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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Mois de l'histoire des Noirs

29 février 2024


L’honorable Amina Gerba [ + ]

Honorables sénateurs, je termine aujourd’hui ma série de déclarations dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs de 2024 avec une personnalité exemplaire par son parcours et son engagement communautaire : il s’agit de Mme Henriette Mvondo.

Diplômée en génie mécanique et enseignante en électronique dans son pays d’origine, le Cameroun, Henriette a pris son courage à deux mains et a tout quitté avec son mari pour rejoindre notre pays afin d’offrir à ses enfants un avenir meilleur.

Faute de reconnaissance de ses diplômes à son arrivée à Montréal en 2004, Henriette repart de zéro et doit travailler dans les manufactures pour survivre. Elle ne baisse pas les bras face aux multiples défis auxquels elle fait face et elle enchaîne les emplois avant de reprendre des études au terme desquelles elle décroche un poste de planificatrice financière à la Banque Royale du Canada.

Ce poste, qu’elle occupe toujours aujourd’hui avec passion, lui donne la possibilité de guider les immigrants au sein du système bancaire canadien.

En 2017, forte de cette expérience et désireuse d’aider son prochain, Henriette décide de fonder l’organisme Bienvenue à l’immigrant (BAI), qui offre des services aux nouveaux arrivants, de l’accueil aux formations professionnelles en passant par le soutien psychosocial, avec une approche très innovante, soit un accompagnement personnalisé en fonction des besoins et des origines culturelles des immigrants.

Citoyenne très impliquée, connue et reconnue dans la ville de Lasalle, Henriette travaille avec la communauté afro-canadienne dans toute sa diversité, mais aussi avec les communautés chinoise, italienne ou encore grecque. Henriette est perçue comme un précieux pont entre toutes les cultures. C’est d’ailleurs ce qui justifie que, en 2022, la Ville de LaSalle l’a nommée ambassadrice de la Semaine de l’harmonie interculturelle. En 2023, c’est la Banque Royale du Canada qui l’a désignée citoyenne du monde RBC 2023. Bravo, Henriette.

Chers collègues, vous aurez compris, grâce aux différentes présentations qui ont été faites dans cette Chambre durant ce mois de février, que l’excellence des personnes noires est un patrimoine que nous devons reconnaître et célébrer, pas seulement durant le mois de février, mais tous les jours.

Merci.

L’honorable Michael L. MacDonald

Honorables sénateurs, en ce dernier jour du Mois de l’histoire des Noirs, il convient de porter notre attention vers la Nouvelle-Écosse. Après tout, c’est là que se sont établies les plus anciennes communautés noires du Canada, à la fin du XVIIIe siècle pour la plupart.

Dans le célèbre roman Capitaines courageux du grand écrivain britannique Rudyard Kipling, deux des principaux personnages sur le navire étaient le cuisinier et un matelot de pont. Ils étaient Noirs et discutaient toujours entre eux en gaélique d’Écosse. À l’époque, les critiques s’étaient moqués d’un tel scénario, le jugeant irréaliste et tiré par les cheveux.

Toutefois, personne au Cap-Breton ne l’a remis en question, car Kipling avait fondé ses personnages sur deux Cap-Bretonnais qui étaient des légendes à l’époque et dont on se souvient encore aujourd’hui avec affection.

Il s’agissait des jumeaux Maxwell, George et John, de la magnifique localité de Marble Mountain, dans le comté d’Inverness, dans la partie sud-ouest du lac Bras d’Or.

Leur père, George Maxwell, était un orphelin e 10 ans qui rôdait autour du port d’Halifax dans les décennies précédant la Confédération. Un capitaine du Cap-Breton, réalisant dans quelle situation George se trouvait, lui a offert un foyer, et l’enfant a fait voile jusqu’au Cap-Breton où il a commencé une nouvelle vie. À l’âge adulte, George père s’est retrouvé dans la communauté noire du comté de Guysborough. C’est là qu’il y a rencontré une jeune femme dont il est tombé amoureux. Les deux tourtereaux ont ensuite décidé de s’installer à Marble Mountain pour fonder une famille.

À la naissance des jumeaux en 1864, le Cap-Breton était composé à plus de 90 % de régions rurales, et plus de 80 % de la population parlait le gaélique. En fait, à Marble Mountain, 150 % de la population parlait cette langue. Les jumeaux ont été élevés comme des Écossais des Highlands. Ils excellaient au chant et ils composaient des chansons en gaélique. John était aussi un habile joueur de violon du Cap-Breton, et il est devenu un spécialiste de la langue gaélique. Les jumeaux ont tous les deux fondé de grandes familles et leurs descendants sont nombreux au Cap-Breton et partout sur le continent. Des entrevues réalisées avec leurs petits‑enfants dans les années 1970 nous ont permis d’apprendre qu’ils étaient de fervents presbytériens qui avaient en aversion les jeux de cartes. Ils fréquentaient régulièrement l’Église et consacraient toujours le samedi à la préparation des repas du dimanche.

Comme la BBC l’a souligné cette année dans un reportage, leur histoire a été racontée lors de la plus récente édition des prix du cinéma en Écosse. Les jumeaux Maxwell ont fait l’objet d’un documentaire intitulé Na Gàidheal Dubha, ou « Les Gaëls noirs », qui a accédé à la courte liste de 4 finalistes parmi plus de 160 œuvres. En tant que Cap-Bretonnais, je me réjouis de voir que ces deux hommes remarquables reçoivent la reconnaissance et les hommages qu’ils méritent après toutes ces années.

En cette fin du Mois de l’histoire des Noirs, prenez le temps de lever un verre et de trinquer à la mémoire de George et de John Maxwell, « Na Gàidheal Dubha » du Cap-Breton, quoique les jumeaux préféreraient peut-être que vous leur portiez un toast avec de l’eau.

Merci.

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