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Projet de loi sur la responsabilité et le registre des agents d’influence étrangers

Projet de loi modificatif--Deuxième lecture--Suite du débat

16 mai 2023


Toutes mes félicitations, Votre Honneur.

Honorables sénateurs, le débat sur ce point a été ajourné au nom de la sénatrice Clement, et je demande le consentement du Sénat pour que, à la suite de mon intervention, le reste de son temps de parole lui soit réservé.

Son Honneur la Présidente [ + ]

Le consentement est-il accordé?

Il en est ainsi ordonné.

Je vous remercie.

Même si je suis le porte-parole de mon groupe parlementaire au sujet de ce projet de loi sénatorial, je serai très bref. J’y suis plutôt favorable. Cette mesure législative a été présentée par le sénateur Housakos.

Honorables sénateurs, je suppose qu’un pays doit avoir la force morale nécessaire pour subsister et défendre ses propres principes, quelles que soient les circonstances, mais aussi pour les protéger contre ceux qui veulent lui faire du tort. Il faut savoir que certains pays cherchent à tirer profit de nous et à nous causer du tort. Nous devons donc être vigilants.

Il arrive parfois qu’un pays soit assailli de l’intérieur par des mécontents. Parfois, il l’est de l’extérieur par des ennemis. Rester sourd à cette idée, c’est laisser libre cours à l’insatisfaction interne et aux offensives externes. Selon moi, ce projet de loi nous demande ni plus ni moins de décider si notre pays doit se protéger contre les forces externes. Dans le contexte actuel, pour une raison que je m’explique mal, cette question semble bien complexe.

Laisserions-nous un voisin entrer dans notre foyer pour y menacer notre famille? De la façon la plus élémentaire, voilà la question qui nous est posée, et voilà ce qui s’est passé au cours des dernières années.

Je pense qu’il n’est pas exagéré de demander que les agents étrangers s’inscrivent à un registre et qu’il n’est pas déraisonnable d’adopter une telle position. Pour protéger ses citoyens, un pays doit être conscient que ceux-ci ont le droit d’être protégés contre une influence prédatrice. Il n’est pas non plus déraisonnable de dire que, pour notre pays, négliger cette obligation, ne serait-ce qu’un peu, revient à négliger son devoir envers les citoyens, devoir qui lui incombe à titre de pays doté de sa propre Constitution, de ses propres frontières et de ses propres lois.

Je suppose que cela dépend du pays que nous voulons bâtir et des normes que nous exigeons de nous-mêmes. Nous pourrions donc poser la question suivante : si nous pataugeons dans un abîme de normes modifiées, s’il y a du retard dans la livraison de nos navires actuellement, si nos avions sont dépassés depuis des années, si nos militaires — aussi courageux et compétents qu’ils soient et qu’ils aient toujours été — ne correspondent pas une division, et si nos obligations envers l’OTAN sont à leur plus bas, répondrons-nous que c’est vrai? Si oui, qu’est-ce que cela dit à propos de ce que nous sommes comme nation et comme peuple ?

Peut-être cela signifie-t-il que nous ne comprenons pas vraiment les obligations qu’ont les citoyens envers leur pays, le reste du monde et les alliés qui comptent continuellement sur nous. Est-ce que ceux qui se trouvent à nos portes sont prêts à nous faire du mal? Il y a lieu de se le demander.

Un registre de ceux qui travaillent pour le compte d’un gouvernement étranger est à la fois sensé et pratique. On en retrouve dans les pays où ceux qui travaillent pour le compte d’autres nations sont tenus responsables de leurs actions. Je pense que ce n’est ni terrible ni raciste. Il s’agit d’une pratique saine visant à protéger sa nation et son peuple du bellicisme étranger.

Si la protection de nos propres concitoyens face à la Chine ou à d’autres nations constitue une horreur, alors pourquoi la Chine et d’autres nations la pratiquent-elles contre tant d’autres?

L’administration canadienne est habitée par l’idée peu pratique que la meilleure façon de résoudre une crise donnée est de ne jamais y répondre en temps utile. Au cours des dernières années, je crois que plus d’un pays s’est appuyé sur cette aberration. Elle est évidente dans le Nord, à portée de vue de nos frontières et, parfois, au large de la côte atlantique avec d’autres flottes de pêche.

Je reviendrai toutefois sur le premier point : nous devons décider si nous sommes un pays et non une nation postnationale. C’est aussi simple, aussi profond et aussi existentiel que cela. Si nous sommes une nation, nous devons être vigilants et honorer notre engagement envers elle et envers nos concitoyens, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent : Premières Nations, Français, Anglais, Chinois ou Japonais.

Permettez-moi de faire une analogie avec le hockey. J’ai dit un jour à Ron MacLean, au sujet de notre sport national : « Nous devenons une nation dès que la rondelle est mise au jeu. » En effet, personne n’a jamais eu à expliquer aux Canadiens pourquoi ils sont sur la glace. J’aimerais que nous fassions preuve de la même ténacité, de la même audace et du même sens de l’honneur en affirmant notre État démocratique et nos valeurs démocratiques.

Un registre des agents étrangers permettrait simplement de vérifier qui travaille pour le compte d’une entité étrangère. Je ne propose pas de traiter ces personnes de manière irrespectueuse. Je souhaite que, s’il y a une injustice, elle soit signalée et qu’une sanction s’ensuive.

Je terminerai par une note sur une bataille qui s’est déroulée il y a longtemps. Elle me rappelle qui nous étions autrefois. À Ypres, en 1915, la première fois que les Allemands ont utilisé des gaz, les Canadiens ont tenu leur position alors que tout le monde fuyait autour d’eux. Ils étaient les seuls à ne pas abandonner la tranchée. Ils ont tenu la ligne. Ils l’ont fait parce qu’ils sentaient que c’était leur devoir, et ils ont refusé de rompre les rangs et de s’enfuir. C’étaient des Canadiens de toutes les races : Chinois, Premières Nations, Anglais et Français. Ils ont tenu bon, comme ce fut le cas à la plage Juno et en Corée.

Pour les honorer, nous devons être vigilants et ne jamais renoncer à notre position ni à notre amour de la patrie. À cet égard, et à la lumière de ce qui s’est passé à cause de l’ingérence étrangère au cours des cinq dernières années, je demande que ce projet de loi soit renvoyé à un comité dans les plus brefs délais.

Merci.

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