furey, c.r.
Président du Sénat
Cliquez ici pour lire la déclaration intégrale du Président George J. Furey sur le décès de la sénatrice Forest-Niesing.
Je suis profondément attristé du décès de ma collègue, la sénatrice Josée Forest-Niesing. Elle était une fière Franco-Ontarienne, une avocate et une dirigeante communautaire passionnée.
Au cours des 20 années de sa carrière d’avocate, elle a principalement exercé en droit de la famille. Par son implication bénévole auprès d’un grand nombre d’organismes communautaires, la sénatrice Forest-Niesing était prédestinée à agir comme une des consciences sénatoriales en faveur du respect des langues officielles. Elle nous invitait à prendre les moyens pour que cette égalité soit une réalité dans notre quotidien et à porter à cette question une attention toute particulière en ces temps incertains de pandémie.
Au-delà de ses qualifications et ses qualités comme juriste et membre dévoué à sa communauté, la sénatrice Forest-Niesing a toujours fait preuve de compassion, caractéristique pertinente à notre institution qui est avant tout humaine.
À titre de représentant du gouvernement au Sénat, j’offre mes condoléances à sa famille et à ses proches.
Le sénateur Marc Gold
Représentant du gouvernement au Sénat
Au nom du Caucus conservateur du Sénat, je souhaite transmettre nos condoléances à la famille, aux amis(es) et au personnel de la sénatrice Forest-Niesing. Nous avons tous été ébranlés par son départ prématuré. La sénatrice Forest-Niesing était une Franco-Ontarienne du Nord fière et passionnée, et sa voix nous manquera beaucoup. Sa détermination, sa grâce, son attention et sa compassion ont fait d’elle une parlementaire influente. Nous chérirons le souvenir d’avoir travaillé avec elle au Sénat du Canada.
Nous offrons nos sincères condoléances à ses proches en ces moments difficiles; sachez que sa famille du Sénat est en deuil avec vous.
Le sénateur Don Plett
Leader de l’opposition au Sénat
L’honorable Josée Forest-Niesing a laissé une marque indélébile sur tout ce qu’elle a entrepris et sur toutes les personnes qu’elle a rencontrées. Son assurance, sa générosité et son intelligence pouvaient illuminer une pièce. Elle était une Canadienne exceptionnelle, fière de son pays ainsi que de ses racines autochtones et franco-ontariennes. La sénatrice Forest-Niesing a consacré sa carrière à la défense des droits de la personne et à la justice sociale, et cette passion l’a accompagnée dans son travail au Sénat. Elle militait pour un Sénat plus indépendant et moins partisan ainsi que pour la modernisation de la Chambre haute. Elle nous manquera terriblement.
Le sénateur Yuen Paul Woo
Facilitateur du Groupe des sénateurs indépendants
De ma part et de celle de mes collègues du Groupe progressiste du Sénat, nous avons été extrêmement attristés d’apprendre le décès de notre collègue, la sénatrice Josée Forest-Niesing. Son décès représente la perte d’une voix forte pour les communautés linguistiques minoritaires dans les conversations nationales. Sa défense de l’accès à la justice et au service public dans les deux langues officielles, en langue des signes et pour les communautés autochtones, restera une partie de son héritage et de l’impact considérable qu’elle a eu au cours de sa vie au service du public. Son amitié nous manquera, ainsi que ses précieuses contributions à notre travail au nom des Canadiens au Sénat. Nos pensées vont à sa famille et à ses amis(es).
La sénatrice Jane Cordy
Leader du Groupe progressiste du Sénat
Nous avons le cœur brisé par le décès de notre chère collègue et amie, l’honorable Josée Forest-Niesing. Le Sénat, sa communauté et le Canada sont en deuil après le décès prématuré d’une championne passionnée des Franco-Ontariens(ennes). Elle avait à cœur le service public et j’espère que nous serons à la hauteur de son exemple de grâce et de gentillesse, car son héritage nous inspire. Au nom du Groupe des sénateurs canadiens, j’adresse mes plus sincères et plus profondes condoléances à tous ceux et celles qui ont aimé Josée. Qu’elle repose en paix.
Le sénateur Scott Tannas
Leader du Groupe des sénateurs canadiens
