Aller au contenu

Projet de loi sur la Journée internationale de la langue maternelle

Troisième lecture

17 juin 2021


Propose que le projet de loi S-211, Loi instituant la Journée internationale de la langue maternelle, soit lu pour la troisième fois.

 — Honorables sénateurs, je suis très fière de prendre la parole à l’étape de la troisième lecture du projet de loi S-211, Loi instituant la Journée internationale de la langue maternelle.

J’en profite pour remercier la sénatrice Petitclerc et les membres du Comité des affaires sociales qui ont travaillé très fort et qui ont même siégé un vendredi pour étudier le projet de loi. Je vous suis vraiment reconnaissante de tout le travail que vous avez fait pour rendre cela possible.

Cette journée est une façon de célébrer, d’honorer et de reconnaître les Canadiens qui, d’un bout à l’autre du pays, parlent fièrement leur langue maternelle.

Honorables sénateurs, le projet de loi ne fera que désigner le 21 février comme la journée de la langue maternelle.

La Journée internationale de la langue maternelle est une journée consacrée à la célébration, mais aussi à la reconnaissance de la valeur et de l’importance de pouvoir communiquer librement, ouvertement et fièrement dans la langue maternelle de son choix.

La semaine dernière, j’ai eu l’immense plaisir, en tant que marraine du projet de loi S-211, de témoigner en compagnie de M. Monjur Chowdhury, directeur général et fondateur de l’organisme Pro-active Education for All Children’s Enrichment; et de Jocelyn Formsma, directrice générale de l’Association nationale des centres d’amitié.

Lorsque j’ai témoigné devant le comité, j’ai cité certains mémoires présentés au comité. J’ai entre autres mentionné le témoignage percutant d’Anushua Nag, adjointe législative du sénateur Dalphond, qui a raconté qu’en tant qu’enfant d’immigrants du Bangladesh, le français, l’anglais et le sylheti constituent des fondements de son identité et qu’elle en est fière et les célèbre.

J’ai également fait mention des sentiments d’un élève de 9e année, Ayaan Jeraj, qui parle français, anglais, espagnol et gujarati. Ayaan a souligné que ce projet de loi est important parce qu’il permettra à des jeunes de poursuivre la lutte pour la reconnaissance et la célébration de toutes les langues maternelles au Canada.

Honorables sénateurs, le projet de loi S-211 vise essentiellement à reconnaître comment les langues maternelles et le multilinguisme renforcent la société diverse et multiculturelle du Canada. Dans la poursuite de cet objectif, il est important de rappeler que lors du recensement de 2011, plus de 60 langues autochtones étaient recensées, mais seulement 14,5 % des membres des Premières Nations avaient encore comme langue maternelle une langue autochtone. En 2016, le nombre de langues autochtones recensées se chiffrait à plus de 70, dont plus de 33 étaient parlées par au moins 500 personnes, tandis que d’autres étaient parlées que par 6 personnes.

Il est vraiment déchirant de voir disparaître un si grand nombre de langues autochtones. Chaque fois qu’une langue disparaît, c’est une partie de notre identité qui disparaît.

Honorables sénateurs, je vous parle depuis de nombreuses années d’un projet de loi sur les langues maternelles. Aujourd’hui, cette mesure arrive à l’étape de la troisième lecture. Je me permets de vous demander humblement de l’appuyer à la fin de cette troisième étape. Je vous remercie beaucoup, honorables sénateurs.

L’honorable Victor Oh [ + ]

Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui au sujet du projet de loi S-211, Loi instituant la Journée internationale de la langue maternelle.

Ce projet de loi a été présenté par notre collègue, la sénatrice Jaffer. Voici ce qu’elle a déclaré à l’étape de la deuxième lecture :

Ce projet de loi vise essentiellement à rendre hommage aux gens de toutes les régions du Canada qui parlent avec fierté leurs langues maternelles; on en compte plus de 200, dont l’espagnol, le gujarati, le pendjabi, le tagalog et bien d’autres encore.

Sénateurs, je crois qu’il s’agit là d’un noble objectif, car il reconnaît que le Canada est un pays multiethnique et multiculturel où vivent des gens aux origines diverses. Comme nous le savons tous, le multiculturalisme est le fil dont est fait le tissu de notre nation. Il faut continuer de célébrer la diversité au Canada.

Bien entendu, la Journée internationale de la langue maternelle ne sera pas un jour férié. Comme bien d’autres, elle sera plutôt une journée reconnue par le Parlement et le gouvernement fédéral en raison de son importance pour le Canada.

Cela surprendra peut-être bon nombre d’entre vous d’apprendre qu’en 2017, il y avait 69 journées ou célébrations reconnues à l’échelle nationale au Canada. Ces journées ont été créées par une loi fédérale, un décret ou une résolution du Parlement. Je crois que, très souvent, nous oublions l’importance qu’ont bon nombre de ces journées. Par exemple, en juin seulement, il y a plus d’une dizaine de journées ou de célébrations officielles à l’échelle nationale.

Malheureusement, beaucoup trop de ces journées nationales, désignées pour commémorer un volet important de notre société, ont été négligées ou complètement oubliées par la majorité de la population. Cependant, chers collègues, nous devons garder à l’esprit que ces journées de commémoration désignées sont très importantes pour un grand nombre de communautés au Canada. Elles servent à garder en mémoire et à honorer des aspects de notre histoire et des segments de notre nation.

Le projet de loi S-211 vise à reconnaître la valeur de la diversité linguistique du Canada. C’est un objectif louable. À propos de l’importance du langage, quand ma collègue, la sénatrice Ataullahjan, s’est exprimée à l’étape de la deuxième lecture, elle a cité le professeur Wade Davis, qui a dit :

Une langue, il va sans dire, n’est pas qu’un simple ensemble de règles grammaticales ou un vocabulaire. C’est un éclair de l’esprit humain, le véhicule par lequel l’âme d’une culture s’arrime au monde matériel. Chaque langue est une forêt ancienne de l’esprit, un bassin versant de la pensée, un écosystème de possibilités sociales, spirituelles et psychologiques. Chaque langue est une fenêtre sur un univers, un monument à la culture qui l’a vue naître et dont elle exprime tout l’esprit.

Ces observations très élégantes démontrent à quel point la diversité est une richesse pour le Canada. Cette richesse prend racine dans les langues et l’héritage culturel remarquable que celles-ci véhiculent.

La sénatrice Ataullahjan a dit : « Je connais très bien la corrélation entre ma langue maternelle et mon identité. » C’est aussi mon cas. Au sein de la famille Oh, notre langue maternelle, le mandarin, est importante et fait partie intégrante de notre identité.

Lorsque j’étais enfant, à Singapour, mes parents parlaient mandarin à leurs enfants. Mes fils sont nés dans un milieu multiculturel et anglophone du Canada. En tant que père, j’ai ressenti qu’il était crucial de créer un lien avec la culture et l’histoire de leur famille au moyen de la langue. Encore aujourd’hui, nous parlons mandarin à la maison. Même si je suis trilingue, parler ma langue maternelle est une source de vitalité culturelle.

Même si mes petits-enfants maîtrisent moins bien le mandarin, j’ai choisi de leur enseigner des mots et des expressions dans ma langue maternelle. Les entendre répéter ces mots me fait chaud au cœur et, sans aucun doute, renforce les liens qui nous unissent. C’est là, chers sénateurs, le pouvoir des langues maternelles. C’est un outil de transmission de la vie culturelle entre le passé et l’avenir.

À mon avis, la portée du projet de loi va bien au-delà de la question de la langue. Pour les immigrants, il reconnaît un fait important : même si l’adaptation à la vie au Canada nécessite souvent l’apprentissage de nouvelles langues, pouvoir conserver et protéger sa propre culture unique est une partie essentielle de ce que signifie être canadien. Pour d’autres, comme les peuples autochtones, qui ont lutté sans relâche pour préserver leur langue dans des circonstances souvent très difficiles, cette journée honorera également leurs efforts soutenus.

Pour cette raison, je suis convaincu de la valeur de ce projet de loi. Étant donné que des dialectes et des langues s’éteignent tous les jours dans le monde, c’est une façon bien modeste d’honorer et de reconnaître symboliquement la diversité des langues maternelles au Canada. Je demande à tous les sénateurs de célébrer l’influence des langues maternelles et de soutenir cette mesure législative.

Merci, xie xie.

Son Honneur la Présidente intérimaire [ + ]

Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?

Des voix : D’accord.

(La motion est adoptée et le projet de loi, lu pour la troisième fois, est adopté.)

Haut de page