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« J’espère avoir été à la hauteur du privilège qui m’a été accordé » : la sénatrice Bovey fait ses adieux au Sénat

Au Sénat du Canada, on compte bon nombre de Canadiens accomplis représentant différentes professions, mais la nomination de la sénatrice Patricia Bovey en 2016 constituait une première pour l’institution vieille de 150 ans; en effet, la Manitobaine est devenue la première historienne de l’art et muséologue à faire son entrée au Sénat. Dès le début de son parcours de six ans et demi à la Chambre rouge, elle s’est mise au travail. Elle qui a toujours défendu avec vigueur et passion les arts et la culture, elle a su intégrer l’optique des arts et de la culture dans chaque aspect de son travail tout en lançant de nouveaux programmes pour mettre en valeur les œuvres d’art au Sénat.

Avant son départ de la Chambre haute le 15 mai 2023, la sénatrice Bovey a fait part à SenCAplus de ses réflexions sur son passage au Sénat.

En quoi votre carrière dans l’industrie des arts vous a-t-elle préparée à votre vie sur la Colline parlementaire?

Je crois que mon expérience d’historienne de l’art et de directrice de galerie d’art est la meilleure formation qu’une personne pourrait probablement avoir pour travailler sur la Colline. On doit toujours se pencher sur plusieurs dossiers en même temps. On travaille avec des gens de tous les milieux, cultures, diversités et groupes d’âge. Dans le secteur des musées des arts, nous présentons aux différents publics les idées exprimées dans les œuvres de créateurs; sur la Colline parlementaire et au Sénat, nous examinons des enjeux qui touchent les gens et qui ont une grande incidence sur la population canadienne, puis nous présentons des dossiers à ce sujet.

Vous avez été nommée au Sénat en 2016. Comment avez-vous réagi quand vous avez reçu l’appel téléphonique du premier ministre?

C’était vraiment excitant. Il m’a dit qu’il voulait que j’intègre le Sénat, que je serais indépendante — ce que j’ai toujours été —, que j’allais toucher à toutes sortes de dossiers et qu’il voulait que j’aborde chaque dossier dans l’optique des arts et de la culture. Et c’est exactement ce que j’ai fait. En devenant la première historienne de l’art et muséologue au Sénat, j’ai misé sur le fait que ce segment de la société canadienne — soit le troisième plus important employeur au Canada — n’avait pas de voix sur la Colline parlementaire.

Vous avez soumis deux projets de loi publics émanant du Sénat qui ont été adoptés à l’unanimité au Sénat. Le premier, le projet de loi S-202, constitue votre troisième tentative pour créer le poste d’artiste visuel officiel du Parlement. Quel serait l’avantage pour le Parlement de pouvoir compter sur la présence d’une personne faisant la promotion des arts visuels?

La sénatrice Bovey répand la joie des Fêtes lors de la campagne Toys for Tots du Sénat en décembre 2017. La campagne annuelle recueille des dons pour les enfants défavorisés de la région de la capitale nationale. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

La sénatrice Bovey représente le Canada lors du Sommet des présidents de parlement du G20 à Buenos Aires, en Argentine, en 2018, où elle a parlé de l’autonomisation des femmes. De gauche à droite, elle est photographiée avec : David Usher, alors ambassadeur du Canada en Argentine; Gabriela Michetti, alors vice-présidente de l’Argentine; et Emilio Monzó, alors président de la Chambre des députés de l’Argentine. (Crédit photo : Bureau du Président du Sénat)

Le fait de pouvoir exprimer le travail qui se fait au Parlement dans le langage international des arts visuels est d’une importance critique et est très emballant. Comme le fait le poète officiel du Parlement dans son domaine, l’artiste visuel officiel attirerait l’attention sur les arts visuels et ferait connaitre davantage cette discipline. Ce poste serait profitable au secteur des arts visuels, mais je crois qu’il aiderait vraiment les parlementaires. Voilà pourquoi, selon moi, le projet de loi obtient autant de commentaires positifs à la Chambre des communes.


La sénatrice Patricia Bovey prononce une allocution en tant que Présidente intérimaire du Sénat lors de la cérémonie du jour du Souvenir en 2019 à la Chambre rouge. (Crédit photo : Bureau du Président du Sénat)

Le deuxième, le projet de loi S-208, veillerait à la mise en œuvre d’une Déclaration en 10 points sur le rôle essentiel des artistes. Qu’espérez-vous que la Déclaration permette de réaliser à long terme?

Les arts sont très souvent mis dans une classe à part et sont perçus comme quelque chose qui est réservé aux personnes qui ont du temps et de l’argent, alors que, en réalité, les arts jouent un rôle absolument essentiel dans tous les aspects de notre société. Nous savons que les gens qui assistent à des événements artistiques vivent deux ans de plus, entrainent moins de dépenses pour le système de santé, s’absentent moins du travail et obtiennent plus rapidement leur congé de l’hôpital après une chirurgie. Nous savons que, si les jeunes à risque prennent part à des initiatives de création, les efforts de prévention du crime connaissent alors beaucoup de succès, et le taux de récidive chez ces jeunes diminue grandement. Tandis que le phénomène de l’urbanisation continue de croître, nous savons que ce sont les festivals à vocation artistique qui ont réussi à animer les petites communautés. Les répercussions économiques sont énormes.

L’artiste Brooke D. remet à la sénatrice Bovey un portrait qu’elle a peint de la sénatrice en mars 2023 au H’art Centre, qui offre des programmes d’arts, de musique, de danse et de théâtre aux adultes handicapés à Kingston, en Ontario. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

La sénatrice Bovey visite la West Baffin Eskimo Co-operative à Kinngait (anciennement Cape Dorset), au Nunavut. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

Nous savons que le secteur des arts et de la culture est le troisième plus important employeur au Canada; pourtant, la tranche la plus élevée de travailleurs pauvres au Canada se compose d’artistes vivant sous le seuil de la pauvreté. Il y a certains enjeux que nous devons vraiment examiner. J’espère que la Déclaration fera la lumière sur bon nombre de ces éléments. Il s’agit d’un texte législatif fondamental sur lequel nous pourrons miser.

En plus de faire la promotion des arts, vous avez été membre de plusieurs comités et sous-comités sénatoriaux. De quels travaux ou initiatives êtes-vous le plus fière?

J’étais vice-présidente du Comité sénatorial des transports et des communications quand nous avons réalisé l’étude sur les véhicules automatisés. Je suis devenue accro! Je suis très fière de cette étude. J’ai aussi été vice-présidente du Comité des affaires sociales, des sciences et de la technologie; nous avons étudié le cadre de prévention du suicide ainsi que le projet de loi C-22.

J’ai demandé que le Comité des affaires étrangères et du commerce international réalise une étude sur la diplomatie culturelle et j’ai pris part à cette même étude. Le rapport intitulé La diplomatie culturelle : à l’avant-scène de la politique étrangère du Canada a reçu un appui considérable. L’autre produit qui me rend très fière est le travail que nous avons accompli au sein du Comité spécial sur l’Arctique, dont j’assurais la vice-présidence. Je crois qu’on peut parler ici d’un rapport de fond.

J’ai été très honorée quand le Président m’a demandé d’agir à titre de suppléante. Ainsi, pendant plus de deux ans, j’ai souvent occupé les fonctions de Présidente suppléante. J’étais fière quand le Président m’a demandé de le représenter en Argentine au Sommet des présidents de parlement du G20; je l’ai aussi représenté au Mexique dans le cadre d’une rencontre Canada-Mexique.

C’est un honneur pour moi de faire partie du Sénat. Comme je l’ai déjà souligné, tout ce que je peux dire, c’est que j’espère vraiment que j’ai été à la hauteur du privilège qu’on m’avait accordé. J’espère que j’ai su représenter les Manitobains comme j’avais le devoir de le faire. Et j’espère vraiment que j’ai réussi à représenter les créateurs de partout au pays et de l’ensemble des disciplines.

Le Sénat du Canada conserve plus de 6 000 œuvres d’art, objets de cérémonie et meubles du patrimoine. Selon vous, qu’est-ce qu’il serait important que les Canadiens sachent au sujet de la collection d’œuvres d’art du Sénat?

Je crois que les Canadiens sont en droit de savoir qu’il existe ici une collection très impressionnante d’œuvres d’art, confiée à une fiducie d’intérêt public, et que le Groupe de travail consultatif sur les œuvres d’art et le patrimoine du Sénat a établi une politique très solide en ce qui a trait à cette fiducie d’intérêt public. Nous respectons les normes de musée canadiennes; notre Groupe de travail s’occupe des acquisitions et du retrait d’inventaire suivant les pratiques professionnelles et juridiques les plus élevées; les programmes que nous avons instaurés sont importants pour atteindre nos fins.

Cultiver les perspectives donne l’occasion à des conservateurs d’art professionnels de partout au pays d’écrire un texte sur une œuvre faisant partie de la collection du Sénat pour ainsi la faire connaitre davantage. Nous sommes en plein processus d’amélioration de la collection d’œuvres autochtones et avons lancé le programme Musées au Sénat. Certains de nos programmes, comme Hommage aux artistes noirs du Canada et Témoignages visuels, accordent une voix et une place aux riches dimensions culturelles diversifiées de notre pays.

Revenons à ces expositions dans l’espace physique et en ligne. Qu’est-ce qui vous procure le plus de fierté?

Je suis fière de savoir que les gens connaissent désormais — ou découvrent — ce que nous possédons ici et veulent travailler de concert avec nous dans le but de comprendre les dimensions multiculturelles du Canada. Si nous avons pu aider des artistes à faire progresser leur carrière d’une quelconque façon, j’en suis ravie. Je pense que le résultat obtenu revient à la Déclaration et au rôle important qu’elle a joué pour réussir à mettre tout cela ensemble. J’espère que nous ne perdrons pas les gains que nous avons réalisés.

Quels conseils donneriez-vous aux futurs sénateurs?

Saisissez les occasions. Collaborez avec les autres. Ne perdez pas de vue vos propres objectifs, mais soyez toujours conscients des objectifs des autres, et cherchez à établir des ponts. Ne craignez pas de poser des questions! Et n’hésitez pas à vous joindre à des comités. Plus vous vous investissez, plus riche sera votre plateforme à votre départ.

La sénatrice Bovey visite le Corps des cadets royaux de l’Armée canadienne (no 2924 Khowutzun) à Duncan, en Colombie-Britannique, en 2019. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

Nous avons élaboré un plan stratégique pour mon bureau en sachant très bien que j’allais seulement passer six ans et demi au Sénat et en nous assurant de rester concentrés sur mes principaux objectifs et sur tout le reste. Si je devais prodiguer des conseils à d’autres sénateurs, je leur recommanderais d’élaborer un plan stratégique et de le tenir à jour. Cela a été très utile dans mon cas.

Je crois vraiment que je suis chanceuse de pouvoir compter sur les meilleurs employés au Sénat. Je pense que les gens ont été surpris quand ils ont constaté que je n’avais pas fait venir de gens avec qui j’avais travaillé auparavant. Je savais que je devais m’entourer de gens qui connaissaient la Colline. Je conseillerais à tout le monde de procéder de cette façon. Je ressentais le besoin de travailler avec des personnes qui allaient pouvoir m’aider dans le milieu où je devais m’intégrer. D’ailleurs, je suis très reconnaissante envers Christine Sentongo-Andersen et Archie Campbell qui ont joué ce rôle.

Quels sont vos plans pour votre vie après le Sénat?

Je crois que ce que j’ai acquis au Sénat et ce que j’ai pu réaliser, ainsi que les travaux toujours en cours, jetteront les bases du prochain chapitre de ma vie. Cela englobe le travail que j’ai commencé sur la lutte contre la fraude à l’endroit des artistes canadiens, en particulier les artistes autochtones. Je vais continuer de suivre de près la Loi sur le droit d’auteur ainsi que l’engagement que j’ai obtenu d’un certain nombre de ministres pour que les droits de revente des artistes soient garantis. Bien sûr, il sera important de poursuivre le travail qui se fait avec le secteur de la création au sujet des changements climatiques. Tous ces points étaient inscrits à mon programme avant et pendant mon mandat au Sénat et le seront toujours. Je ne ferme pas la porte!

Évidemment, je veux continuer à prendre des engagements tant à l’échelle communautaire que nationale, mais je ne suis pas certaine de la forme que cela prendra. Mon livre, Western Voices in Canadian Art, a été publié récemment. J’ai par ailleurs d’autres projets d’écriture qui s’en viennent. J’ai des collègues du domaine des arts qui sont en train de m’organiser une tournée de conférences pour présenter mon livre, ce qui devrait me tenir occupée. Le fait de travailler au sein de la communauté et de concert avec elle est très important à mes yeux — c’est en fait qui je suis réellement.

La sénatrice Bovey fait du kayak au large de Victoria en Colombie-Britannique, en 2018. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

« J’espère avoir été à la hauteur du privilège qui m’a été accordé » : la sénatrice Bovey fait ses adieux au Sénat

Au Sénat du Canada, on compte bon nombre de Canadiens accomplis représentant différentes professions, mais la nomination de la sénatrice Patricia Bovey en 2016 constituait une première pour l’institution vieille de 150 ans; en effet, la Manitobaine est devenue la première historienne de l’art et muséologue à faire son entrée au Sénat. Dès le début de son parcours de six ans et demi à la Chambre rouge, elle s’est mise au travail. Elle qui a toujours défendu avec vigueur et passion les arts et la culture, elle a su intégrer l’optique des arts et de la culture dans chaque aspect de son travail tout en lançant de nouveaux programmes pour mettre en valeur les œuvres d’art au Sénat.

Avant son départ de la Chambre haute le 15 mai 2023, la sénatrice Bovey a fait part à SenCAplus de ses réflexions sur son passage au Sénat.

En quoi votre carrière dans l’industrie des arts vous a-t-elle préparée à votre vie sur la Colline parlementaire?

Je crois que mon expérience d’historienne de l’art et de directrice de galerie d’art est la meilleure formation qu’une personne pourrait probablement avoir pour travailler sur la Colline. On doit toujours se pencher sur plusieurs dossiers en même temps. On travaille avec des gens de tous les milieux, cultures, diversités et groupes d’âge. Dans le secteur des musées des arts, nous présentons aux différents publics les idées exprimées dans les œuvres de créateurs; sur la Colline parlementaire et au Sénat, nous examinons des enjeux qui touchent les gens et qui ont une grande incidence sur la population canadienne, puis nous présentons des dossiers à ce sujet.

Vous avez été nommée au Sénat en 2016. Comment avez-vous réagi quand vous avez reçu l’appel téléphonique du premier ministre?

C’était vraiment excitant. Il m’a dit qu’il voulait que j’intègre le Sénat, que je serais indépendante — ce que j’ai toujours été —, que j’allais toucher à toutes sortes de dossiers et qu’il voulait que j’aborde chaque dossier dans l’optique des arts et de la culture. Et c’est exactement ce que j’ai fait. En devenant la première historienne de l’art et muséologue au Sénat, j’ai misé sur le fait que ce segment de la société canadienne — soit le troisième plus important employeur au Canada — n’avait pas de voix sur la Colline parlementaire.

Vous avez soumis deux projets de loi publics émanant du Sénat qui ont été adoptés à l’unanimité au Sénat. Le premier, le projet de loi S-202, constitue votre troisième tentative pour créer le poste d’artiste visuel officiel du Parlement. Quel serait l’avantage pour le Parlement de pouvoir compter sur la présence d’une personne faisant la promotion des arts visuels?

La sénatrice Bovey répand la joie des Fêtes lors de la campagne Toys for Tots du Sénat en décembre 2017. La campagne annuelle recueille des dons pour les enfants défavorisés de la région de la capitale nationale. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

La sénatrice Bovey représente le Canada lors du Sommet des présidents de parlement du G20 à Buenos Aires, en Argentine, en 2018, où elle a parlé de l’autonomisation des femmes. De gauche à droite, elle est photographiée avec : David Usher, alors ambassadeur du Canada en Argentine; Gabriela Michetti, alors vice-présidente de l’Argentine; et Emilio Monzó, alors président de la Chambre des députés de l’Argentine. (Crédit photo : Bureau du Président du Sénat)

Le fait de pouvoir exprimer le travail qui se fait au Parlement dans le langage international des arts visuels est d’une importance critique et est très emballant. Comme le fait le poète officiel du Parlement dans son domaine, l’artiste visuel officiel attirerait l’attention sur les arts visuels et ferait connaitre davantage cette discipline. Ce poste serait profitable au secteur des arts visuels, mais je crois qu’il aiderait vraiment les parlementaires. Voilà pourquoi, selon moi, le projet de loi obtient autant de commentaires positifs à la Chambre des communes.


La sénatrice Patricia Bovey prononce une allocution en tant que Présidente intérimaire du Sénat lors de la cérémonie du jour du Souvenir en 2019 à la Chambre rouge. (Crédit photo : Bureau du Président du Sénat)

Le deuxième, le projet de loi S-208, veillerait à la mise en œuvre d’une Déclaration en 10 points sur le rôle essentiel des artistes. Qu’espérez-vous que la Déclaration permette de réaliser à long terme?

Les arts sont très souvent mis dans une classe à part et sont perçus comme quelque chose qui est réservé aux personnes qui ont du temps et de l’argent, alors que, en réalité, les arts jouent un rôle absolument essentiel dans tous les aspects de notre société. Nous savons que les gens qui assistent à des événements artistiques vivent deux ans de plus, entrainent moins de dépenses pour le système de santé, s’absentent moins du travail et obtiennent plus rapidement leur congé de l’hôpital après une chirurgie. Nous savons que, si les jeunes à risque prennent part à des initiatives de création, les efforts de prévention du crime connaissent alors beaucoup de succès, et le taux de récidive chez ces jeunes diminue grandement. Tandis que le phénomène de l’urbanisation continue de croître, nous savons que ce sont les festivals à vocation artistique qui ont réussi à animer les petites communautés. Les répercussions économiques sont énormes.

L’artiste Brooke D. remet à la sénatrice Bovey un portrait qu’elle a peint de la sénatrice en mars 2023 au H’art Centre, qui offre des programmes d’arts, de musique, de danse et de théâtre aux adultes handicapés à Kingston, en Ontario. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

La sénatrice Bovey visite la West Baffin Eskimo Co-operative à Kinngait (anciennement Cape Dorset), au Nunavut. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

Nous savons que le secteur des arts et de la culture est le troisième plus important employeur au Canada; pourtant, la tranche la plus élevée de travailleurs pauvres au Canada se compose d’artistes vivant sous le seuil de la pauvreté. Il y a certains enjeux que nous devons vraiment examiner. J’espère que la Déclaration fera la lumière sur bon nombre de ces éléments. Il s’agit d’un texte législatif fondamental sur lequel nous pourrons miser.

En plus de faire la promotion des arts, vous avez été membre de plusieurs comités et sous-comités sénatoriaux. De quels travaux ou initiatives êtes-vous le plus fière?

J’étais vice-présidente du Comité sénatorial des transports et des communications quand nous avons réalisé l’étude sur les véhicules automatisés. Je suis devenue accro! Je suis très fière de cette étude. J’ai aussi été vice-présidente du Comité des affaires sociales, des sciences et de la technologie; nous avons étudié le cadre de prévention du suicide ainsi que le projet de loi C-22.

J’ai demandé que le Comité des affaires étrangères et du commerce international réalise une étude sur la diplomatie culturelle et j’ai pris part à cette même étude. Le rapport intitulé La diplomatie culturelle : à l’avant-scène de la politique étrangère du Canada a reçu un appui considérable. L’autre produit qui me rend très fière est le travail que nous avons accompli au sein du Comité spécial sur l’Arctique, dont j’assurais la vice-présidence. Je crois qu’on peut parler ici d’un rapport de fond.

J’ai été très honorée quand le Président m’a demandé d’agir à titre de suppléante. Ainsi, pendant plus de deux ans, j’ai souvent occupé les fonctions de Présidente suppléante. J’étais fière quand le Président m’a demandé de le représenter en Argentine au Sommet des présidents de parlement du G20; je l’ai aussi représenté au Mexique dans le cadre d’une rencontre Canada-Mexique.

C’est un honneur pour moi de faire partie du Sénat. Comme je l’ai déjà souligné, tout ce que je peux dire, c’est que j’espère vraiment que j’ai été à la hauteur du privilège qu’on m’avait accordé. J’espère que j’ai su représenter les Manitobains comme j’avais le devoir de le faire. Et j’espère vraiment que j’ai réussi à représenter les créateurs de partout au pays et de l’ensemble des disciplines.

Le Sénat du Canada conserve plus de 6 000 œuvres d’art, objets de cérémonie et meubles du patrimoine. Selon vous, qu’est-ce qu’il serait important que les Canadiens sachent au sujet de la collection d’œuvres d’art du Sénat?

Je crois que les Canadiens sont en droit de savoir qu’il existe ici une collection très impressionnante d’œuvres d’art, confiée à une fiducie d’intérêt public, et que le Groupe de travail consultatif sur les œuvres d’art et le patrimoine du Sénat a établi une politique très solide en ce qui a trait à cette fiducie d’intérêt public. Nous respectons les normes de musée canadiennes; notre Groupe de travail s’occupe des acquisitions et du retrait d’inventaire suivant les pratiques professionnelles et juridiques les plus élevées; les programmes que nous avons instaurés sont importants pour atteindre nos fins.

Cultiver les perspectives donne l’occasion à des conservateurs d’art professionnels de partout au pays d’écrire un texte sur une œuvre faisant partie de la collection du Sénat pour ainsi la faire connaitre davantage. Nous sommes en plein processus d’amélioration de la collection d’œuvres autochtones et avons lancé le programme Musées au Sénat. Certains de nos programmes, comme Hommage aux artistes noirs du Canada et Témoignages visuels, accordent une voix et une place aux riches dimensions culturelles diversifiées de notre pays.

Revenons à ces expositions dans l’espace physique et en ligne. Qu’est-ce qui vous procure le plus de fierté?

Je suis fière de savoir que les gens connaissent désormais — ou découvrent — ce que nous possédons ici et veulent travailler de concert avec nous dans le but de comprendre les dimensions multiculturelles du Canada. Si nous avons pu aider des artistes à faire progresser leur carrière d’une quelconque façon, j’en suis ravie. Je pense que le résultat obtenu revient à la Déclaration et au rôle important qu’elle a joué pour réussir à mettre tout cela ensemble. J’espère que nous ne perdrons pas les gains que nous avons réalisés.

Quels conseils donneriez-vous aux futurs sénateurs?

Saisissez les occasions. Collaborez avec les autres. Ne perdez pas de vue vos propres objectifs, mais soyez toujours conscients des objectifs des autres, et cherchez à établir des ponts. Ne craignez pas de poser des questions! Et n’hésitez pas à vous joindre à des comités. Plus vous vous investissez, plus riche sera votre plateforme à votre départ.

La sénatrice Bovey visite le Corps des cadets royaux de l’Armée canadienne (no 2924 Khowutzun) à Duncan, en Colombie-Britannique, en 2019. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

Nous avons élaboré un plan stratégique pour mon bureau en sachant très bien que j’allais seulement passer six ans et demi au Sénat et en nous assurant de rester concentrés sur mes principaux objectifs et sur tout le reste. Si je devais prodiguer des conseils à d’autres sénateurs, je leur recommanderais d’élaborer un plan stratégique et de le tenir à jour. Cela a été très utile dans mon cas.

Je crois vraiment que je suis chanceuse de pouvoir compter sur les meilleurs employés au Sénat. Je pense que les gens ont été surpris quand ils ont constaté que je n’avais pas fait venir de gens avec qui j’avais travaillé auparavant. Je savais que je devais m’entourer de gens qui connaissaient la Colline. Je conseillerais à tout le monde de procéder de cette façon. Je ressentais le besoin de travailler avec des personnes qui allaient pouvoir m’aider dans le milieu où je devais m’intégrer. D’ailleurs, je suis très reconnaissante envers Christine Sentongo-Andersen et Archie Campbell qui ont joué ce rôle.

Quels sont vos plans pour votre vie après le Sénat?

Je crois que ce que j’ai acquis au Sénat et ce que j’ai pu réaliser, ainsi que les travaux toujours en cours, jetteront les bases du prochain chapitre de ma vie. Cela englobe le travail que j’ai commencé sur la lutte contre la fraude à l’endroit des artistes canadiens, en particulier les artistes autochtones. Je vais continuer de suivre de près la Loi sur le droit d’auteur ainsi que l’engagement que j’ai obtenu d’un certain nombre de ministres pour que les droits de revente des artistes soient garantis. Bien sûr, il sera important de poursuivre le travail qui se fait avec le secteur de la création au sujet des changements climatiques. Tous ces points étaient inscrits à mon programme avant et pendant mon mandat au Sénat et le seront toujours. Je ne ferme pas la porte!

Évidemment, je veux continuer à prendre des engagements tant à l’échelle communautaire que nationale, mais je ne suis pas certaine de la forme que cela prendra. Mon livre, Western Voices in Canadian Art, a été publié récemment. J’ai par ailleurs d’autres projets d’écriture qui s’en viennent. J’ai des collègues du domaine des arts qui sont en train de m’organiser une tournée de conférences pour présenter mon livre, ce qui devrait me tenir occupée. Le fait de travailler au sein de la communauté et de concert avec elle est très important à mes yeux — c’est en fait qui je suis réellement.

La sénatrice Bovey fait du kayak au large de Victoria en Colombie-Britannique, en 2018. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

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