Des sénateurs écoutent les points de vue des communautés autochtones du Nord du Canada sur une nouvelle relation
En septembre 2018, le Comité sénatorial des peuples autochtones a visité des villages, des municipalités, des villes ainsi que des communautés autochtones autonomes de l’Arctique de l’Ouest, afin d’en apprendre davantage sur leur vision quant à une nouvelle relation entre le Canada et les peuples autochtones.
YELLOWKNIFE (TERRITOIRES DU NORD OUEST)
Une structure de zinc et de verre qui surplombe le paysage boréal distinctif de Yellowknife, l’Assemblée législative des Territoires du Nord Ouest (T.N. O.) a été le premier arrêt du comité dans sa mission d’étude dans l’Arctique de l’Ouest. L’Assemblée législative est le siège du gouvernement élu des Territoires du Nord Ouest, dont la moitié de la population est autochtone.
L’autonomie gouvernementale, la coordination avec les différents ordres de gouvernement et la gestion des ressources naturelles ne sont que quelques-unes des questions qui ont été abordées avec les membres du comité par plusieurs témoins, notamment des représentants de petites communautés autochtones et d’organisations autochtones régionales ainsi que des leaders politiques des Territoires du Nord Ouest.
DÉLĮNE (TERRITOIRES DU NORD OUEST)
Une prière en langue slave du Nord a été récitée lors des réunions tenues à Délįne, communauté éloignée d’environ 500 habitants, membres des Premières Nations et Métis du Grand lac de l’Ours. Là-bas, les prières se terminent par le mot « Mahsi », qui s’apparente au mot « merci » par son sens et sa sonorité.
Délįne est une communauté riche tant par ses traditions que ses ressources fauniques. Les gens du pays racontent fièrement que leur lac détient le record mondial de la plus grande truite jamais pêchée – 74 livres – et que la première partie de hockey au Canada a été jouée à Délįne, au début des années 1800.
En 2015, des membres de la communauté de Délįne ont exécuté une danse ronde dans le foyer du Sénat pour célébrer l’adoption de leur accord d’autonomie gouvernementale. Le sénateur Tannas, parrain du projet de loi sur l’autonomie gouvernementale, s’est dit déçu d’apprendre que les leaders de Délįne n’avaient pas été satisfaits du soutien reçu du gouvernement fédéral au cours des années qui suivirent. « Je pense qu’après la signature et la danse de célébration, les intervenants du gouvernement canadien sont partis de leur côté », a déclaré le sénateur aux leaders, tout en reconnaissant que l’autonomie gouvernementale devait être mieux appuyée dès le départ.
La présidente du comité, la sénatrice Lillian Eva Dyck, a admiré l’environnement « magnifique » de la communauté. Cependant, le comité a appris que les dirigeants locaux craignent pour l’avenir de leur terre en raison des changements climatiques. La route qu’ils utilisent l’hiver n’a été opérationnelle à des fins commerciales que durant 20 jours l’année dernière.
Le chef local Leeroy Andre a déclaré au comité que « l’année prochaine, cette période pourrait diminuer à 15, ou 10 jours si le temps s’adoucit ». Malgré la perspective de ressources hydrocinétiques considérables, la communauté dépend encore des combustibles fossiles, qui n’atteignent pas toujours Délįne en raison d’une infrastructure peu fiable. Le manque de fonds n’a pas permis l’exploration d’autres sources d’énergie.
INUVIK (TERRITOIRES DU NORD OUEST)
Bien que le terme « Arctique » décrive avec exactitude la destination la plus nordique de cette mission d’étude, les leaders de la ville d'Inuvik ont dit aux sénateurs que le Canada devrait changer la façon dont il parle de cette partie du pays. En effet, cette ville multiculturelle, avec sa population diversifiée et son infrastructure urbaine, est loin de la « vision pure et enneigée » à laquelle d'autres Canadiens pourraient s'attendre, a affirmé la conseillère Natasha Kulikowski. Un terme qui reflète fidèlement le potentiel de développement dans cette partie du pays serait « Le Nord», ont entendu les sénateurs.
Durant son séjour à Inuvik, le groupe a eu des discussions animées avec le maire Jim McDonald et des leaders autochtones locaux sur des questions comme les relations entre les communautés autochtones et la municipalité, les revendications territoriales et les accords d’autonomie gouvernementale.
Le comité a pu étudier cette complexité lors de ses réunions avec le Conseil tribal des Gwich'in et la Société communautaire d’Inuvik, où il a été question des efforts déployés par les différents groupes autochtones et non-autochtones d’Inuvik en vue de cohabiter dans un esprit de coopération.
À la fin d’une journée de réunions avec des leaders et des aînés de la communauté, le sénateur Scott Tannas, vice-président du comité, a réfléchi à ce que les sénateurs avaient appris au sujet des relations dans cette petite communauté.
« Ça semble bien compliqué, mais ça fonctionne », a-t-il déclaré.
OLD CROW (YUKON)
Survolant les sommets enneigés qui découpent l’océan Arctique, le comité s’est rendu à Old Crow lors du quatrième jour de sa mission d’étude. Le groupe a eu une discussion approfondie avec Roger Kyikavikchik, aîné de cette communauté de 221 habitants.
Il a dépeint un riche tableau d’une communauté unie, enracinée dans son passé, qui pratique la chasse et la traite des fourrures et se nourrit des ressources de la faune et de la terre.
Les membres du comité ont appris que l’accord de revendication territoriale conclu entre le Canada et le gouvernement du Yukon, il y a 25 ans, dont était signataire la Première Nation des Vuntut Gwitchin, avait « apporté une plus grande certitude dans la région ». Cependant, les aînés ont rappelé au comité que cette communauté avait des défis importants à relever, comme d’importantes lacunes dans l’accord financier conclu avec le Canada, la gestion des conditions climatiques extrêmes, l’adaptation aux changements climatiques et l’insécurité alimentaire.
WHITEHORSE (YUKON)
En prenant l’autobus à Whitehorse, on constate la volonté de la capitale du Yukon de faire entendre la voix des peuples autochtones. Bon nombre des autobus de la ville sont décorés d’œuvres autochtones aux couleurs vives.
« Les peuples autochtones ne veulent pas que ce soit nous qui racontions leur histoire », a indiqué au comité le maire de Whitehorse, Dan Curtis.
Un groupe diversifié d’étudiants, d’enseignants, de chercheurs, de membres du personnel et d’anciens du Collège du Yukon a discuté des défis qui se posent à Whitehorse. De la lourdeur des demandes de financement au choc culturel des étudiants qui se rendent étudier dans un collège ou une université d’une grande ville, les étudiants autochtones qui entreprennent des études supérieures se butent à des difficultés. Malgré cela, les étudiants ont exprimé leur souhait de retourner dans leur communauté afin de lui faire profiter de leurs études et de leurs connaissances et notamment de « travailler dans des domaines qui favorisent l’autosuffisance, l’autodétermination et l’autonomie ».
Des dirigeants de la Première Nation Carcross/Taigish se sont joints au comité pour sa dernière réunion, à Whitehorse. Ils ont parlé du manque de financement et de l’impénétrable bureaucratie, problème commun à bon nombre des Premières Nations autonomes que le comité a rencontrées dans le Nord.
S'exprimant sur les conclusions de la mission d’étude du comité dans l'Arctique de l'Ouest, le sénateur Tannas a fait remarquer la richesse du savoir traditionnel et des ressources dans le Nord. « Nous, au sud, avons la responsabilité de veiller à ce que les communautés du Nord soient supportées pour maximiser leur potentiel de développement économique important ».
La sénatrice Dyck a quant à elle réfléchi aux questions qui ont été abordées et les prochaines étapes à suivre alors que le comité travaille sur la rédaction d’un rapport sur les nouvelles relations entre les peuples autochtones et le Canada.
« Notre rapport n’accumulera pas la poussière sur les tablettes », a affirmé la sénatrice Dyck.
« Nous allons transmettre le point de vue de ces communautés à Ottawa et veiller à ce que le gouvernement agisse en conséquence. »
Articles connexes
Étiquettes
Nouvelles des comités
Des sénateurs écoutent les points de vue des communautés autochtones du Nord du Canada sur une nouvelle relation
En septembre 2018, le Comité sénatorial des peuples autochtones a visité des villages, des municipalités, des villes ainsi que des communautés autochtones autonomes de l’Arctique de l’Ouest, afin d’en apprendre davantage sur leur vision quant à une nouvelle relation entre le Canada et les peuples autochtones.
YELLOWKNIFE (TERRITOIRES DU NORD OUEST)
Une structure de zinc et de verre qui surplombe le paysage boréal distinctif de Yellowknife, l’Assemblée législative des Territoires du Nord Ouest (T.N. O.) a été le premier arrêt du comité dans sa mission d’étude dans l’Arctique de l’Ouest. L’Assemblée législative est le siège du gouvernement élu des Territoires du Nord Ouest, dont la moitié de la population est autochtone.
L’autonomie gouvernementale, la coordination avec les différents ordres de gouvernement et la gestion des ressources naturelles ne sont que quelques-unes des questions qui ont été abordées avec les membres du comité par plusieurs témoins, notamment des représentants de petites communautés autochtones et d’organisations autochtones régionales ainsi que des leaders politiques des Territoires du Nord Ouest.
DÉLĮNE (TERRITOIRES DU NORD OUEST)
Une prière en langue slave du Nord a été récitée lors des réunions tenues à Délįne, communauté éloignée d’environ 500 habitants, membres des Premières Nations et Métis du Grand lac de l’Ours. Là-bas, les prières se terminent par le mot « Mahsi », qui s’apparente au mot « merci » par son sens et sa sonorité.
Délįne est une communauté riche tant par ses traditions que ses ressources fauniques. Les gens du pays racontent fièrement que leur lac détient le record mondial de la plus grande truite jamais pêchée – 74 livres – et que la première partie de hockey au Canada a été jouée à Délįne, au début des années 1800.
En 2015, des membres de la communauté de Délįne ont exécuté une danse ronde dans le foyer du Sénat pour célébrer l’adoption de leur accord d’autonomie gouvernementale. Le sénateur Tannas, parrain du projet de loi sur l’autonomie gouvernementale, s’est dit déçu d’apprendre que les leaders de Délįne n’avaient pas été satisfaits du soutien reçu du gouvernement fédéral au cours des années qui suivirent. « Je pense qu’après la signature et la danse de célébration, les intervenants du gouvernement canadien sont partis de leur côté », a déclaré le sénateur aux leaders, tout en reconnaissant que l’autonomie gouvernementale devait être mieux appuyée dès le départ.
La présidente du comité, la sénatrice Lillian Eva Dyck, a admiré l’environnement « magnifique » de la communauté. Cependant, le comité a appris que les dirigeants locaux craignent pour l’avenir de leur terre en raison des changements climatiques. La route qu’ils utilisent l’hiver n’a été opérationnelle à des fins commerciales que durant 20 jours l’année dernière.
Le chef local Leeroy Andre a déclaré au comité que « l’année prochaine, cette période pourrait diminuer à 15, ou 10 jours si le temps s’adoucit ». Malgré la perspective de ressources hydrocinétiques considérables, la communauté dépend encore des combustibles fossiles, qui n’atteignent pas toujours Délįne en raison d’une infrastructure peu fiable. Le manque de fonds n’a pas permis l’exploration d’autres sources d’énergie.
INUVIK (TERRITOIRES DU NORD OUEST)
Bien que le terme « Arctique » décrive avec exactitude la destination la plus nordique de cette mission d’étude, les leaders de la ville d'Inuvik ont dit aux sénateurs que le Canada devrait changer la façon dont il parle de cette partie du pays. En effet, cette ville multiculturelle, avec sa population diversifiée et son infrastructure urbaine, est loin de la « vision pure et enneigée » à laquelle d'autres Canadiens pourraient s'attendre, a affirmé la conseillère Natasha Kulikowski. Un terme qui reflète fidèlement le potentiel de développement dans cette partie du pays serait « Le Nord», ont entendu les sénateurs.
Durant son séjour à Inuvik, le groupe a eu des discussions animées avec le maire Jim McDonald et des leaders autochtones locaux sur des questions comme les relations entre les communautés autochtones et la municipalité, les revendications territoriales et les accords d’autonomie gouvernementale.
Le comité a pu étudier cette complexité lors de ses réunions avec le Conseil tribal des Gwich'in et la Société communautaire d’Inuvik, où il a été question des efforts déployés par les différents groupes autochtones et non-autochtones d’Inuvik en vue de cohabiter dans un esprit de coopération.
À la fin d’une journée de réunions avec des leaders et des aînés de la communauté, le sénateur Scott Tannas, vice-président du comité, a réfléchi à ce que les sénateurs avaient appris au sujet des relations dans cette petite communauté.
« Ça semble bien compliqué, mais ça fonctionne », a-t-il déclaré.
OLD CROW (YUKON)
Survolant les sommets enneigés qui découpent l’océan Arctique, le comité s’est rendu à Old Crow lors du quatrième jour de sa mission d’étude. Le groupe a eu une discussion approfondie avec Roger Kyikavikchik, aîné de cette communauté de 221 habitants.
Il a dépeint un riche tableau d’une communauté unie, enracinée dans son passé, qui pratique la chasse et la traite des fourrures et se nourrit des ressources de la faune et de la terre.
Les membres du comité ont appris que l’accord de revendication territoriale conclu entre le Canada et le gouvernement du Yukon, il y a 25 ans, dont était signataire la Première Nation des Vuntut Gwitchin, avait « apporté une plus grande certitude dans la région ». Cependant, les aînés ont rappelé au comité que cette communauté avait des défis importants à relever, comme d’importantes lacunes dans l’accord financier conclu avec le Canada, la gestion des conditions climatiques extrêmes, l’adaptation aux changements climatiques et l’insécurité alimentaire.
WHITEHORSE (YUKON)
En prenant l’autobus à Whitehorse, on constate la volonté de la capitale du Yukon de faire entendre la voix des peuples autochtones. Bon nombre des autobus de la ville sont décorés d’œuvres autochtones aux couleurs vives.
« Les peuples autochtones ne veulent pas que ce soit nous qui racontions leur histoire », a indiqué au comité le maire de Whitehorse, Dan Curtis.
Un groupe diversifié d’étudiants, d’enseignants, de chercheurs, de membres du personnel et d’anciens du Collège du Yukon a discuté des défis qui se posent à Whitehorse. De la lourdeur des demandes de financement au choc culturel des étudiants qui se rendent étudier dans un collège ou une université d’une grande ville, les étudiants autochtones qui entreprennent des études supérieures se butent à des difficultés. Malgré cela, les étudiants ont exprimé leur souhait de retourner dans leur communauté afin de lui faire profiter de leurs études et de leurs connaissances et notamment de « travailler dans des domaines qui favorisent l’autosuffisance, l’autodétermination et l’autonomie ».
Des dirigeants de la Première Nation Carcross/Taigish se sont joints au comité pour sa dernière réunion, à Whitehorse. Ils ont parlé du manque de financement et de l’impénétrable bureaucratie, problème commun à bon nombre des Premières Nations autonomes que le comité a rencontrées dans le Nord.
S'exprimant sur les conclusions de la mission d’étude du comité dans l'Arctique de l'Ouest, le sénateur Tannas a fait remarquer la richesse du savoir traditionnel et des ressources dans le Nord. « Nous, au sud, avons la responsabilité de veiller à ce que les communautés du Nord soient supportées pour maximiser leur potentiel de développement économique important ».
La sénatrice Dyck a quant à elle réfléchi aux questions qui ont été abordées et les prochaines étapes à suivre alors que le comité travaille sur la rédaction d’un rapport sur les nouvelles relations entre les peuples autochtones et le Canada.
« Notre rapport n’accumulera pas la poussière sur les tablettes », a affirmé la sénatrice Dyck.
« Nous allons transmettre le point de vue de ces communautés à Ottawa et veiller à ce que le gouvernement agisse en conséquence. »